Ce lundi 17 mai est une nouvelle journée mondiale de lutte contre l’homophobie et les transphobies. Être rejetés du fait de son orientation sexuelle, c’est ce que vivent ces deux jeunes pris en charge à Besançon (Doubs).
Un appartement quelque part dans la ville. À Besançon, des jeunes y sont hébergés le temps nécessaire pour se mettre à l’abri ou repartir de bon pied après avoir souffert, parce que leur sexualité se conjugue au féminin, au masculin, ou parce que leur choix de vie les mène vers une identité transgenre. Dans cet appartement dont la confidentialité du lieu est préservée, sont pris en charge des jeunes de Bourgogne-Franche, du monde entier, certains viennent parfois d’autres villes de France pour s’éloigner d’une situation de souffrance ou de danger. A Besançon, la durée de séjour est de six mois en moyenne. La fondation Le Refuge fondée en 2003 héberge ainsi 213 jeunes en rupture familiale en France.
“Je n’ai jamais vraiment dit à ma famille que je voulais changer de sexe”
Solenn, 19 ans est hébergée actuellement par Le Refuge. “Je suis une fille trans, je suis née dans le corps d’un garçon et j’aimerais faire une transition complète, hormones féminines puis chirurgie” explique ce jeune adulte. Solenn a bien fait son coming-out. “Après une dispute mouvementée avec ma mère, qui l’avait pourtant bien pris au début, elle m’a mise à la porte… Je me suis dit autant partir de là, pour prendre l’air, pour reprendre ma vie en main” ajoute Solenn arrivée sur Besançon.
"Ils m’ont mis dehors", Rayane est homosexuel
Parmi les jeunes hébergés actuellement, Rayane témoigne. Homosexuel, il raconte le rejet familial, par son père, puis une tante qui le met dehors. “On me disait tout le temps, tu es gay, tu es gay...après, il y a eu d’autres conflits qui n’ont rien à voir avec ça, mais c’était pesant, après ils m’ont mis dehors” explique Rayane passé même par l’Armée du Salut.
Pour ce jeune de 19 ans, venu de Bordeaux, le rejet a commencé dès l’enfance au Sénégal où il a grandi. “J’avais déjà là-bas des insultes, on me traitait de pédé parce que je faisais le ménage, parce que j’aimais faire ce que les filles faisaient” raconte le jeune homme.
Au Refuge, entouré par des bénévoles, ces jeunes vont prendre le temps de se poser, d’être épaulés sur le plan social, psychologique, et professionnel. “On constate que le nombre de demandes ne faiblit pas depuis 18 ans. Il y a toujours des jeunes exclus de leurs familles à cause de leur sexualité qui ne rentre pas dans la norme” analyse Bruno Colard, délégué départemental du Refuge en Bourgogne-Franche-Comté. “Ces jeunes viennent de tous les milieux sociaux, aisés pour certains et ou la religion très présente, l’homosexualité ça ne passe pas. Les milieux ruraux ont du mal à nous contacter” constate le président du Refuge.
Pourquoi la journée contre l’homophobie est toujours le 17 mai ?
Le 17 mai 1990, l’OMS, l’organisation mondiale de la santé rayait l’homosexualité de la liste des maladies mentales. C’est en l’honneur de cette décision que Louis-Georges Tin, universitaire et militant contre l'homophobie et le racisme, a été à l’initiative, en 2005, de la Journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie.
Elle a lieu chaque année le 17 Mai dans plus de 60 pays, afin de sensibiliser, de lutter et d’alerter sur les nombreux abus contre les personnes homosexuelles à travers le monde.
Des pays condamnent encore l’homosexualité
Dans près de 80 pays, l'homosexualité est illégale : en Iran, en Mauritanie, en Arabie Saoudite, au Soudan, au Yémen ou aux Émirats Arabes Unis, elle est passible de la peine de mort. Dans d’autres États, c’est un crime qui conduit à la prison.
Aujourd’hui encore, dans l’espace public en France, au travail, à l’école, en cherchant un logement ou dans les soins de santé, les clubs de sport, les homosexuels continuent d’être considérés autrement pour ce qu’ils sont. Des hommes et femmes libres de choisir la sexualité qui leur convient.
En 2019, le ministère de l'Intérieur a recensé 1 870 victimes d'actes anti-LGBT contre 1380 en 2018 (1040 en 2017) soit une augmentation de +36%. Ces victimes sont majoritairement des hommes (75% en 2019) et des jeunes. 62% ont moins de 35 ans.