Infirmières libérales en colère : "Nos actes n’ont pas été réévalués depuis 15 ans"

Le Collectif des infirmiers libéraux en colère se mobilise à Besançon samedi 16 mars. Pénibilité, horaires, rémunérations... Deux infirmières libérales racontent leur quotidien et détaillent leurs revendications.

"On ne se sent pas reconnue à notre juste valeur." Le Collectif des infirmiers libéraux en colère, créé début 2023, veut faire entendre sa voix et sensibiliser la population. Il organise une session de tractage samedi 16 mars de 13h30 à 16 heures, au rond-point Simone-de-Beauvoir à Chateaufarine à Besançon. 

Parmi leurs revendications, les infirmières libérales demandent la revalorisation des actes qu'elles réalisent. "Ils n'ont pas augmenté depuis 2009, pourtant l’inflation est galopante et le prix du carburant a augmenté", explique Reine Simonin, membre du collectif et installée Aux Premiers-Sapins, à 30 kilomètres de Besançon. 

Un salaire variable 

L'infirmière, qui exerce depuis 25 ans, assure avoir perdu en pouvoir d'achat. Elle regrette que certains soins ne soient pas rémunérés. "Si je vais chez une personne pour trois actes différents, le premier sera payé entièrement, le deuxième à moitié prix, et le troisième pas du tout', détaille-t-elle. 

Une fois qu'elle a soustrait toutes les charges (cotisations, frais de carburants, achat de matériel...), Reine Simonin se paie en moyenne entre 2 500 et 3 000 euros nets par mois. "Mais ça ne reflète pas la rémunération de toutes les infirmières libérales", nuance Valérie Benderitter, membre du collectif des infirmiers libéraux en colère et organisatrice de la mobilisation de samedi. "Ça change tous les mois, il suffit qu'il y ait une baisse d'activité et on gagne moins." 

Entre 100 et 120 kilomètres par jour

Selon ces infirmières, l'augmentation du prix du carburant s'ajoute à leurs charges. Installée à la campagne, Reine Simonin parcourt entre 100 et 120 kilomètres par jour. Elle bénéficie d'une indemnité de 50 centimes par kilomètre. Mais sa collègue de Besançon, Valérie Benderitter, reçoit un forfait de 2,75€ par déplacement. Il a été augmenté de 25 centimes en janvier, "mais ça ne couvre pas l'augmentation des prix de l'essence ces dernières années", ajoute-t-elle. 

Ainsi, selon elle, certains actes ne sont pas rentables. "Un patient nous a appelé. Il avait fait huit cabinets, il n'arrivait pas à trouver une infirmière pour une toilette. C'est frustrant de dire non, mais on ne peut pas se déplacer, payer l'essence et faire 30 minutes de toilette pour 13 euros", illustre-t-elle. 

Une pénibilité non reconnue

Le Collectif des infirmiers libéraux en colère réclame aussi la reconnaissance de la pénibilité du métier, pour pouvoir partir plus tôt à la retraite. "On fait des mouvements répétitifs, on porte des charges lourdes, on a des horaires décalés, de nuit, le week-end", énumère Valérie Benderitter. 

Son emploi du temps est organisé en deux semaines. La première, elle travaille les lundis, mardis, vendredis, samedis et dimanches. La suivante, elle assure le service les mercredis et jeudis (et parfois les mardis matin). Reine Simonin s'organise autrement. Elle est sur le pont sept jours d'affilée puis se repose pendant sept jours en alternance avec sa consœur au cabinet.

Pendant les jours travaillés, elles commencent la tournée du matin vers 6h30 puis reviennent vers 13 heures. L'après-midi, elles repartent de 16h30 à 19h30 environ. Elles utilisent le temps de midi pour faire des tâches administratives, rappeler des patients, préparer les semainiers... Les deux femmes assurent que, lissés sur le mois, leurs horaires correspondent à un temps plein, "voire même plus", selon Valérie Benderitter.

De lourdes responsabilités

Elles témoignent notamment de la charge mentale et des responsabilités qui pèsent sur leurs épaules. "On a affaire à la famille, au médecin traitant, on gère des rendez-vous à l'extérieur, au CHU par exemple, on doit expliquer les ordonnances, rappeler le service ou le médecin quand il y a une erreur", liste Valérie Benderitter. "On a une vraie pression vis-à-vis de tout ça."

De son côté, Reine Simonin s'inquiète pour l'avenir. "On parle d'une volonté de laisser les personnes à domicile, mais il n'y a pas politique. Une personne âgée a besoin d'aide pour les repas, le ménage. Mais les organismes n'arrive pas à recruter d'aides à domicile. Parfois, j'arrive chez une personne, et elle n'a pas eu à manger, je dois lui faire le repas." 

Face aux "lourdeurs administratives", la soignante réfléchit même à sauter le pas : "J’habite à quelques kilomètres de la frontière, parfois, on se dit pourquoi pas partir exercer en Suisse."



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