INSOLITE. Ancien couvreur, Laurent cultive maintenant des champignons dans les caves du centre-ville de Besançon

Depuis plus d'un mois, Laurent Godot a installé sa "champignonnière" en plein centre-ville de Besançon (Doubs). Plus précisément en dessous. Dans deux caves situées sous la place de la Révolution, l'ancien couvreur de 46 ans cultive des pleurotes et des shiitake dans une démarche écologique qui lui tient à cœur. Exemple d'une reconversion insolite.

Qui a dit qu'on ne pouvait pas vivre de l'agriculture bio en plein centre-ville de Besançon ? Ce défi, c'est celui de Laurent Godot. À 46 ans, l'ancien couvreur a décidé de se reconvertir et de monter un tout nouveau projet professionnel : une production de champignons sous la cité bisontine.

Et le pari est en passe d'être réussi : depuis un mois et demi, le myciculteur en herbe produit ainsi ses propres pleurotes et shiitake et a fondé son entreprise : "Champignons de la Boucle".

Habitué à passer ses journées sur les toits, en hauteur, le quarantenaire travaille désormais dans deux caves de 50 m2 situées sous la place de la Révolution, rue des Boucheries, à deux pas du Doubs. Un changement drastique accéléré par un coup de pouce du destin. "Je pensais à quitter mon métier quand, il y a deux ans, ma femme a hérité de ses deux caves" explique le myciculteur. "Je suis issue de Haute-Saône, d'une famille de paysans. J'ai toujours eu ce lien avec l'agriculture et j'avais envie d'y retourner. J'ai alors pensé à la production de champignons pour plusieurs critères".

"Ce métier correspond à mes valeurs"

Lesquels s'il vous plaît ? "D'abord, il y a eu une réflexion pratique par rapport à l'espace que j'avais. Je voulais valoriser ces espaces vieux de plusieurs siècles" avoue Laurent. "Et puis, nous sommes ici dans un espace frais, avec une humidité amenée par le Doubs et la possibilité de rajouter une source de lumière". Humidité-fraîcheur-lumière, les conditions nécessaires à la bonne pousse des champignons. Mais l'ancien couvreur s'est aussi lancé pour d'autres raisons.

Pour moi, c'est une activité idéale pour la société vers laquelle on veut tendre. D'abord, je n'empiète sur aucune terre agricole, urbaine ou naturelle. De plus, c'est une activité écologique qui ne nécessite ni engrais ni pesticides. Cela correspond totalement à mes valeurs.

Laurent Godot,

micyculteur au centre-ville de Besançon

Autre raison qui a convaincu Laurent, les atouts de ses champignons. "Les shiitake ont des vertus médicinales" continue Laurent. "Tandis que les pleurotes, riches en protéines, sont des aliments qui peuvent très bien remplacer la viande". Voilà la théorie, place maintenant à la pratique.

Désormais installé, Laurent nous explique son quotidien. "Je reçois toutes les trois semaines 70 ballots solides constitués de mycélium (ensemble de filaments qui forment la partie végétative des champignons, NDLR) mélangés à de la paille et de la sciure de bois" détaille-t-il. "C'est la base de ma production. Ensuite, je les laisse trois semaines sur mes étagères, et le champignon peut pousser et se développer en grappe".

Ensuite, chaque ballot peut être récolté trois fois, avant d'être recyclé en servant de paillage pour des maraîchers. "J'ai essayé de constituer un cercle vertueux" sourit Laurent. "Avec une production bio et écologique jusqu'au bout". Mais question importante, après un mois et demi d'activité, ce nouveau concept porte-t-il ses fruits ?

Économie circulaire et ventes en circuit court

"Au niveau des quantités, je suis à environ 50 kilos de champignons vendus par semaine" explique Laurent. "J'essaye d'écouler mes produits en circuit court, pour rester dans la logique de ma démarche. Je fournis une dizaine de restaurants locaux, des épiceries et je fais aussi les marchés de Besançon". Le myciculteur propose également un créneau de vente directe, dans ses caves, tous les vendredis de 16h à 18h.

Mais pour l'instant, je ne reçois pas beaucoup de monde. Il faut se faire connaître. Au niveau de mes ventes, il faudrait que j'arrive à 70-80 kg pour rentrer dans mes frais et que cela soit rentable.

Laurent Godot,

micyculteur dans le centre-ville de Besançon

Le myciculteur continue donc à apprendre et ne se décourage pas. "Ce n'est pas pour gagner de l'argent que j'ai fait ce métier" affirme-t-il. "J'ai réussi à valoriser un espace urbain avec une activité dans laquelle je me retrouve, j'en suis déjà heureux". Et les projets ne manquent pas.

Laurent Godot continue ainsi à aménager ses deux caves pour pouvoir agrandir sa champignonnière. Il réfléchit également à mettre en place différents ateliers ludiques sur la culture des champignons. "Ce serait super de retisser un lien entre la ville, les citadins, et l'agriculture". Une reconnexion à la nature qui ne peut être que bénéfique. Longue vie aux "champignons de la Boucle". 

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