Interdiction de l'abaya à l'école : réelle atteinte à la laïcité ou simple "mode" ?

Faut-il interdire l'abaya en milieu scolaire ? Ce vêtement traditionnel, porté par certaines femmes dans certains pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, est-il religieux ou culturel ? Le débat est lancé.

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Il y a encore quelques mois, beaucoup de Français ignoraient son nom. L'abaya. Un vêtement traditionnel, couvrant le corps des femmes dans certains pays musulmans. Il ne devrait plus avoir droit de cité dans les établissements scolaires français, où il est parfois porté. C'est ce qu'a annoncé dimanche 27 août le nouveau ministre de l'Éducation Gabriel Attal. Une mesure qui suscite le débat et qui divise, au sein même de la gauche.

"C'est quelque chose qui contrevient au principe d'égalité entre hommes et femmes"

Au-delà du débat que suscite cette mesure, c'est la nature de ce vêtement qui ne fait déjà pas l'unanimité. Simple style vestimentaire ou vêtement culturel pour certains, signe d'appartenance religieuse pour d'autres.

Pour la députée Les Républicains du Doubs Annie Genevard, l'abaya est bien une "manifestation religieuse ostensible qui vise à couvrir le corps des femmes", "qui contrevient aux principes qui président la société française, à savoir l'égalité entre les hommes et les femmes".

"L'abaya n'est pas un vêtement directement lié au culte musulman, mais "à une culture", nuance sur France info Anne-Laure Zwilling, anthropologue des religions au CNRS sur France info. "Qu'elle soit portée pour des motifs religieux, c'est autre chose". 

Vêtement religieux ou mode ?

Mais si certains considèrent l'abaya comme un signe religieux, est-ce le cas de toutes celles qui le portent ? "Comment différencier une abaya d'une mode de vêtements ?", s'interroge le député La France Insoumise du Territoire de Belfort Florian Chauche. "Cela va être compliqué pour les chefs d'établissements de définir ce qu'est une abaya".

Pour la députée Les Républicains Annie Genevard, il s'agit au contraire d'une clarification face à un phénomène qui plaçait les chefs d'établissement dans une position "inconfortable". "Aujourd'hui, les chefs d'établissement sont livrés à eux-mêmes dans l'appréciation des situations et c'est très inconfortable", assure cette ancienne professeure.

L'abaya : un sujet "paratonnerre" ? 


Le problème des atteintes à la laïcité sera-t-il pour autant réglé ? "Même si je ne nie pas l'importance de réfléchir au positionnement de certains élèves par rapport aux valeurs de la république et la laïcité" et à la "remise en cause de ces principes par certains (...), ce serait réducteur de réduire ce débat au port de l'abaya", analyse de son côté Nathalie Faivre, représentante du syndicat SNES dans le Doubs. 

Quelle est d'ailleurs la réelle ampleur du phénomène ? Difficile de le savoir. Des données existent au niveau national. Une note des services de l'Éducation nationale fait état de plus de 4 700 signalements en 2022-2023 pour des cas de port de signes ou de tenues religieuses, soit une hausse de 150% par rapport à l'année précédente. Une hausse qui peut être aussi liée au fait que les directeurs d'établissement signalent davantage ces situations. En Franche-Comté, pas de chiffres. Le rectorat de l'Académie de Besançon n'a pas souhaité communiquer.

Pour Nathalie Faivre, le thème de la laïcité est avant tout utilisé comme "paratonnerre" pour ne pas parler des nombreux autres problèmes au sein de l'éducation nationale : "la promesse de début de carrière à moins de 2000 euros n'est toujours pas connue", un métier "qui n'attire plus" avec "3000 postes restés vacants en France, 1er et second degré confondus, "des programmes lourds et pas adaptés", "le contrôle continu qui persiste" et "le problème des remplacements de profs au pied levé alors qu'on manque de profs.

"Il y a des problèmes beaucoup plus importants à gérer à l'école", abonde Florian Chauche, député La France Insoumise, qui cite notamment les "professeurs pas remplacés", ou encore Parcoursup et ses "80 000 jeunes sans affectation" (début juillet). Et de tacler le gouvernement : "Ce qui serait bien si on veut parler de laïcité, c'est aussi de parler des subventions de l'État accordées aux écoles privées" ou bien "des cours de catéchisme qui existent encore dans les écoles publiques d'Alsace et de Moselle", deux régions sous occupation allemande lors du passage de la loi de 1905. 

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