“J’essaie, mais je ne suis pas instit” : en Franche-Comté, les parents dépités à l’annonce de la fermeture des écoles

Alors que le président a annoncé la fermeture des écoles pour 3 semaines à partir du lundi 5 avril, en Franche-Comté, les parents d’élèves ont dû s’organiser. Qu’ils télétravaillent ou non, pour beaucoup, l’équation relève du casse-tête.

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Lorsqu’elle répond à notre appel à témoignage, c’est par ces mots que Céline G. fini son message : “signé Céline, une maman au fond du trou, même si j’adore mes enfants”. L’annonce de la fermeture des écoles, cette employée de banque à Vesoul s’y attendait, tout autant qu’elle l’appréhendait. “Je vais être en télétravail, maman célibataire, et en même temps maitresse d'école” explique cette mère de deux enfants, de 8 et 10 ans, “j'ai déjà vécu ça et c'est pas simple”. “Le premier confinement, c’était catastrophique, et à la fin on allait presque se taper dessus” se souvient-elle. “L”école nous demandait de faire deux heures le matin et deux heures l’après-midi” raconte-t-elle, “c’était pas jouable”. Pourtant, la Haut-Saônoise était très organisée : “Je prenais bien une heure et demie le soir à tout préparer, à mettre les exercices au propre. Ils avaient un gros classeur, je leur disais, vous avez tout à faire, je travaille, et on se voit ce soir”. Une méthode qui lui permet de réussir à travailler, mais qui lui demande beaucoup de temps, en relecture également. S’ajoute à ces souvenirs épineux une crainte : “Je trouve que mon employeur est moins conciliant”. Au premier confinement, même si elle n’a pas pu en profiter, certains ont pu garder leurs enfants en conservant leur niveau de salaire. La possibilité n’existe plus cette fois-ci. 

Et le niveau scolaire des enfants ?

 

Sophie J., vendeuse dans une boucherie charcuterie, s’inquiète également de devoir à nouveau gérer les cours de ses enfants : “je ne suis pas institutrice, j’essaie après le boulot de bien faire mais on peut pas être partout.” Le père de ses trois enfants, scolarisés en 6e, 5e et Terminale, est routier. Elle, en tant que vendeuse dans un commerce essentiel, ne s’est jamais arrêtée de travailler, et “financièrement, je ne peux pas me le permettre”. Sans aide extérieur, il va donc falloir faire confiance à ses jeunes adolescents pour qu’ils suivent leurs cours, et faire de son mieux après sa journée de travail pour les accompagner sur ce qu’ils n’auront pas compris. Une grande source d'inquiétude pour elle.

 

 

 

Encore une année de foutue

Sophie J., maman de trois enfants, dont un en difficulté scolaire

 

“Pour moi, c’est une catastrophe”, avoue-t-elle, “ça va encore être un échec scolaire pour mon enfant qui a des difficultés”. Son cadet, scolarisé en 5e sgepa, “il a des gros problèmes scolaires, il a besoin de soutien, je ne peux pas le laisser en autonomie”. “Je suis dépitée”, lâche-t-elle. Son aîné, qui doit passer le bac cette année, arrive à travailler seul, mais il monopolise le seul ordinateur de la maison. “On lui donne la priorité car il est en terminale”, explique-t-elle. Elle a demandé à l’établissement de ses enfants s’ils pourraient bénéficier d’un prêt de matériel, mais elle reste pour l’instant sans réponse. Si les enfants scolarisés en primaire et en maternelle ne manqueront que trois jours de cours, “pour les collèges et les lycées, c’est jusqu’au 3 mai” s’inquiète-t-elle.

“Hier, je me disais, qu’ils vont être considérés comme une génération d’idiots” confesse Amandine M. Cette maman de deux enfants, de 14 et 3 ans, ne cache pas ses craintes. “Le trimestre dernier déjà, ils ont été jugés sur ce qu’ils ont fait à la maison…”, dit-elle, “on va leur dire, vos années, c’est donné, on vous l’a donné”. Elle doute que la fermeture des établissements scolaires ne soit que jusqu’au 26 avril pour la primaire, et au 3 mai pour les collèges et lycées. Aide-soignante près de Pontarlier, elle doit continuer à travailler, de nuit. “Travailler de nuit, gérer les temps de sommeil et les devoirs, c’est très, très compliqué”, explique-t-elle. Pour l’instant, sa petite commune ne prévoit pas de prendre en charge sa fille. Son mari, travailleur frontalier, ne peut pas non plus s’arrêter, alors ce sera “système D, avec la famille”.

Des séjours chez les grand-parents

C’est peut-être la grande différence avec le premier confinement : la famille, et en particulier les grand-parents, vont être mis à profit par de nombreux parents. Parfois, parce que c’était prévu pour les vacances, comme ce sera le cas pour les enfants de Céline G, d’autres fois car la solution s’est imposée.

Emilie R, cheffe d’une entreprise d’aide à domicile dans le Doubs, n’avait pas vraiment le choix pour sa fille de 8 ans : “je suis cheffe d’entreprise et lui est ambulancier”, expose-t-elle, “je pourrais la garder au bureau, mais ça ne serait pas une vie pour elle”. D’autant plus que sa fille est ashmatique sévère. “Le pollens c’est déjà tellement dur, le covid je n’imagine même pas pour elle” confie-t-elle. Alors, pour éviter de l’exposer dans son entreprise, c’est chez les parents de son mari qu’elle va l’emmener : “Nous n’avons pas le choix, nous confinons notre fille chez ses grand-parents dans la Creuse”, dit-elle, “je vais faire 1.000 kilomètres pour la mettre en sécurité, et pouvoir assurer sur le terrain”. Impossible en effet de s’arrêter, car son entreprise, en prenant en charge les patients en sortie d’hospitalisation, permet de désengorger les services covid. “On est obligés de prendre sur nous, mais on a pas le choix”, résume-t-elle, résignée.

 

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