Lilou, désormais âgée de 18 ans, publie une lettre ouverte dans laquelle elle dénonce les agissements de son grand-père, entrepreneur dans la région de Besançon. Le parquet de Besançon a requis un non-lieu. Elle "crie au scandale". Explications.
Mercredi 20 septembre, la Ciivise, Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, rendait public son bilan après avoir lancé un appel à témoignages en septembre 2021. On découvre dans son rapport que 160 000 enfants sont victimes chaque année de violences sexuelles. "Qui comprend vraiment à quel point, pour les victimes de violences sexuelles dans leur enfance, être écoutées, crues, respectées répond à un besoin vital ?", interroge la Ciivise. Cela fait écho à l'histoire de Lilou, rapportée par nos confrères de France Info, ce 22 septembre.
La jeune femme de 18 ans a dénoncé il y a trois ans les agissements présumés de son grand-père paternel, un entrepreneur de la région de Besançon. Elle l'accuse de viols et l'explique dans une lettre. "Juste après avoir parlé à mes parents, on a fait une réunion avec les membres de ma famille à l’issue de laquelle il a reconnu que tout ce que j’avais dit était vrai. Toute ma famille est au courant que c’est un violeur, et maintenant, c’est à la justice de le dire. Alors, je vais me battre, pour que toute la vérité soit faite", détaille-t-elle.
"Pas d'indices graves et concordants"
Lilou, soutenue par ses parents, dénonce l'inaction de la justice et le manque d'écoute des interlocuteurs qu'elle a rencontrés. "Je crie au scandale", dit-elle, jugeant la procédure "bâclée". "La justice, l’enquêteur, la juge, me disent qu’ils sont là pour m’écouter, pour m’entendre. Mais c’est faux. J’ai beau le répéter, et le répéter, je n’arrive pas à me faire entendre, à me faire comprendre", écrit la jeune femme sur France Info. Elle termine son courrier par cette phrase, en s'adressant directement au président de la République Emmanuel Macron : "J’en appelle au président de la République, Emmanuel Macron, vous qui avez, début 2021, affirmé : "On est là, on vous écoute, on vous croit, et vous ne serez plus, jamais seuls". En tout cas, Monsieur Emmanuel Macron, je pense qu’à Besançon, ils ne vous ont pas entendu." Son grand-père dénonce quant à lui une manipulation de la part des parents, pour obtenir de l'argent, sur fond de conflit familial.
Le parquet de Besançon, en charge de l'instruction du dossier, a requis un non-lieu dans cette affaire. Joint par France 3 Franche-Comté, le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, précise que l'homme mis en cause "a été placé sous le statut de témoin assisté par le juge d'instruction, qui a considéré qu'il n'y avait pas d'indices graves et concordants". "Ce qui est rare", ajoute-t-il. Il explique qu'il s'agit d'un "dossier complexe" puisque le mis en cause est très crédible dans ses dénégations et que le père de la plaignante se trouve dans un conflit majeur de succession avec son père. "En l'absence de certitude, j'ai requis un non-lieu", conclut-il. La décision finale dans cette affaire devrait intervenir dans les semaines qui viennent.