Lapin, poule et cochon-dinde pour soutenir les enfants malades du CHU de Besançon

Tous les vendredis matin, des animaux s'invitent au service pédiatrie du CHU de Besançon (Doubs). L'objectif pour eux, recevoir des câlins et apporter du bonheur aux enfants du service.

“Je crois qu’il a le cœur qui fond. Il aimerait trop en avoir un à la maison”, sourit la maman. Et Gabin de répondre : “Non, je veux celui-là ! Je te paye 500 balles si tu veux”, propose en blaguant l’enfant de 7 ans à Émilie Hienne, intervenante en médiation animale au CHU de Besançon, tout en caressant la lapine Cibelle.

Ce vendredi 9 février 2024, dans une salle du service pédiatrie de l’hôpital, on peut voir une chienne, une lapine, une poule et un cochon-dinde se balader sur une grande table. Pendant 40 minutes, tous les vendredis depuis le mois d’octobre, un groupe de quatre à cinq enfants profitent des animaux. Ils les caressent, les prennent dans leur bras et leur donnent à manger. Ce projet reçoit le soutien financier de l'association CéKeDuBonheur. 

“J’ai trouvé ça excellent parce que souvent à l’hôpital, on s’ennuie, on est malade. Et là, vraiment, on peut s’amuser, ne plus penser à sa malade et c’est vraiment cool”, témoigne Gabin. Pour Nora, sa maman, le pari est réussi : “C’est une super initiative. Je pense qu’il n’a pas vu passer les 40 minutes et ça leur permet de prendre soin des autres aussi. À l’hôpital, on prend beaucoup soin de nous et que les enfants puissent prendre soin des animaux, je trouve ça vraiment super”.

Un bonheur pour les petits comme pour les grands 

Cette activité est aussi une parenthèse pour les parents. “On voit les bénéfices pour l’enfant et pour les parents en termes de diminution d’anxiété et de bien-être”, assure Cécile Reydellet, cadre infirmière. Selon elle, cette activité apporte aussi de la plus-value au personnel soignant et aux éducatrices : “Ça diversifie notre activité et ça nous permet de mettre un peu de sens dans notre travail”. 

Pour Méline, 13 ans, comme pour Lizanne, 14 ans, qui connaissent de longues hospitalisations, la médiation animale est le petit plus de la semaine : “Ça apporte de la tendresse, les animaux sont trop chous”, sourit Méline. Et Lizanne d’ajouter : “C’est la meilleure activité. Il y a des animaux différents toutes les semaines. Ça fait du bien”. 

“Ils ont quelque chose en plus, ils facilitent le lien naturellement. Quand il y a des animaux, c’est plus facile d’interagir entre humains”, assure Émilie Hienne de Anim’O-tive. L’intervenante en médiation animale se déplace dans divers types de structures : “Ça peut être en maison d’accueil spécialisée, en Ehpad, auprès des personnes âgées et en centre de rééducation”. Concrètement, il s’agit pour elle de faire le lien entre des personnes en situation de fragilité et des animaux qui sont éduqués et adaptés. 

“Ce ne sont plus des patients, mais des soignants”

Selon les publics, les objectifs ne sont pas les mêmes. Au CHU, avec les enfants, l'objectif principal est de proposer un moment d’évasion et d’apporter du réconfort. “Le but, c’est qu’une fois que les enfants rentrent dans la salle, ce ne sont plus des patients, mais des soignants. Ce sont eux qui prennent soin des animaux. On inverse complètement les rôles et on sort du contexte hospitalier”, explique Émilie Hienne.

Chacun de ses animaux possède sa spécialité. Certains animaux n’interviennent notamment qu’en Ehpad, d’autres qu’au CHU. Bichette, la poule, adore les enfants : “Elle est très avenante. Quand ils lui donnent à manger, elle va prendre délicatement dans la main donc elle fait attention”. Bichette s’adapte à son environnement. Par exemple, elle ne se comporte pas de la même manière dans le poulailler.

Pour faire cette activité, les animaux ont besoin d’être formés. “Il faut leur apprendre à être transporté, à être adapté aux séances”, précise l’intervenante. Parfois, malgré l’apprentissage, certains animaux ne sont pas faits pour la médiation : “J’ai des animaux qui restent à la maison et qui ne viennent jamais aux séances parce qu’ils n’aiment pas le contact”. 

Un effet thérapeutique 

Émilie Hienne a pu voir comment ses animaux pouvaient aider des personnes fragilisées. “Cela arrive qu’une personne se mette à parler alors qu’elle ne le faisait plus depuis des années, notamment en unité Alzheimer. En CHU, il arrive que des enfants arrivent les yeux pleins de larmes. Ils ne se sentent pas bien et quand ils ressortent de séances, ils ont le sourire”, raconte-t-elle. Pour elle, ses réactions représentent l’aboutissement du projet : “C’est ce qu’on attendait”.

C’est un pédopsychiatre américain, Boris Levinson, qui fut d’ailleurs le premier à parler du rôle d’apaisement social que peut jouer l’animal envers l’humain. Cela se ferra par hasard, grâce à son chien. Le médecin s’occupait alors d’un enfant autiste nommé John et dont les parents ne savaient plus que faire. Quand il les reçoit, il ne se rappelait alors plus que son chien était encore dans son cabinet. Dès que le couple entre, le chien se dirige vers l’enfant, le renifle et le lèche. C’est la surprise totale. L’enfant, alors replié sur lui-même et refusant toute communication avec le monde extérieur, va se mettre à parler avec le chien. Il demandera même à revenir pour le voir. 

Les animaux permettraient aussi aux personnes seules de vieillir en meilleure santé, selon une étude, publiée mardi 26 décembre 2023. Vivre avec un animal de compagnie retarderait le déclin de la mémoire ainsi que le déclin de nos capacités d’élocution.

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