Législatives 2022 : le boulanger Stéphane Ravacley en tête devant Eric Alauzet dans la 2e circonscription du Doubs, rien n'est gagné pour autant

Le boulanger de Besançon arrive en tête du premier tour des élections législatives de la 2e circonscription du Doubs. Stéphane Ravacley, candidat sans étiquette investi par la Nupes sous les couleurs d'EELV, devance de 465 voix le député sortant de la majorité présidentielle, Eric Alauzet.

"Vu le tapage médiatique autour de Stéphane Ravacley, je m'en sors pas mal" estime le député sortant de la majorité présidentielle Eric Alauzet. Effectivement, la presse nationale a largement repris la première place du boulanger de Besançon lors de ce premier tour. 

Être en ballotage défavorable ne semble pas perturber l'élu de la 2e circonscription du Doubs. "J'ai rempli mon objectif pour le premier tour. Je suis sur la rampe de lancement pour le second" assure le candidat à un 3e mandat sur cette circonscription du Doubs. 

Les deux "finalistes" pour ce second tour du dimanche 19 juin vont arpenter ces jours-ci la deuxième circonscription pour convaincre de voter pour eux. Cette circonscription est composée de trois cantons urbains (Besançon est, Nord-est et sud) et de trois cantons plus ruraux (Ornans, Marchaux et Roulans).

L'écart se resserre

Avec 13.112 voix, Stéphane Ravacley, le candidat de la gauche (PS/PCF/LFI/EELV/Générations) rassemblée au sein de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) aurait déjà fait le plein des voix de gauche.

En 2017, Eric Alauzet était arrivé en tête avec 16.894 voix (42,43%) en ballotage très favorable devant Ludovic Fagaut LR (20.98%). LFI et le PCF, disqualifiés pour le second tour, avaient obtenu 7.675 voix au premier tour des législatives dans cette circonscription. 

Pour le 1er tour de la présidentielle de 2022, les voix cumulées de LFI, EELV, PCF, PS totalisent 20.405 voix (33,69%) et celles accordées à Emmanuel Macron 17.617 voix (29,08%).  

Lorsqu'on l'interroge, le député sortant se défend de calculer les reports de voix possible en sa faveur. "Je ne raisonne pas trop comme cela" précise-t-il. En revanche, il estime avoir rempli son objectif du premier tour en comblant l'écart entre la majorité présidentielle et les partis de gauche, du 1er tour de la présidentielle.

En clair, Eric Alauzet a amélioré le score de la majorité présidentielle (31.36% ce dimanche 12 juin au lieu de 29,08% pour Macron en mars dernier) alors que la gauche, rassemblée sous la houlette de Stéphane Ravacley, recueille ce 12 juin 32.51% contre 33,69% au premier tour de la présidentielle.

Le mystère des reports de voix

Que va-t-il se passer dimanche prochain ? Que vont faire les électeurs du candidat du Rassemblement National Eric Fusis (17,49%) et de la candidate LR Chafia Kaoulal (10,80%) ?

Invitée sur le plateau de France 3 Franche-Comté, Chafia Kaoulal n'a pas donné de consigne de vote pour le second tour. La Républicaine demande juste "aux abstentionnistes d'aller voter". Relancer par notre confère Jérémy Chevreuil, Chafia Kaoulal admet tout de même : "On n'a jamais donné de consigne de vote pour les extrêmes."

Stéphane Ravacley, lui aussi sur notre plateau, précise "Je ne suis pas d'extrême-gauche. Je suis socialiste-vert. Je suis l'addition des gauches". Le boulanger est bien décidé "à se battre comme des lions et des lionnes en retournant sur le terrain pour aller chercher les abstentionnistes."

L'artisan botte en touche quand on évoque sa médiatisation en France et à l'étranger. "Ce n'est pas moi qui appelle les journalistes à venir me trouver." Stéphane Ravacley s'est taillé une stature nationale après avoir obtenu la régularisation de son apprenti guinéen, au prix d'une grève de la faim de dix jours l'an dernier. Un engagement humanitaire renouvelé en organisant un convoi humanitaire pour l'Ukraine. 

L'argument anti-Macron

Sur les marchés, les militants du Rassemblement National évoquent largement un vote "contre les pleins pouvoirs donnés à Macron" pour attirer des électeurs. Un argument également entendu dans les rangs des militants de la Nupes. "Je ne fais pas de l'anti-Macron, estime Stéphane Ravacley. Mais, je demande plus d'humanité". Tout en voulant s'adresser à "ceux qui sont mécontents de ce qui arrive depuis cinq ans". L'argument anti-Macron va-t-il pousser certains électeurs à passer d'un bord à l'autre de l'échiquier politique dimanche 19 juin ?

Programme contre programme

Décidé à faire du porte à porte toute cette semaine de l'entre deux tours, Eric Alauzet veut "s'adresser à tout le monde" et "puisque le sport national est de tomber sur Macron, poursuit le député sortant, je vais expliquer les dangers du programme de Jean-Luc Mélenchon. 50-50. La balle au centre ! "

Alors que Stéphane Ravacley veut "arrêter avec le désespoir que l'on a en France. Chaque mois, à partir du 10, des personnes n'ont plus rien à manger"; son adversaire politique, lui, dénonce le financement du programme de la Nupes. "C'est comme si vous aviez un revenu mensuel de 2000 euros et vous dépensiez 3000 euros tous les mois. Cela ne va pas durer longtemps" assure le soutien de la majorité présidentielle. 

Œil pour œil, dent pour dent, la campagne de l'entre deux tours des deux candidats de la 2e circonscription du Doubs sera dense.