En France, la pauvreté s’aggrave et les femmes et les enfants en sont les premières victimes, alerte le Secours catholique dans son rapport annuel 2023 publié mardi 14 novembre.
Inflation. Crise de l’énergie. Bas salaires. Chômage. Divorce. Maladie. Exil. Les causes de la pauvreté en France sont multiples. En 2022, le Secours catholique a accueilli un million de personnes, qui ont bénéficié d’aide alimentaire ou d'un accompagnement social.
Le revenu médian des personnes accueillies par l'association était de 538 euros par mois en 2022. Cela représente un budget de 18 euros par jour pour un ménage. Ces personnes ont pour survivre moins de la moitié du seuil de pauvreté, estimé par l'association en 2022 à 1.211 euros mensuels.
La précarité se conjugue trop souvent au féminin
Parmi les personnes accueillies par le Secours catholique, les ménages composés d'un seul adulte sont surreprésentés (75%). Il s'agit surtout de mères isolées (25,7%) et de femmes seules (20,9%).
En Franche-Comté, l’association a accompagné, en 2022, 6.800 ménages, 17.000 personnes. Un chiffre qui n’évolue guère, mais Antoine Aumônier, délégué du Secours Catholique dans la région, constate que les pauvres sont de plus en plus pauvres. “Il y a une féminisation de la pauvreté. Et cela s’accentue en 2023". Les exemples ne manquent pas. “Il y a des femmes âgées en milieu rural qui ne s’en sortent pas avec 961 euros de minimum vieillesse. Le pouvoir d’achat se transforme pour elles en pouvoir de survivre” dit-il.
Les jeunes femmes souffrent aussi de la précarité. Le nombre de familles monoparentales augmente. Dans le secteur de Belfort-Montbéliard, elles sont passées de 8 à 12%.
Ce qui augmente c’est l’intensification de la pauvreté. Ce sont toujours les mêmes personnes et leur situation s’aggrave. On le voit avec les femmes. Notamment les mères isolées pour lesquelles les aides ne suffisent pas. Elles ont des contrats précaires pour s’occuper des enfants. Les aides, les allocations ne suffisent pas pour ces femmes.
Antoine Aumonier, délégué Secours catholique en Franche-Comté
La précarité féminine a régulièrement augmenté ces dernières décennies, alors que la pauvreté touchait de façon égale hommes et femmes jusqu'au début des années 2000, constate le Secours catholique. En France, les femmes représentent désormais 57,5% des personnes rencontrées par l'association, contre 52,6% en 1999.
“On ne peut pas lutter contre la pauvreté avec des aides, mais des revenus”
Pour le Secours catholique, la lutte pour aider les plus pauvres passe par un minimum garanti autour de 900-1000 euros par mois. Et des hausses de rémunération pour les travailleurs, une revalorisation du SMIC et du RSA. 17% des personnes qui ont un travail ont recours au soutien du Secours catholique.
L’association comtoise s’attend à voir de nouvelles personnes la solliciter du fait des difficultés des Restos du Cœur qui refusent dorénavant certaines inscriptions. “Le levier pour sortir de la précarité, c'est de donner du temps pour l’écoute, pour sortir de l’isolement” assure Antoine Aumonier. Ne pas rester seul et s’entraider. Dans le Doubs, l’association a analysé les demandes des bénéficiaires, ils sont d’abord venus chercher une oreille, une épaule avant de solliciter une aide de vêtements ou de denrées alimentaires.