"Notre rue devient infernale" : après des travaux d'aménagement, 3.500 voitures passent chaque jour dans leur ruelle à Besançon

Depuis quelques mois, les riverains de la rue du Clos-Munier à Besançon (Doubs) se sentent envahis par le trafic automobile et les bouchons. En cause, une modification du plan de circulation des abords des avenues de Montrapon et Léo Lagrange.

"Ma rue était tellement bien, et maintenant, elle est devenue invivable". Au téléphone, la voix d'Annie Chuard-Tessereau frémit. Cette ancienne médecin à la retraite peine à cacher son émotion. "Je dors mal, j'appréhende le lendemain matin". 

Depuis le début du mois d'octobre, la riveraine du Clos-Munier, dans le quartier Montrapon à Besançon, ne reconnaît plus la paisible impasse où elle vit depuis plus de 30 ans. "Le bruit, la pollution, c'est horrible" explique la retraitée. Aux heures de pointes, les véhicules s'alignent derrière le feu rouge au croisement de l'avenue Montrapon, et les bouchons se succèdent au fil des vagues de travailleurs. 

Dans cette petite rue passe maintenant 3.500 véhicules par jour, on a compté.

Annie Chuard-Tessereau, riveraine du Clos-Munier à Besançon

Un changement du plan de circulation bouleverse le trafic routier

"On a eu un embouteillage monstre qui s’est passé dans la rue, et on s’est demandés ce qui se passait ?" se souvient-elle. "On se disait 'c’est pas possible', et certains ont appris qu'il y avait des travaux, rue Weiss". Cet axe parallèle à sa ruelle, qui permet de relier l'avenue Léo Lagrange à l'avenue Montrapon, est coupé à la circulation pour créer une double piste cyclable. Une partie importante de son trafic se reporte sur le Clos Munier. 

"On s'est dit 'c'est les travaux', mais après on a compris que non, ça resterait comme ça". Car si la rue Weiss n'est plus coupée, elle est désormais à sens unique, dans le sens Avenue Montrapon - Stade Léo Lagrange.

"L'objectif premier est de rendre plus verte, et c'est très bien, mais ça a créé un monstre dans notre rue" s'agace Ugo Berardi. Ce producteur de spectacle, père de deux enfants de 4 et 6 ans, voit d'un œil inquiet la file de voitures qui stagne devant sa résidence. "Ça augmente le risque d'accidents" explique-t-il, soulignant que les trottoirs dans leur rue sont particulièrement étroits. "Je suis toujours en train de faire extrêmement attention à ce que mes enfants ne soient pas trop près du trottoir'".

Lorsque les bouchons ne bloquent pas la rue, c'est la vitesse de circulation des véhicules qui inquiète le père de famille. "C’est une ligne droite avec un feu au fond. Les gens foncent à 70km/heures pour avoir le feu, les trottoirs sont trop petits, la rue n’est pas sécurisée alors qu’il y a une école" témoigne-t-il. Le sens unique est limité à 30 km/heures, mais le panneau qui l'indique serait peu visible, selon lui.

Annie Chuard-Tissereau dit avoir observé une augmentation sensible des incivilités. "Pratiquement tous les gens, qui vont avoir le feu rouge, passent au rouge, parce qu’ils ont tellement attendu qu’ils en ont marre" dit-elle. Selon les riverains, aux heures de pointe, il faudrait patienter 6 à 7 minutes pour parcourir les 250 mètres du Clos Munier.

Difficile dialogue entre les riverains et la municipalité

Désemparée face au trafic routier, une quarantaine de riverains a rapidement cherché à contacter la mairie et l'agglomération. "On a envoyé des mails, on a passé des coups de téléphone... Il y a eu plein de contacts, mais jamais de réponse franche, ni de rencontre". Courriers recommandés, appels à répétition, tentatives de sollicitations d'élus et de plusieurs services, y compris du service "démocratie citoyenne"... Depuis bientôt quatre mois, ils multiplient les tentatives de contacts.

C'est une situation incroyable et on ne se sent pas écoutés, et personne ne nous prend au sérieux

Ugo Berardi, riverain du Clos Munier à Besançon

Sollicitée, l'agglomération du Grand Besançon explique qu'un courrier a été envoyé dans toutes les boîtes aux lettres du quartier en décembre, pour expliquer la situation, et que plusieurs rencontres avec les services de voirie ont été organisées. 

"Il n'y a eu aucune concertation. Ils ont envoyé le courrier parce qu'on a réagi" s'agace Ugo Berardi. "Et à part nous informer des nuisances et dire qu'on verra ensuite...".  "La réunion, c'était au milieu de l'après-midi, alors on était six riverains de la rue", raconte Annie Chuard-Tessereau. "Ils nous ont écouté, et ils ont répondu que voilà, ils allaient continuer comme ils avaient fait parce qu’ils voulaient tester ce que ça allait donner". 

Une réunion la semaine prochaine

"On se sent complètement méprisés" résume Ugo Berardi. "On a que des réponses molles nous disant qu'ils réajusteront peut-être dans quelques mois". "On n'arrive pas à avoir des gens, en tout cas, pas des décideurs qui nous expliqueraient au moins pourquoi ils ont choisi cette solution-là, et quelle solution on pourrait trouver pour qu'on soit moins gênés" s'agace Annie Chuard-Tessereau. 

Contacté, le service de communication de l'agglomération explique qu'il est normal qu'une modification du plan de circulation soit suivie d'une période d'observation avant de se concerter pour choisir d'éventuelles nouvelles solutions. Une nouvelle réunion de concertation doit d'ailleurs avoir lieu la semaine prochaine.

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