Dégradation du service, paupérisation de la desserte ferroviaire : les élus du Centre Franche-Comté interpellent l'Etat sur l'urgence à investir

Lors d'une conférence de presse, ce mercredi 4 janvier, les agglomérations de Besançon, Pontarlier, Vesoul, Dole, Morteau et Lons-le-Saunier ont demandé à l'Etat d'agir pour le ferroviaire. Des investissements nécessaires pour la survie des lignes régionales.

Fin novembre, l’annonce d’Emmanuel Macron avait pris de court le gouvernement. Le Président de la République évoquait alors sa "grande ambition nationale" : développer un "réseau de RER, un réseau de trains urbains", dans dix grandes agglomérations. Une manière de montrer l’importance du ferroviaire dans les transports d’avenir, alors que l’urgence climatique se fait de plus en plus sentir.

Une annonce du Président dans l’air du temps, donc, qui contraste avec la réalité brandie par Anne Vignot, maire EELV de Besançon. Dans une conférence de presse, la Présidente de Grand Besançon Métropole a décidé de s'unir avec d'autres agglomérations comtoises (Dole, Vesoul, Lons-le-Saunier, Morteau, Pontarlier) pour souligner "l’urgence dans laquelle la Franche-Comté se trouve" en matière de ferroviaire, dans un contexte de dérèglement climatique. Le Pôle métropolitain Centre Franche-Comté - c'est ainsi qu'est nommé ce réseau d'agglomérations - demande à l'Etat d'agir, d'investir dans le ferroviaire comtois.

 Réindustrialisation et mobilités

Dès le début de sa prise de parole, Anne Vignot pointe du doigt les incohérences du discours gouvernemental. Si rouvrir des usines dans le territoire français semble un des grands axes des politiques économiques du second mandat d’Emmanuel Macron, l’édile écologiste coupe court à cette promesse. "On ne peut pas parler de réindustrialisation sans mobilité, ce n'est pas possible", lance-t-elle.

La présidente du Grand Besançon rappelle que la Franche-Comté produit 19% des emplois industriels. "Nous avons un tissu industriel lui-même réparti et diffus, c'est son histoire, son organisation et sa force, décrit Anne Vignot. Ce tissu a besoin de liaisons fortes avec l’international, que ce soit au niveau mondial ou européen, mais aussi en interne."

Du maillage ferroviaire, découle aussi l'attractivité du territoire : le choix de s'installer dans une ville dépend souvent de la proximité entre le lieu de vie et le travail. Anne Vignot conclut : "On ne peut pas imaginer un pays en réindustrialisation sans un tissu connecté efficace, on ne peut pas imaginer une attractivité sans investissement dans la liaison domicile-travail."

Des lignes qui disparaissent ?

A titre d'exemple, la liaison Mulhouse-Lille devient de plus en plus compliquée à établir. "Une ligne enlevée sous couvert de covid-19, parce qu'il n'y avait pas de besoin d'aller jusqu'à Roissy, tance la maire de Besançon. Cette suspension est restée pérenne, avec Roissy mais aussi avec tout le nord de l'Europe et l'Est de la France."

Cette suspension semble-t-elle annoncer une disparition de la ligne ? C'est en tout cas la menace qui plane sur le tissu ferroviaire comtois, qu'il s'agisse de lignes interrégionales comme celle des horlogers, ou celle du TGV Lyria.

Vesoul, écartelée entre trois régions ferroviaires

 "On a tous constatés une dégradation de services, quel que soit le service, une paupérisation service ferroviaire", lance Alain Chrétien, maire Horizons de Vesoul. Avant d'attaquer plus frontalement : "On fait tout pour dégoûter les usagers des trains".

Le Président de la Communauté d'Agglomération de Vesoul, dénonce la complexité du réseau entre les régions. "La ligne de Vesoul a été déclassée en TER en 2018, remarque-t-il. Elle est maintenant écartelée entre le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, l'Île-de-France." Il souhaiterait que des investissements soient réalisés pour que des "trains intercités à vocation nationale" circulent sur la ligne.

L'importance du ferroviaire pour les transfrontaliers

La spécificité de la région tient aussi à sa frontière avec la Suisse, "pays qui n'a jamais cessé d'investir dans le ferroviaire", d'après Anne Vignot. Une particularité importante pour les 42 000 travailleurs frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté. Or Patrick Genre, Président de la Communauté de communes du Grand Pontarlier : "Nous n'avons aucune garantie sur le volet investissement".

Une absence d'apports financiers qui risque à long terme de bousculer l'économie du Haut-Doubs. "Si les investissements ne sont pas réalisés entre Neuchâtel et Frasne, le risque est réel de voir disparaître la liaison et de voir disparaître les gens qui descendent à Frasne pour prendre le TGV Lyria, prévient le maire divers droite de Pontarlier. Donc le Lyria n'aura plus d'intérêt a s'arrêter à Frasne, voire à Mouchard ou Dole."

Malgré les divergences politiques, cette union reste un symbole fort pour le ferroviaire comtois. Reste à savoir si l'Etat prêtera une oreille attentive à ces demandes... Anne Vignot rencontrera le ministre des Transports, Clément Beaune, dans une dizaine de jours.

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