Le gouvernement va annoncer le cinquième "plan loup" depuis le retour de l’espèce sur le territoire français dans les années 90. Objectif de l’exécutif : concilier la conservation de l’espèce avec le sauvetage du pastoralisme et de l’élevage. On fait le point.
En France, la population de loups a largement évolué. Dans les années 1990, cinquante individus étaient recensés dans l’Hexagone, contre 1.104 aujourd’hui. Le loup est actuellement présent sur 55 départements français. En conséquence, la prédation est également plus importante.
Selon le gouvernement, 2.547 élevages ont été attaqués en 2018 et 3.354 en 2022. En cinq ans, le nombre d’élevages attaqués aurait donc augmenté de 31.68%. Il s’agit cependant d’une espèce strictement protégée depuis 1979 par la convention de Berne du conseil de l’Europe et par une directive européenne.
"Innover" et accompagner les éleveurs
Le gouvernement entend innover avec ce plan national d’action. Selon Louis de Redon : Conseiller ressources biodiversité forêt bois du cabinet de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire : « C’est la première fois que cette ambition est affichée. Un PNA plus plastique permettra de s’adapter aux évolutions démographiques du loup et à la progression et régression des attaques ».
L’enjeu principal du gouvernement est clair : il s’agit de concilier la conservation de l’espèce lupine avec une prise en charge plus efficace et un meilleur accompagnement des éleveurs.
Les attaques de loups provoquent une grande souffrance pour les éleveurs concernés et sont vécues comme des expériences traumatisantes. En réponse, ce nouveau plan d’action national doit insister sur la dimension humaine. Le gouvernement veut mettre en place un suivi psychologique aux éleveurs concernés par les attaques de loup et accélérer les indemnisations liées à leurs pertes.
Mieux comptabiliser et mieux cerner l’animal
L’animal est en expansion en nombre et en surface. Le gouvernement veut aussi mieux compter la population de loups. La méthode actuelle est de plus en plus décriée scientifiquement.
Une meilleure gestion de la situation est souhaitée. Le gouvernement va s'appuyer sur la science pour une meilleure connaissance du loup. Ses habitudes seront observées au niveau européen pour adapter les actions sur le terrain.
Mieux protéger : en adaptant et en renforçant la protection des troupeaux en fonction des territoires, et permettre une mobilisation des louvetiers plus rapide pour faciliter les tirs dans les zones nouvellement prédatées.
Le plafond de tirs de prélèvement revu à la hausse
Des louvetiers formés disposant de lunettes thermiques ainsi que des louvetiers dédiés uniquement au prélèvement du loup vont se répartir dans certaines zones. Du matériel d’urgence sera mis à disposition des louvetiers dans chaque préfecture permettant une action sur le lieu de l’attaque en 48 ou 72 heures maximum.
Des tirs de prélèvement sont effectués exclusivement en cas d’attaque, mais la délivrance des autorisations des tirs pourrait se voir accélérée. Le plafond de tir actuellement fixé à 19% pourrait évoluer à la hausse ou à la baisse en fonction de la dynamique de la population de loups en France.
À terme, le gouvernement français pourrait diminuer le degré de protection du loup si son statut passe de « strictement protégé » à « protégé ».
Fleur de Boer et Lauriane Nembrot