"On fait plus attention à ce qu'on publie, ce qu'on dessine" : 10 ans après l'attentat de Charlie Hebdo, les dessinateurs de presse tentent de résister

Le 7 janvier 2015, l'attentat de Charlie Hebdo a tué huit membres de la rédaction, dont Cabu, Charb, Tignous, Wolinski et Honoré, les célèbres caricaturistes du journal. Dix ans plus tard, des dessinateurs de presse franc-comtois racontent ce qu'il reste de "l'esprit Charlie".

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Il y a tout juste dix ans, un attentat frappait la rédaction de Charlie Hebdo, célèbre journal satirique français. Huit membres du journal ont perdu la vie sous les balles des frères Kouachi. Dès le lendemain, les Français sont descendus dans la rue par millions pour ne pas rester silencieux face à l'horreur et à l'obscurantisme. Les cortèges étaient alors remplis de milliers de pancartes "Je suis Charlie", de crayons et d'hommages en tout genre, en soutien à Charlie Hebdo et plus largement à la liberté d'expression qui a été touchée en plein cœur, ce 7 janvier 2015. Berth et Bauer, deux dessinateurs de presse franc-comtois, racontent "l'après-Charlie" avec un certain pessimisme, même si l'amour du dessin et l'envie d'évoquer l'actualité avec humour restent leur principal moteur au quotidien.

"Avant, il y avait plus de légèreté"

Berth est caricaturiste depuis les années 1990, et pour lui avant l'attentat du journal satirique, "il y avait beaucoup plus de légèreté". "Aujourd'hui, le dessin de presse est synonyme de combat pour la liberté d'expression, c'est lourd à porter", confie-t-il. "Au départ, le dessin de presse, c'est léger, c'est rigolard, il n'y avait pas autant de pression. Je pense que les réseaux sociaux ont changé les choses. Avant, les dessins de presse étaient lus par les intéressés, maintenant, ils sont beaucoup plus accessibles et deviennent systématiquement des polémiques donc on fait plus attention à ce qu'on publie, ce qu'on dessine, ce qu'on dit".

Selon lui, Charlie Hebdo est aujourd'hui plus "un journal militant, de combat, qu'un journal d'humour satirique". "Et ça, malgré eux". Berth connaît bien l'hebdomadaire puisqu'il a repris les personnages créés par Charb pour le journal Mon Quotidien, destiné aux jeunes : "Il était hyperdoué, il a mis au monde ces mascottes, il les a abandonnées et je les ai adoptées, c'est un vrai héritage".

"Les rédactions sont de plus frileuses"

Lui aussi a commencé le dessin de presse dans les années 1990. En 1999, Bauer rencontre Tignous et ce fut l'évidence. Caricaturiste pour Le Progrès et pour bien d'autres journaux, il connaissait très bien les dessinateurs de Charlie : "C'étaient des gens intelligents, drôles, cultivés, c'est une vraie perte de personnes extraordinaires, ils étaient uniques, j'ai partagé de très bons moments avec eux, j'ai appris en les regardant, c'est une sorte de passation".

Après l'attentat,"le plus important, c'est que les dessinateurs ont continué leur travail, on devait se relever les manches pour se battre contre cette atteinte à notre démocratie, à notre liberté d'expression. L'essentiel, c'était de ne pas s'écrouler face à la menace".

Pour Bauer, l'esprit Charlie s'essouffle depuis quelques années, mais il reste bien présent chez de nombreux dessinateurs de presse.

On a toujours cette combativité, cet humour qu'on a envie de défendre. Le but n'est pas d'attaquer telle ou telle religion, comme certains le pensent, mais c'est de pouvoir rire de notre temps, de notre actualité anxiogène.

Bauer

Dessinateur de presse

"Si on se limite, si on se censure, si on met des œillères, notre travail est quasiment foutu, mais il faut avouer que les rédactions sont de plus en plus frileuses et inquiètes face à certains dessins. Ils ont peur d'un procès, d'une pression médiatique, des intégristes". Mais selon Bauer, "si un dessinateur est consensuel, c'est que c'est un mauvais dessinateur, j'aime que certaines personnes n'aiment pas mon travail, c'est plutôt bien, ça créé de l'émulation, une bataille intellectuelle".

"On se creuse moins la tête aujourd'hui"

Le caricaturiste regrette qu'il y ait de moins en moins de dessinateurs dans la presse : "Il y a 20-30 ans, on trouvait facilement du travail, il y avait une vraie culture de la caricature, aujourd'hui, on se creuse moins la tête". Ils sont pourtant "essentiels pour rebondir sur l'actualité avec humour". "C'est un vrai travail d'investigation, on parle de guerre, de maladie, de chômage, on gère et on digère beaucoup d'informations".

Pour les dix ans de l'attentat de Charlie Hebdo, des rassemblements auront lieu partout en France, aujourd'hui. À Besançon, un temps de mémoire est organisé esplanade des Droits de l’homme mardi 7 janvier à 12h15.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information