La chambre de l’instruction de Besançon (Doubs) examinait ce mercredi 30 octobre la demande d’appel déposée par l'avocat du Dr Luc Clemens mis en examen après 37 plaintes de patients, dont la vie est devenue un enfer.
Il contestait sa mise en examen remontant au 24 septembre dernier, et l’interdiction d’opérer prononcée à son encontre par la justice. La chambre d’instruction de Besançon a rejeté l’appel déposé par le chirurgien. Il reste sous contrôle judiciaire.
“C’est un soulagement pour mes clients qui se sentent entendus, même si cette décision ne leur rendra pas la santé. Elle est importante pour tout nouveau patient face à un praticien qui ne se remet pas en cause. Comme je l’ai plaidé ce matin, la chambre d’instruction a vu la face émergée de l’iceberg, car de nouvelles constitutions de parties civiles ont été déposées et des procès au civil seront prochainement engagés” a réagi l’avocat Me Olivier Lévy qui a en charge un grand nombre de plaignants dans cette affaire.
“Leur vie quotidienne a été très impactée, chacun raconte que c'est devenu un enfer. Certains se retrouvent à 30 ou 40 ans gravement incontinents”, avait expliqué le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux. Des victimes ont fondé une association “Fleurs de lotus” pour affronter ensemble le combat judiciaire.
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Une cinquantaine de plaintes contre ce chirurgien
Le praticien de 56 ans, qui exerce dans une clinique privée de la ville et qui conteste toute responsabilité, avait été mis en examen le 24 septembre pour "blessures involontaires ayant entraîné moins de trois mois d'interruption temporaire de travail, aggravées par la violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence".
Au 1er octobre, une cinquantaine de plaintes de patients et patientes souffrant de graves séquelles après des opérations pratiquées par ce médecin de la Polyclinique de Franche-Comté avaient été déposées. Des faits étant prescrits, seuls 37 dossiers de victimes âgées de 27 à 70 ans ont été retenus par le magistrat instructeur. Parmi les 37 plaignants, trois avaient déjà saisi une juridiction civile.
Les expertises rendues dans ce cadre avaient fait apparaître un gros défaut d'information des patients sur les risques opératoires et des problèmes dans le geste opératoire. Elles relèvent aussi qu'il existe peu de chirurgies réparatrices pour ces victimes.
Selon nos confrères de l'Est Républicain (article réservé aux abonnés), 49 plaintes seraient désormais sur le bureau du juge. Deux femmes se sont plaintes des conditions dans lesquelles elles ont été examinées. Le proctologue a été mis en examen également pour "violences volontaires sur personnes vulnérables".
Le proctologue encourt un an d'emprisonnement. Il peut actuellement toujours recevoir des patients en consultations. Il reste présumé innocent. Contacté ce jour par France 3 Franche-Comté, Me Xavier Flecheux avocat du chirurgien n'a pas répondu pour l'instant à notre sollicitation.