Il a fermé ses portes pour deux ans. Le musée de la résistance et de la déportation sera réaménagé et rénové pour offrir encore plus d'informations et présenter des objets de ses réserves à un public qui a changé depuis sa création dans les années 70.
Comment transmettre la mémoire quand les derniers témoins disparaissent ?
C'est un lieu essentiel. "Le musée des déportés" dit l'historienne, spécialiste de la Shoah Annette Wieviorka. Alors, comment continuer l'œuvre de Denise Lorach, déportée à Bergen-Belsen qui a voulu ce musée à Besançon (Doubs) ? Comment parler au public d'aujourd'hui, alors que les derniers témoins de cette époque disparaissent, ou ont disparu ? Pour le savoir, nous avons interrogé des membres éminents du conseil scientifique qui préside à sa restructuration. Ce sont leurs témoignages ou leurs réflexions qui font l'objet des podcasts qui suivent.
Avant sa fermeture début 2020, le musée installé à la Citadelle depuis 1982 comptait vingt salles consacrées à cinq grands thèmes: le nazisme, Vichy et l'occupation, la résistance, la déportation et le génocide des Juifs, la libération. Mais il est aussi un musée d'art qui réunissait des oeuvres d'art concentrationnaire, dessins, peintures et sculptures réalisés dans les camps et en prison.
Pierre Rolinet, déporté, inlassable témoin
Après de longues années de silence, cet homme de 98 ans, installé à Brognard dans le pays de Montbéliard, a parcouru les écoles et rencontré des milliers de jeunes pour raconter son effroyable parcours, du camp du Struthof à celui de Dachau. Résistant de la première heure, arrêté avec son groupe à Sochaux, il a été envoyé comme "Nacht und Nebel" (nuit et brouillard) au camp du Struthof, et enrôlé dans les pires commandos de travail qui soient. Pour nous, il a à nouveau raconté son parcours et donné son point de vue de témoin, membre du conseil scientifique sur le futur musée.
Annette Wieviorka, Isabelle Doré-Rivé : réflexions sur la transmission
La première est historienne, spécialiste de la Shoah. La seconde dirige le Centre d'histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon. Toutes deux membres du conseil scientifique du musée de Besançon, elles participent aux travaux de réflexion sur le nouveau musée de Besançon. Avec de nouvelles interrogations sur la façon dont il faut évoquer la période sans perdre de vue les éléments historiques et la connaissance scientifique dont on dispose sur la Seconde Guerre mondiale. Faut-il simplifier ? Réduire la part de l'écrit ? Faire des analogies avec le présent ? Leurs points de vue divergent parfois, mais leurs exigences se rejoignent.
Robert Steegmann, "refaire un musée parfait"
Lui aussi membre du conseil scientifique du musée de la résistance et de la déportation de Besançon, Robert Steegmann, historien spécialiste du système concentrationnaire en est à son deuxième musée. Il avait déjà présidé à la création du Centre européen du résistant sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Il considère qu'à sa création, le musée de Besançon était un musée "parfait". Le défi est d'autant plus grand qu'il ne faudra pas faire moins bien.