Au lendemain de sa condamnation pour l'assassinat de Narumi Kurosaki en décembre 2016 à Besançon, l'accusé chilien fait appel. Un nouveau procès se dessine. L'accusé a toujours nié l'assassinat de son ancienne petite amie, même si de nombreux indices mènent vers lui.
C’est un nouveau coup de théâtre dans un procès hors norme aux dimensions internationales. Nicolas Zepeda, rattrapé par l'enquête et la justice française avait été extradé du Chili en juillet 2020.
Au lendemain de sa condamnation pour l'assassinat de Narumi Kurosaki, cette japonais disparue en décembre 2016 à Besançon, l'accusé chilien fait appel, ont fait savoir ses avocates ce mercredi 13 avril. Il fait appel de la peine et des dommages aux parties civiles. Il devait payer à chaque parent de la victime la somme de 50 000 euros, et à chacune de ses soeurs 40 000 euros au titre des dommages et intérêts. Arthur Del Piccolo, petit ami de la victime au moment des faits devait recevoir quant à lui 5 000 euros.
Tout au long du procès, l'accusé dans son box a nié l'assassinat de son ancienne petite amie. "Je ne suis pas qui je voudrais, mais je ne suis pas un assassin, je ne suis pas l'assassin de Narumi", avait-t-il déclaré, en français, lors de sa dernière prise de parole avant que les jurés ne partent délibérer.
Dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, Nicolas Zepeda était pourtant bien présent à Besançon, des étudiants ont entendu des cris dans la nuit de la résidence universitaire, des râles, sans doute ceux de la jeune Narumi.
Une peine à perpétuité avait été requise, malgré l’absence de corps
Selon l'accusation, Nicolas Zepeda a étouffé ou étranglé Narumi avant de se débarrasser de son corps, sans doute dans la rivière du Doubs, non loin de Dole (Jura). Il a ensuite piraté les comptes de Narumi Kurosaki sur les réseaux sociaux pour envoyer des messages à ses proches et la faire passer pour vivante, le temps de regagner le Chili.
Pour la famille de Narumi, cet appel, va "rajouter de la douleur"
La condamnation avait été un soulagement pour la mère et la soeur de la jeune japonaise présentes à l’audience. Elles vont apprendre l'appel interjeté par l'accusé. “C’est l'exercice d’un droit, et c’est dans le prolongement du déni affiché par Nicolas Zepeda, donc non je ne suis pas surprise. En revanche, je suis extrêmement déçue et inquiète pour mes clients parce que pour elles, c’est une épreuve supplémentaire qu' elles devront subir et traverser. Elles sont en ce moment en transit pour le Japon, donc j’imagine que cela va être difficile à entendre” a réagi Me Sylvie Galley peu de temps après l’annonce de l’appel de Nicolas Zepeda. “Pour la famille, ça rajoute à la douleur, elle pensait quelque part en avoir terminé avec ce procès, et n'imaginait pas au delà du déni, qu’il y aurait une contestation aussi rapide. Elles partaient dans un esprit de se reconstruire leur sérénité, à peine 12 heures après, elles s’effondrent” ajoute l’avocate de la mère et la soeur de Narumi Kurosaki.
"Même si aucune réponse n'a été apportée (sur les circonstances de la mort de Narumi), au moins, cette fois, la condamnation est acquise", avait réagi Me Sylvie Galley à l’issue du délibéré rendu par la cour d’assises au terme de 12 jours de procès marqué par l'émotion et le silence de l'accusé sur un certain nombre de questions.
"Après cinq années passées à attendre ce procès, la famille est soulagée. Sa mère et sa soeur avaient tellement peur que l'on croie Nicolas Zepeda et que l'on n'entende pas leur souffrance et leur douleur", a-t-elle ajouté, espérant alors qu'il n'y aurait pas de procès en appel.
Au risque d'une condamnation encore plus lourde ?
Nicolas Zepeda était défendu lors de ce procès par Me Jacqueline Laffont, pénaliste de renom et Mme Julie Benedetti. Quelle posture prendra-t-il lors du nouveau procès d'assises ? Aura-t-il la même stratégie ? "Bien sûr que c’est risqué, un appel c’est toujours risqué. Le risque c’est une aggravation sur la période de sûreté, sur le quantum de la peine, c’est un risque qu’il prend" estime pour sa part Me Randall Schwerdorffer qui défendait Arthur le dernier petit ami de la jeune japonaise. Pour l'avocat, "manifestement Nicolas Zepada reste dans le déni", avec cette procédure d'appel si rapide après avoir été reconnu coupable du pire, un assassinat.