DIRECT. Procès Zepeda à Besançon : "Je ne peux pas laisser ce démon en liberté", la mère et la soeur de la victime, dévastées, bouleversent la cour

Le 7e jour de procès de Nicolas Zepeda, accusé de l'assassinat de Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon a eu lieu ce mercredi 6 avril. La journée fut d'une intensité rare puisque les personnes les plus proches de la victime ont témoigné. Revivez cette journée en détails.

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La 7e journée du procès de Nicolas Zepeda a été particulièrement intense, avec notamment la déposition d’Arthur Del Piccolo, petit ami de la victime. La mère et la soeur de Narumi Kurosaki ont livré des témoignages véritablement bouleversants. "Je ne peux pas laisser ce démon en liberté. Je vais continuer à protéger toutes les femmes sur cette terre, des Zepeda, le prix sera ma vie. Pour l'ensemble des filles, il ne faut jamais laisser ce monstre en liberté" a-t-elle dit en pleurant, à la barre après une longue et minutieuse déclaration spontanée. 

Relire le déroulé complet de la journée ci-dessous : 

19h50 : L'accusation souhaiterait qu'une déclaration spontanée ait lieu de la part de l'accusé. Le Chilien se lève.

"Je suis sans mot, je suis très ému d'avoir écouté le témoignage de la maman de Narumi et sa soeur. Je ne sais pas ce que je peux faire pour les réconforter dans leur douleur" dit l'accusé. 

19h43 : "Nous n'avons pas peur de la mort, mais nous avons peur de la réalité". Kurumi Kurosaki explique elle aussi avoir voulu se suicider, tout comme sa mère. "Mais nous avons survécu jusqu'à aujourd'hui. Ma soeur m'a enseignée le plaisir de vivre. C'est pour ça que nous sommes ici aujourd'hui".  

"Nous avons constaté son sang froid et sa cruauté" dit Kurumi Kurosaki au sujet de Nicolas Zepeda, signalant que le visage de l'accusé n'avait pas du tout changé lorsque les cris d'horreur ont été décrits lors de ce procès. "Pour mon autre soeur qui n'a pu venir, et pour Narumi aussi, nous voulons découvrir la vérité". "Où est-elle ? Rien que ça, je veux l'apprendre !" lance la jeune femme. Nicolas Zepeda est toujours impassible.

"Si vous aimez vraiment ma soeur, dites où elle est, rien que ça ! J'aimerais le demander à cet accusé" ajoute-t-elle. 

Nous n'avions pas d'argent pour payer notre vol, pas d'argent pour chercher ma soeur. Nous étions désespérés par notre impuissance. Nous sommes immensément reconnaissants des personnes qui ont travaillé pour nous, les Français, les avocats... Toutes les personnes qui nous ont aidées.

Kurumi Kurosaki, soeur cadette de la victime

19h24 : Elle raconte que Nicolas Zepeda accaparait sa soeur et allait même jusqu'à jeter le courrier de Narumi Kurosaki : "Il fallait tout le temps que ma soeur pense à lui en premier sinon il n'était pas content." 

Les témoignages de la famille de la victime dressent le portrait d'un Nicolas Zepeda maladivement jaloux, possessif, et même vicieux. Selon la soeur cadette, en sanglots, il aurait essayé d'éloigner Narumi Kurosaki de sa famille.  

19h15 : La jeune femme de 23 ans se met à pleurer, après avoir prononcé quelques mots. "Mon prénom, c'est ma soeur aînée qui me l'a donné. Chaque fois que j'écris mon nom, que j'entends mon nom, je sens l'amour de ma soeur" dit-elle. La souffrance qui inonde la cour en ce 7e jour de procès est profondément bouleversante.

Elle se remémore à la barre des souvenirs joyeux avec ses deux soeurs. "Je dis toujours que nous sommes trois soeurs." 

Quand j'ai réalisé que ma soeur avait vraiment disparu. J'étais persuadée que Nicolas Zepeda était impliqué dans cette affaire.

Kurumi Kurosaki, soeur de la victime

18h48 : l'audience reprend. Les différentes parties ne souhaitent pas poser de questions à la mère de la victime. Kurumi Kurosaki, la plus jeune soeur de Narumi Kurosaki de 4 ans sa cadette, s'installe désormais à la barre.

L'audience est suspendue 30 minutes. 

18h15 : "Pour terminer, je vous demande une chose. Si Narumi avait encore été vivante aujourd'hui, elle aurait pu contribuer à construire un monde meilleur. N'oubliez pas le fait que ma fille a vécu en ce lieu, dans ce pays. Merci" conclut-elle avant de fondre en larmes. Les applaudissements résonnent. Instant inédit dans une salle d'assises.

Kurumi Kurosaki, sa fille, vient jusqu'à elle pour la conduire jusqu'au banc des parties civiles. 

"Il ne faut jamais laisser ce monstre en liberté"

18h05"La police m'a formellement interdit cette chose, mais en secret j'ai envoyé un message à Nicolas en décembre. Ce message fut ignoré, et il est toujours ignoré" poursuit-elle.

"En juin 2017, je suis allée au Chili, j'avais un brin d'espoir de retrouver ma fille là-bas. Je voulais voir avec quelle gueule Zepeda continuait à vivre. Il avait l'air heureux. Je l'ai suivi secrètement. Tout le temps, il avait l'air joyeux. Il s'est rendu compte que je le suivais. Il m'a vue et il a tout de suite détourné son visage."

L'accusé ne bouge pas et écoute toujours attentivement. Les parents de l'accusé, cités par la mère de la victime, ne bougent pas non plus.

"J'ai tenté de me tuer je ne sais combien de fois. Je me suis étranglée, je me suis tapée la tête contre les murs. Il m'est même arrivée de sauter depuis une voiture qui roulait, tellement je voudrais aller où se trouve Narumi maintenant. Mais j'ai encore deux filles qui me sont si chères" dit Taeko Kurosaki, en pleurant. "J'ai envie de tuer cet homme !" lance-t-elle.

Je ne peux pas laisser ce démon en liberté. Je vais continuer à protéger toutes les femmes sur cette terre, des Zepeda. Le prix sera ma vie. Pour l'ensemble des filles, il ne faut jamais laisser ce monstre en liberté.

Taeko Kurosaki, mère de la victime.

17h54 : "Nous avions le projet d'aller en France en février 2017. Nous avions déjà acheté les billets et Narumi avait déjà pris les billets de TGV pour nous. Donc la disparition volontaire dont il a été question parfois dans ce procès est absolument impossible" dit la mère de la victime, qui s'excuse une nouvelle fois "d'être aussi longue". 

Elle dévoile également que Nicolas Zepeda a menti en disant avoir débuté des recherches pour du travail au Japon, puisque son visa japonais était un visa touristique. "Ce fut un grand choc, je suis navrée d'avoir été aussi bête et ignorante" dit Taeko Kurosaki. "C'est à ce moment-là que j'ai enfin compris que depuis la première rencontre, il a continuellement trompé l'ensemble de ma famille. C'est un grand menteur. Combien de fois a-t-il menti durant ce procès ? lance-t-elle. Depuis le jour où j'ai compris que c'était lui le coupable, j'ai compris que je ne verrais plus jamais ma fille. Exécrable menteur !

Il ne dira jamais la vérité, jamais pendant ce procès, et même au-delà de ce procès. Je l'ai dit à tous les gens que je connais.

Taeko Kurosaki, mère de la victime

"Il a perdu la tête"

17h29 : Le 28 septembre 2016 Narumi écrit à sa mère : "Ouf ! nous sommes séparés, c'était trop lourd", puis "Nico est désespéré, il a perdu la tête. Il m'a dit qu'il viendrait lundi. - Non ne viens pas ! - je lui ai dit". "Est ce qu'il sait ou tu habites ?" demande alors Taeko Kurosaki à sa fille, qui lui répond : "Oui". "Méfie-toi c'est Nico, personne ne sait comment il peut agir" conseille alors la mère. "Je suis vraiment navrée d'être aussi longue" dit la mère de Narumi Kurosaki après près de trois heures de déposition spontanée à la barre. 

Les échanges qu'elle dévoile, avec une extrême minutie, sont une fois de plus accablants pour l'accusé, notamment ceux reçus après la disparition officielle de l'étudiante japonaise.

Pour rappel, l'accusation soupçonne Nicolas Zepeda d'avoir usurpé l'identité de sa victime après sa mort et d'avoir envoyé des messages à ses proches dans le but de la faire passer pour vivante. 

17h08 : La mère de la victime se remet à pleurer, en se souvenant à la barre du dernier moment où elle a vu sa fille à l'aéroport. "Depuis la disparition de Narumi, pas une heure je n'ai passé sans cette photo" dit-elle, avant de sortir la photo qu'elle tient depuis le début du procès contre elle, dans un tissu, et de la placer face à la cour.

Elle lit désormais une conversation qu'elle a eu avec sa fille pendant qu'elle était en France, le 8 septembre 2016, un mois avant la rupture officielle, dans laquelle Narumi parle à sa mère et ses jeunes soeurs d'un "tourment" dans lequel elle se trouve en raison de la jalousie maladive de Nicolas Zepeda, qui "s'est introduit dans son compte Facebook" pour lire tous les échanges avec ses amis. "Je veux me séparer de lui" dit-elle alors à sa mère.

Le jour même, sa fille lui envoie quelques heures après, la confirmation qu'elle a quitté Zepeda. "Je me sens mieux" dit-elle. "Hélas, je suis revenue à la case départ..." lui dira le 22 septembre Narumi Kurosaki. Le 27 septembre 2016, Narumi écrit, toujours à sa mère : "Je ne sais pas si j'aime Nico, mais Nico m'aime trop, de ce fait je n'ose pas me séparer de lui. J'ai pitié pour lui. Il m'assaillit de messages, de mails".

Il a envisagé d'acheter un appartement dans un quartier huppé de Tokyo, cela nous a stupéfait. Il est déjà difficile de vivre quelques mois sans travail au Japon. Il a insinué à un moment donné que la résidence de Las Condes au Chili était prête à être vendue, donc j'ai imaginé qu'il était issu d'une famille très aisée.

Taeko Kurosaki, mère de la victime

16h45 : "Il existe des hommes qui se mettent en colère, qui perdent la raison lorsqu'ils font face à des choses qui ne tolèrent pas. Moi-même j'ai eu des expériences similaires par le passé" se rappelle avoir dit Taeko Kurosaki à sa fille. "Narumi m'a répondu de ne pas m'inquiéter. Nicolas est plutôt une personne qui pleure" poursuit-elle, continuant méthodiquement sa chronologie. Elle semble répondre points par points, avec des exemples, à tout ce qui a été dit depuis le début du procès.

"C'est vraiment quelqu'un qui ne lâche pas le morceau, jusqu'à ce qu'il arrive à son but" analyse la maman de Narumi Kurosaki, au sujet de Nicolas Zepeda.  

16h11 : "Narumi avait beaucoup de difficulté à demander quand est-ce que Nicolas allait quitter son appartement, (ndlr, au moment de son départ en France). Elle savait qu'à chaque fois qu'elle lui demandait, il se mettait en colère et il refusait d'en parler" raconte Taeko Kurosaki, tout en abordant plusieurs situations de contrariété de la part du Chilien. 

"Nicolas a continué à utiliser l'appartement avec la nouvelle locataire, jusqu'à son départ jusqu'au Chili" rapporte également la mère de Narumi Kurosaki, qui semble à nouveau en colère, suivant ses notes posées devant elle.

Je sais que Zepeda ordonnait la suppression des comptes de personnes masculines du Facebook de Narumi et lui interdisait toute fréquentation avec des amis masculins. Hors lui-même était resté vivre dans l'appartement avec une fille.

Taeko Kurosaki, mère de la victime

Les parents de Nicolas Zepeda sont dans la salle, comme chaque jour. Le père de l'accusé est attentif. Sa mère pianote régulièrement sur son téléphone portable.

"Nous l'avons à chaque fois accueilli à bras ouverts"

15h48 : "Le 15 avril 2016, monsieur Zepeda est revenu au Japon, exprimant qu'il fallait absolument qu'il revoit Narumi, poursuit Taeko Kurosaki à la barre. J'ai demandé pendant combien de temps monsieur Zepeda avait l'intention de séjourner au Japon. Monsieur Zepeda avait dit à l'époque qu'il n'avait nul besoin de retourner au Chili, et qu'il voulait trouver un travail au Japon."

L'université de Tsukuba a été choisie par Narumi car elle rêvait depuis toujours d'aller en France. "Narumi a dû parler de son rêve à monsieur Zepeda, j'en suis certaine."

"Nous l'avons à chaque fois accueilli à bras ouverts" dit la mère de la victime, se rappelant des moments familiaux en présence de l'accusé. 

► À lire aussi : Un acquittement inimaginable pour la famille de la victime

15h41 : "Aujourd'hui, je parle si lentement, cherchant les mots, mais je suis bavarde de nature. Donc par l'intermédiaire de Narumi j'ai posé beaucoup de questions sur le Chili" se rappelle-t-elle, en abordant le premier repas passé avec l'accusé, le 21 mars 2015.

Elle aborde ensuite les multiples ruptures entre les deux étudiants, à partir du moment où Nicolas a quitté le Chili. "Narumi avait l'habitude de me dire que malgré la séparation, elle restait amie avec Nicolas car il avait peu d'amis, et c'est pour ça qu'elle restait proche de lui" dit la Japonaise à la barre. 

L'accusé fixe la mère de Narumi Kurosaki, attentif et droit sur son siège, comme toujours. 

15h20 : "Dans tous les domaines, elle excellait. Elle ne s'en vantait jamais" dit la mère dévastée, semblant interrompre son discours dans le but de reprendre du courage avant chaque phrase. 

En pleurs, la mère de la victime retrace l'adolescence heureuse et le parcours scolaire de Narumi Kurosaki, fait de choix dictés notamment par les faibles moyens financiers de sa famille. 

Elle en arrive au moment où elle a rencontré Nicolas Zepeda, son visage se ferme. Elle semble en colère. "Je voudrais vous raconter chronologiquement ce qu'il s'est passé entre Narumi et monsieur Zepeda" dit-elle, en précisant qu'elle a tout consigné dans son journal intime.

15h : L'une des traductrices de Nicolas Zepeda pleure. Le traducteur de Taeko Kurosaki pleure également. Le silence dans la salle remplie de spectateurs est impressionnant. Personne ou presque ne bouge.

La mère de Narumi Kurosaki parle de l'enfance de sa fille, de sa gentillesse, sa générosité et de l'aide qu'elle a apportée, dès son plus jeune âge, à ceux qui en avaient besoin.

Elle était si adorable, je l’aimais tellement, je ne pouvais pas m’en séparer un seul instant.

Taeko Kurosaki, mère de Narumi Kurosaki

14h55 : "Depuis plus de 5 ans, je suis psychiquement détruite et j'ai une grande méfiance à l'égard des humains. J'ai abandonné toutes mes activités professionnelles. Je m'isole. C'est pour ça que j'ai perdu la facilité de parole. Il se peut que mon discours soit long, entrecoupé de silences. Je m'en excuse, je vous demande d'être patient pour m'écouter" poursuit-elle avant de décrire sa fille aînée, pour qu'on comprenne combien cette personne était merveilleuse.

14h50 : La mère de Narumi Kurosaki, Taeko Kurosaki, s'avance à la barre. On voit son visage pour la première fois. Elle semble très impressionnée et touchée. Elle tient des documents dans ses bras.

Elle tient contre elle le portrait de sa fille, sous un tissu. Elle débute son propos difficilement, en pleurs, tenant un mouchoir contre sa bouche. 

"J'aimerais exprimer ma gratitude et également mes excuses pour les dérangements occasionnés par cette affaire, pour tous ceux qui se sont donnés la peine de poursuivre cette affaire pour ma fille aînée" débute Taeko Kurosaki.

"Le Chili ne possède pas d'accord avec la France"

14h42 : Extrait d'une conversation entre Juan Felipe et Nicolas Zepeda fin décembre 2016 : 

"Au sujet de l'extradition, le Chili ne possède pas d'accord avec la France". - Nicolas Zepeda
"J'ai suffisamment de preuves à présenter pour me défendre je crois. J'ai le soutien de ma famille, et je suis tranquille." - Nicolas Zepeda
"Mais je ne sais pas, c'est tout de même horrible que Narumi ait disparu !" - Juan Felipe
"J'ai beaucoup de peine pour la famille de Narumi. Pourvu qu'elle apparaisse bientôt" - Nicolas Zepeda 

La déposition saisissante du cousin de l'accusé 

14h25 : Juan Felipe, le cousin de l'accusé, a eu deux longues conversations téléphoniques avec Nicolas Zepeda. Il a indiqué aux enquêteurs ne pas l'avoir trouvé sincère. 

Selon lui, l'objectif principal de son cousin était de lui soutirer des informations. Il voulait savoir ce que la police disposait contre lui. "À aucun moment Nicolas Zepeda n'a déclaré avoir vu la victime en France, dit le président. De l'avis du déclarant, l'accusé lui a demandé de collaborer au minimum avec la police. Il parlait de Narumi au présent, dans un discours bien préparé et réfléchi".

Un moment donné, après s'être relâché au fil de la discussion, Nicolas aurait dit, selon son cousin, "Narumi aimait beaucoup la mer". "Il parlait d'elle de manière très neutre et très froide" a dit Juan Felipe aux enquêteurs. 

Il se souvient que son cousin lui avait demandé, - que dois-je faire si je trouve quelqu'un qui est pendu ? Pourquoi meurt une personne pendue ? Est-ce qu'il est plus rapide de mourir par une coupure au cou ou en étant pendue ? -.

Matthieu Husson, rapportant les propos du cousin de Nicolas Zepeda

"Lorsque l'on dispose de nombreuses informations, cela engendre une grande responsabilité" a dit l'accusé à son cousin, après lui avoir demandé de nombreuses informations sur la médecine légale. Juan Felipe étant médecin, cela ne l'a pas forcément étonné au premier abord. 

14h07 : L'audience reprend. Le président de la cour lit la déposition du cousin de Nicolas Zepeda, Juan Felipe, qui a refusé de s'exprimer en direct. C'était pourtant un témoin clé de ce procès. C'est chez lui que s'est rendu l'accusé, à Barcelone, après son passage à Besançon. Désormais, Juan Felipe est rentré au Chili.

"Son cousin lui a recommandé d'être discret au sujet de sa visite, de ne rien publier sur internet. Nicolas Zepeda lui a dit qu'il avait des problèmes avec son père et qu'il ne devait pas être au courant de son voyage" énumère le président. 

L'audience est suspendue jusqu'à 14h. La mère de Narumi Kurosaki sera la prochaine à s'exprimer à la barre, juste après la lecture de la déposition du cousin de l'accusé.

12h10 : Le jeune homme lutte pour ne pas se laisser envahir par l'émotion au moment où son avocat lui rappelle un message "hyper violent, de psychopathe", envoyé depuis le portable de Narumi Kurosaki, contrastant réellement avec les messages qu'elle envoyait auparavant.

Il répond ensuite aux questions de l'avocat général Etienne Manteaux, qui aborde à nouveau la chronologie complète des faits.

Me Laffont, avocate de l'accusé n'a qu'une seule question pour Arthur Del Piccolo : "Est-ce qu'à l'époque vous pensiez possible que votre petite amie de l'époque disparaisse totalement pendant 9 jours, de ses cours, de son domicile, de sa vie, sans donner la moindre nouvelle ?"

"Je l'ai dit, j'avais une certaine colère, une certaine tristesse, mais également une incompréhension. Vous me demandez si je croyais à ces messages, j'y croyais dans une certaine mesure mais j'étais dominé par l'incompréhension" conclut le jeune homme en toute fin de témoignage.

"C'était encore plus douloureux, parce que je m'en doutais au fond de moi"

11h34 : La parole est ensuite aux différentes parties, avec comme à chaque fois les questions de Sylvie Galley, avocate de la soeur et la mère de Narumi Kurosaki puis Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo suivies d'Etienne Manteaux, avocat général puis Jacqueline Laffont, avocate de l'accusé. 

"Vous adressez à Narumi Kurosaki le 4 décembre à 21h09, un message lui disant - ça va chérie ? - et elle vous répond - oui mon chéri, et toi ? - Elle dîne alors avec Nicolas Zepeda. Cela n'impacte à ce moment-là pas votre relation, on le sent" rappelle Me Galley.

"Quand est-ce que vous comprenez qu'elle est morte ?" demande Me Schwerdorffer à son client. "C'est lorsque la Police Judiciaire est venue directement à mon travail pour m'annoncer qu'elle avait été tuée et que le suspect était Nicolas Zepeda. J'étais en larmes évidemment. J'ai réalisé qu'il n'y avait plus d'espoir. C'était encore plus douloureux, parce que je m'en doutais au fond de moi" dit le jeune homme. L'accusé est toujours aussi attentif dans son box. 

11h15 : "Pourquoi avez-vous dit que l'accusé est très très intelligent ?" demande le président de la cour Matthieu Husson. "De ce que j'ai compris cette personne semble vraiment, comment dire... Cette personne prévoyait les choses bien en avance et arrivait facilement à faire comprendre aux autres son opinion. Un certain sens de la manipulation. Pour faire comprendre aux autres qu'il a raison. Un sens de la réthorique assez élevé" développe Arthur Del Piccolo.

"Elle m'a dit qu'il semblait fou, car il n'était pas d'accord avec la rupture et qu'il avait même évoqué la possibilité de venir en France pour essayer de la récupérer. Qu'un étudiant du Chili vienne jusqu'en France pour récupérer son ex, c'était inimaginable pour moi" dit Arthur Del Piccolo.

11h02 : L'homme, désormais assistant commercial, avait rédigé avec Shintaro Obata une note "assez complète" indique le président, concernant l'historique des agissements de la Japonaise depuis le 2 décembre. Il avait en fait commencé l'enquête pour retrouver la trace de sa petite-amie Narumi Kurosaki. Les policiers avaient d'ailleurs commencé par le soupçonner en premier lieu. Ils l'avaient mis sur écoute et sous surveillance. Cela n'avait strictement rien donné. 

Le 12 décembre je suis rentré dans sa chambre grâce à la femme de ménage. J'étais inquiet. Il y avait sa veste et son écharpe. Pour moi, c'était incompréhensible qu'elle aille à Lyon sans prendre sa veste. 

Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi Kurosaki

"Je pense que ce n'est pas la vérité"

10h48 : "C'était extrêmement difficile. J'avais un mélange de colère et de tristesse. Mais je ne voulais pas forcément le montrer aux étudiants qui étaient devant la porte avec moi" rapporte le jeune homme qui se souvient bien du moment où il a reçu un message du téléphone de Narumi lui disant qu'elle avait rencontré un autre homme.

"Monsieur Zepeda nous a expliqué que Narumi était avec lui dans la chambre au moment où elle vous a envoyé ce message" l'interroge Matthieu Husson. "Je pense que ce n'est pas la vérité" dit calmement Arthur Del Piccolo.

"Dans ces messages elle vous reproche exactement ce qu'elle reprochait à Nicolas Zepeda, et ce même avec le mot possessif qui apparaît au moins une fois" note le président Matthieu Husson. 

10h36 : "Elle semblait inquiète dans son message. Je pense qu'il y a quelque chose qui s'est passé ce soir-là à l'époque (ndlr, le 4 décembre). J'étais étonné, je voulais connaître la raison de son inquiétude. J'ai insisté pour aller la voir, mais elle m'a dit qu'elle préférait qu'on en parle les jours suivants. Finalement, je ne suis pas allée la voir" se rappelle monsieur Del Piccolo. Le lendemain, la Japonaise n'ira pas en cours et personne ne la reverra. 

10h15 : Arthur Del Piccolo répond aux questions du président de la cour Matthieu Husson. Il dit notamment que la victime lui avait parlé des problèmes qu'elle avait avec son ex-petit ami et notamment du piratage de ses réseaux sociaux. "Elle avait fondu en larmes dans la laverie. Il semblerait que cette personne la privait d'une certaine manière de sa liberté. Cela m'a beaucoup touché, car j'ai moi-même vécu une expérience similaire. Je lui ai dit d'aller de l'avant et qu'elle termine cette relation si elle pensait que c'était la bonne chose à faire" détaille Arthur Del Piccolo, en direct du Japon.

"Où est Narumi ? On a besoin de ses réponses pour faire notre deuil"

10h03 : Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi Kurosaki de l'époque, est à présent entendu. Ce témoignage est très attendu par la cour. Le jeune homme, vêtu d'une chemise en jean foncée, vit désormais à Tokyo. Il retire son masque avant de s'exprimer en français, de manière très claire. 

"À l'époque des faits j'étais le petit ami de Narumi. On a commencé notre relation au mois de septembre 2016. C'était une belle histoire d'amour. On faisait beaucoup d'activités ensemble. On a même fait un voyage ensemble à Bruxelles. On avait des projets. En décembre, je comptais la présenter à ma famille pour Noël. Je suis passé par plusieurs phases d'état émotionnel. J'ai vécu d'abord une rupture donc tout un tas d'émotions, la colère, la tristesse, l'incompréhension. Mais globalement en cette semaine du 5 décembre c'est vraiment la tristesse qui a pris le dessus. Puis la semaine d'après, une inquiétude a grandi" exprime calmement le jeune homme, dans un discours poignant. "La PJ m'a annoncé quelques jours avant Noël que Narumi avait été tuée et qu'il n'y avait qu'un suspect, Nicolas Zepeda. Je me présente devant vous aujourd'hui pour deux raisons. Je suis ici pour témoigner en mémoire de Narumi aux côtés des parents et ce pour obtenir justice. Je m'adresse à Nicolas Zepeda, pour obtenir une réponse à ce qu'il s'est passé la nuit du 4 au 5 décembre 2016" déclare spontanément le jeune homme.

Pourquoi, comment, dans quelles circonstances ? Et surtout une question très importante... Où est Narumi ? On a besoin de ses réponses pour faire notre deuil.

Arthur Del Piccolo, petit ami de la victime au moment de sa disparition

9h45 : Me Laffont, avocate de Nicolas Zepeda, reprend comme à son habitude les éléments dits précédemment avant de poser une question. Elle fait répéter le témoin concernant la provenance des bruits entendus dans la nuit du 4 au 5 dans la cité universitaire. Elle l'interroge aussi sur son sentiment quand il est allé porter plainte au commissariat de Besançon, le 10 décembre. "Le retard dans les démarches de recherches n'est pas à imputer à Nicolas Zepeda" conclut l'avocate parisienne.

9h33 : Me Galley, avocate de la mère et la soeur de la victime, fait préciser le caractère de Narumi Kurosaki au témoin. Il se souvient d'une étudiante "très ouverte" et "qui ne craignait pas les personnes d'autres cultures". "Elle était très autonome, indépendante" dit-il.

Me Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, fait réagir le témoin au sujet de son client. "Quelqu'un de très gentil et très actif" dit Shintaro Obata.  "Monsieur Zepeda dit qu'il a fait à plusieurs reprises l'amour dans la chambre juste à côté de la vôtre avec Narumi Kurosaki. Dans la nuit du 4 au 5, la journée du 5, la nuit du 5 au 6... Avez-vous entendu des bruits faisant penser à une activité sexuelle dans la chambre de Narumi ?" demande l'avocat bisontin. "Non" répond l'étudiant.

9h05 : "Nous avons essayé de savoir, de différentes manières, où se trouvait Mlle Kurosaki" poursuit Shintaro Obata. L'étudiant ne se souvient pas de tous les détails, plus de 5 ans après. Il s'était rendu devant la chambre de l'étudiante avec Arthur Del Piccolo, rappelle le président Husson. Et d'ajouter :  "J'ai l'impression que les souvenirs sont flous." 

L'accusé toujours aussi attentif aux dépositions

8h50 : "J'ai entendu des cris en pleine nuit. Cela m'a réveillé. Sur le moment j'ai pensé à des étudiants qui s'amusaient mais c'est en combinant avec d'autres éléments, par exemple les messages bizarres ou l'absence de Narumi qui se poursuivait, que j'ai conclu que le bruit et ces cris provenaient de la chambre de Mlle Kurosaki" explique le témoin.  "Lors de votre premier audition vous avez mentionné des bruits sourds qui venaient de loin, rappelle le président Husson. Cela ne vous a pas semblé si près. C'était quels genres de bruits ?" 

"Je me souviens vaguement que cela ressemblait à des coups donnés sur quelque chose, mais je n'avais pas l'impression que les bruits venaient de la chambre d'à-côté" confirme le jeune homme.

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L'accusé Nicolas Zepeda est dans son box avec un masque sur le visage et son casque de traduction sur les oreilles. Il porte aujourd'hui une chemise blanche et toujours sa cravate bleue. Il écoute toujours aussi attentivement les débats. 

8h45 : Shintaro Obata se souvient des messages reçus par lui-même et les camarades de Narumi après la disparition officielle de la Japonaise. "Aucun message en japonais n'a été reçu. Cela nous a paru vraiment bizarre. Cela a été probablement le début de notre inquiétude."

8h38 : La victime n'a pas signalé au témoin de problèmes de racisme qu'elle aurait subi en France. Nicolas Zepeda avait mentionné ce point. Selon lui, la Japonaise vivait mal son intégration à Besançon en raison de son origine asiatique. Shintaro Obata mentionne juste une adaptation complexe aux cours en français. "Quelque chose de classique pour un étudiant étranger donc" ponctue le président. 

Il s'exprime ensuite au sujet d'Arthur Del Piccolo. "J'ai tissé à Besançon un lien d'amitié avec cette personne. J'ai entendu dire qu'ils étaient en couple avec Narumi Kurosaki. C'est en France qu'ils sont devenus amoureux. Ils ne s'exposaient pas outre mesure" dit-il. Pour rappel, ses propos sont traduits en direct grâce à un interprète français-japonais présent dans la salle d'audience.  "Le couple allait bien. Tous les deux allaient bien à l'époque".

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Le voisin de chambre de Narumi Kurosaki et ami proche témoigne

8h20 : Shintaro Obata, le voisin de Narumi Kurosaki et ami proche lors de son séjour en France s'installe face caméra.  "En ce qui concerne l'incident qui s'est produit en décembre 2016 je ne me rappelle pas très bien. En revanche je me souviens être allé dans la chambre de Mlle Kurosaki et être allé à la police. J'ai participé en quelques sortes aux recherches" explique le jeune homme de 26 ans qui occupait la chambre 107, juste à côté de celle de la victime, et qui est présenté par la cour comme son confident. Il répond ensuite aux questions du président de la cour Matthieu Husson.

Il avait décrit aux enquêteurs Narumi Kurosaki comme étant très sociable, épanouie, sans difficulté psychologique, qui ne se droguait pas, ne buvait pas, ne fumait pas. 

8h10 : L'audience débute avec une intervention de l'avocate de la défense qui souhaite intervenir au sujet de mails produits par Zepeda, après la remise en cause par les parties civiles de la véracité de ces derniers. 

La journée de mardi fut longue pour Nicolas Zepeda, interrogé pendant 7h et mis sous pression par l'accusation (relire notre article). Ce mercredi s'annonce décisif puisque les proches de la victime Narumi Kurosaki doivent s'exprimer dès 8h, en visioconférence depuis le Japon. La déposition de Shintaro, ami proche de Narumi Kurosaki et d'Arthur Del Piccolo, petit ami de la victime au moment de sa disparition, doivent avoir lieu. S'en suivront les témoignages de la soeur et de la mère de l'étudiante japonaise, présentes depuis le début du procès sur le banc des parties civiles. Elles s'exprimeront donc en direct de la salle d'audience.

Le procès du Chilien Nicolas Zepeda, soupçonné d'avoir tué son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki entre le 5 et le 6 décembre 2016 à Besançon, s'est ouvert le 29 mars. Il doit durer 11 jours. 

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