Le 6e jour de procès de Nicolas Zepeda, accusé de l'assassinat de Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon a eu lieu ce mardi. Les éléments génétiques sont détaillés dans la matinée avant l'interrogatoire de l'accusé en début d'après-midi. Revivez cette journée en détails.
► Pas le temps de lire l'intégralité des débats de la sixième journée ? Vous pouvez lire cet article : Procès Zepeda à Besançon : l'accusé nie toujours avoir assassiné la victime, ce qu'il faut retenir de la 6e journée de procès
L'audience est levée, elle reprendra ce mercredi à 8h avec la déposition de Shintaro, ami proche de Narumi Kurosaki et d'Arthur Del Piccolo, petit ami de la victime au moment de sa disparition, depuis le Japon.
20h41 : "Votre père a-t-il financé votre voyage ?" demande Me Laffont. "Non, j'ai financé mon voyage moi-même" répond le Chilien.
20h31 : La parole est à Me Laffont, avocate de Nicolas Zepeda. Nous sommes bientôt dans la 7e heure d'interrogatoire de l'accusé. L'avocate parisienne pose des questions très fermées à son client qui acquiesce par quelques mots à chaque fois.
20h30 : L'avocat général dit ne plus avoir de questions. Après les derniers mots d'Étienne Manteaux, le père de Nicolas Zepeda a secoué la tête, visiblement énervé.
"Vous n'avouerez pas, c'est votre droit. Je ne crois pas que c'est votre intérêt. Je crois même que ce n'est pas du tout votre intérêt. Mais c'est votre droit." - Etienne Manteaux, avocat général #proceszepeda #NarumiKurosaki pic.twitter.com/JSW5BUt3uP
— Sarah Rebouh (@srebouh) April 5, 2022
20h11 : L'avocat général est toujours en train d'interroger l'accusé, qui ne plie pas malgré les questions pressantes et les injonctions d'Etienne Manteaux. "Vous ne croyez pas qu'il est temps de dire les choses là" demande l'avocat général, avec une mine un peu défaite. "Mais enfin..." ponctue-t-il.
Je ne risque rien, aucun juge chilien ne m'extradera écrit à son cousin monsieur Zepeda.
Etienne Manteaux, avocat général
19h50 : L'accusé répond aux questions de la cour depuis presque 6h. Le public rigole après une réplique de l'avocat général : "Vous avez donc pris le meilleur des coutumes japonaises monsieur Zepeda". L'accusé a dit gardé les sachets de préservatifs sur lui, car au Japon, on ne remplit pas la poubelle avec ses détritus lorsqu'on est invités quelque part.
La mère de la victime fixe l'accusé gravement.
19h30 : L'accusé avoue du bout des lèvres être venu au campus de la Bouloie de Besançon pour voir Narumi... puis explique finalement que cela n'était pas si clair dans sa tête. "C'est stupide de nier ça !" s'emporte l'avocat général, Etienne Manteaux.
"Vous êtes fort monsieur Zepeda, très très fort !" lance l'avocat général, qui poursuit son interrogatoire. "Moi je ne vous crois pas" dit-il, concernant le fait que ce soit la victime qui soit venue taper spontanément à la vitre de sa voiture.
"Je n'ai pas de cours à recevoir de monsieur Zepeda !"
19h19 : La parole est à l'avocat général Etienne Manteaux. Il questionne l'accusé quant au piratage des comptes sociaux de Narumi Kurosaki, prouvés par les analyses des experts informatiques japonais. Il aborde aussi les agissements numériques des protagonistes.
"Je n'ai jamais fait ça" dit le Chilien. L'avocat général s'agace face à l'attitude de l'accusé : "En clair, avez-vous surveillé les comptes de Narumi ?! Est-ce qu'il pourrait répondre au lieu de faire le professeur. Je n'ai pas de cours à recevoir de monsieur Zepeda !"
C'est elle qui va rompre. Ce n'est pas du tout vous !
Etienne Manteaux, avocat général
18h35 : "Pensez-vous qu'il serait possible de faire une courte pause pour monsieur Zepeda ?" demande l'avocate de la défense Me Laffont. Une suspension de 20 minutes est acceptée.
18h20 : "Vous nous prenez pour des idiots quand même ?" s'emporte le ténor du barreau bisontin au moment où l'accusé maintient qu'il ne savait pas qu'elle avait une relation avec Arthur Del Piccolo.
"Vous rentrez dans sa chambre, vous êtes jaloux comme c'est pas permis, et vous ne vous rendez pas compte qu'il y a dans cette chambre truffée d'Arthur Del Piccolo, des photos de son nouveau petit ami ? Soit vous êtes aveugle, soit idiot, ce que je ne pense pas que vous soyez" lance l'avocat, qui monte le ton et s'adresse frontalement à l'accusé.
"Ces photos n'étaient pas dans la chambre, ce serait bien d'ailleurs de pouvoir les voir" dit Nicolas Zepeda. "On va les voir, détendez-vous" lance Randall Schwerdorffer, appuyé à la barre devant la cour.
18h10 : "Pourquoi vous ne voulez pas avouer, ne serait-ce que ça, que vous êtes allé dans la résidence universitaire ? C'est trop ?" demande l'avocat bisontin. Le Chilien maintient qu'il n'est "pas cette personne" qui a rôdé et qui s'est introduite dans la cité universitaire. Il le répète plusieurs fois.
Quel serait l'intérêt de l'enquêteur de faire une fausse déclaration ?
Me Schwerdorffer à l'accusé
"Je vais vous dire pourquoi vous mentez" dit Me Schwerdorffer en citant les déclarations de l'accusé en septembre 2017. À l'époque, l'accusé disait l'inverse de ce qu'il nous dit aujourd'hui concernant certains points précis. "Vous avez une façon d'adapter les réponses que vous faites en fonction des événements qui est stupéfiante".
"Non pas du tout, il n'y a pas d'incohérence. L'inspecteur a voulu sûrement simplifier le récit" répond, en soupirant l'accusé dans son box.
"Vous lui avez fait quoi à Narumi ?"
18h : Nicolas Zepeda : - S a disparition me fait de la peine.
Me Galley : - Qu'est-ce qu'elle fait alors Narumi depuis 5 ans et demi ?
- Croyez-moi, j'aimerais aussi savoir.
- Vous lui avez fait quoi à Narumi ?
- Rien.
- Les cris, monsieur Zepeda. 2 minutes de cri continu, strident. Un silence. À nouveau 2 minutes de cri. Puis à nouveau 2 min. De hurlements.
- Je n'ai rien entendu de tout cela.
- Je n'ai plus de question.
- Merci madame.
Me Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, débute ensuite son interrogatoire.
17h52 : L'interrogatoire se poursuit et continue à aborder des détails qui peinent à faire avancer le débat. L'accusé est toujours appuyé sur la barrière de son box et répond aux questions depuis maintenant 4 heures.
"Qu'avez-vous fait des préservatifs ? Comment expliquez-vous qu'on ne les ait pas retrouvés ?" demande Me Galley. " Je les ai jetés dans les toilettes" répond le Chilien parlant d'un acte réflexe.
17h22 : " Vous êtes victimes de coïncidences incroyables puisque le rôdeur apparait quand votre voiture est localisée juste devant le bâtiment dont il fait le tour" note Me Galley. "Je n'étais pas du tout à l'endroit où cette personne se trouvait" maintient l'accusé Nicolas Zepeda.
Les questions tournent ensuite autour des tenues que portaient les protagonistes au moment de leurs rencontres sur le campus, puis du repas qui a, selon l'accusé, eu lieu dans le prolongement de cette rencontre.
17h07 : Nicolas Zepeda maintient être rentré le 4 décembre pour la première fois dans le bâtiment de la victime. "Madame la témoin vous a formellement identifié" tente Me Galley, après la première tentative du président Matthieu Husson. "Je ne sais pas pourquoi elle m'a identifié, répète le Chilien. Je suis en dehors de cette situation."
Me Galley cite également Rachel, cette témoin britannique qui l'a elle aussi vu dans la résidence universitaire de la Bouloie. L'accusé reste impassible, malgré les assauts précis et incisifs de l'avocate de la famille de Narumi Kurosaki, notamment au sujet de ses achats du 1er décembre.
Ce bidon de combustible, je vous avoue que je reste perplexe. Vous avez fait combien d'aller-retour avant d'acheter ce bidon entre Besançon et Dijon ? Vous avez vu des stations essence partout... Vous jetez le contenu où monsieur Zepeda ?
Me Galley, avocate de la mère et la soeur de la victime
16h50 : La parole est aux avocats des parties civiles, Me Galley pour débuter, puis Me Schwerdorffer. L'avocate bisontine reprend point par point le déroulé des faits selon l'accusé, en posant des questions précises plaçant directement l'accusé sous pression face aux incohérences de ses propos.
"Vous aviez quoi dans votre valise de 18kg au moment de votre arrivée à l'aéroport ? C'est énorme 18kg" demande Me Galley. "J'avais pensé à prendre des sous-vêtements pour ne pas avoir à les laver" dit le jeune homme. "18kg de sous-vêtements..." dit calmement Me Galley tout en rappelant que le Chilien avait dit plus tôt durant le procès ne pas avoir pris beaucoup d'affaires pour son voyage en Europe.
Suspension d'audience avant les questions des parties civiles, de l'avocat général et de la défense.
16h22 : Le président Matthieu Husson le questionne ensuite sur le bidon de combustible et sur le détergeant qu'il a acheté à Dijon.
"J'ai fait une tâche en mangeant sur le siège du passager. Il y a un supplément si on rend la voiture de location avec des tâches. J'ai acheté un spray multi usages, c'est moins fort que ce que vous dites. Il y avait une offre sur les bidons de combustible. Je voulais un contenant car peut-être j'en aurais besoin, c'est pour ça que j'ai acheté ce bidon" répond l'accusé.
16h12 : "Alors le 1er décembre 2016, vous avez dit être allé près de Dole, de nuit pendant 2h42, dans un but touristique, pour les illuminations de Noël" continue le président Matthieu Husson poursuivant son interrogatoire malgré les réponses développées mais vagues de l'accusé.
"Bon...", "Hum...", "Mouais..." ponctue plusieurs fois le président Matthieu Husson durant son interrogatoire qui dure maintenant depuis 2h.
Non seulement, vous prenez un trajet plus long, pas un trajet touristique, et vous vous éloignez encore plus alors que vous allez à Besançon, votre destination finale. Personne ne va là, sauf si on y habite.
Matthieu Husson, président de la cour d'assises
15h52 : "Revenons à la journée manquante, la journée du 5 décembre. Narumi Kurosaki passe la journée avec vous car elle n'est pas allée en cours. Qu'avez-vous fait ?" demande monsieur le président Husson. "Le matin on est restés au lit. Après on a mangé, on a regardé un film. On a fait une sieste car on s'est endormis pendant le film. Des gens ont toqué à la porte. Et ensuite on a fini le film" répond l'accusé, tout en précisant par la suite avoir fait l'amour avant le film, avec la victime.
La mère de l'accusé, toujours dans la salle d'audience à côté de son mari, est sur son portable en continu. Elle semble ailleurs. Le père de Nicolas Zepeda est attentif, concentré.
15h30 : "Pourquoi Narumi n'est pas allée en cours le lendemain ?" "Peut-être qu'elle préférait rester avec moi. Il pleuvait" justifie l'accusé.
15h24 : "Vous me disiez que Narumi et vous aviez une relation de confidents quelques instants avant. Comment est-ce que cela a basculé dans une relation amoureuse ?" questionne le président Matthieu Husson. "C'est un moment de détente. C'est un moment où Narumi rentre dans un lieu à elle, et on se relaxe et il y a une détente" exprime l'accusé.
"Détente, relation sexuelle ? Sur le lit ?" poursuit le président. "C'est un moment d'affection, de rapprochement, un joli moment" dit Nicolas Zepeda. "Oui cela n'empêche pas qu'il y a des faits. Je demande si c'est sur le lit". "Oui la première fois oui".
Concernant les cris d'horreur entendus par de nombreux témoins le soir de la disparition de la victime. "Ce sont des personnes qui ont raconté ce qu'elles ont vécu. Comme elles je pense que c'est quelque chose d'étrange et je pense qu'il faudrait continuer à chercher pour comprendre ce qu'il s'est passé" dit l'accusé, ayant indiqué s'être lui endormi à 2h dans la chambre de la Japonaise et n'avoir rien entendu.
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"J'étais le confident de Narumi"
15h10 : "À ce moment-là, vous n'aviez pas connaissance que Narumi avait un petit copain. Est-ce que vous êtes dans l'état d'esprit d'envisager à nouveau quelque chose ?". "Non, j'étais le confident de Narumi. On avait une relation de fraternité. Elle me confie des choses qu'elle ressent et je la sens un peu déçue, un peu inquiète, elle avait d'autres attentes. J'avais beaucoup d'affection pour elle" dit l'accusé, sans qu'on réussisse réellement à comprendre sa réponse .
"Vous aviez évoqué des problèmes d'intégration pour Narumi Kurosaki. Vous confirmez ?" poursuit le président. "On a parlé pendant des heures. Elle était préoccupée elle trouvait la situation désagréable" répond le Chilien sans plus de précisions.
14h58 : L'accusé craque et se met à pleurer assez vivement quand il rapporte à la cour le moment où il a rencontré la victime, " quand elle est venue toquer à la fenêtre passager" de son véhicule de location.
Il poursuit son propos et continue à répondre aux questions du président de la cour d'assises.
"Pourquoi être allés manger à Ornans ?" demande le président Husson. "En fait, je me suis aperçu que la nuit d'avant j'avais vu qu'il y avait un restaurant près de mon hôtel. Je lui ai proposé, je savais que c'était ouvert et elle a dit oui ok, d'accord on y va" explique l'accusé.
14h40 : "La question est de savoir ce que vous faisiez à Besançon pendant ce séjour ?" poursuit le président. "C'est vrai, j'ai passé plus de temps que prévu au campus de Besançon, parce que c'était un endroit confortable. J'ai passé mon temps à regarder une série sur mon portable, sinon je me reposais" répond l'accusé.
"Dites-nous dans quelles circonstances vous vous êtes rencontrés donc avec Narumi Kurosaki ?" insiste Matthieu Husson. "Le moment où j'ai rencontre Narumi est quand elle a toqué à la vitre passager de mon véhicule. Elle était surprise, elle était contente" maintient l'accusé.
"Bon, je n'ai pas de réponse à ma question..."
14h35 : Selon l'accusé, et contrairement à ce que supposent les enquêteurs, les vêtements achetés chez H&M n'avaient pas vocation à être portés pour le repas avec Narumi Kurosaki.
"Donc à partir de quand ça devient plus clair que vous allez la rencontrer ?" demande le président Matthieu Husson. "Quand la situation se produit, c'est là que j'ai eu la certitude de la voir, avant je ne savais pas" dit l'accusé.
Il fait reformuler le président puis répond avec flegme : "Ce blazer je ne l'ai pas mis avant. Après le moment où Narumi a toqué à ma voiture oui je l'ai mis". "Bon, je n'ai pas de réponse à ma question mais nous allons avancer..." dit le président de la cour, avant de poursuivre son interrogatoire.
14h22 :
Le président de la cour Matthieu Husson : "Est-ce que c'est vous sur la vidéosurveillance ?"
L'accusé Nicolas Zepeda : "Non, ce n'est pas moi".
Matthieu Husson : "Les éléments de description, est-ce une coïncidence ?"
Nicolas Zepeda : "Je ne me souviens pas ce que j'avais dans ma valise exactement. Je ne me reconnais pas. Je ne reconnais pas le lieu. Ni l'action, ni le lieu, ni la personne."
14h11 : "Je trouve que c'est une situation qui n'est pas reliée à moi. Je ne me reconnais pas dans cette action" poursuit le Chilien, concernant les déclarations des deux personnes disant l'avoir vu pleurer dans la cuisine du bâtiment de la victime au campus de Besançon, quelques jours avant la disparition de Narumi Kurosaki.
"Oui, c'est lui, je ne l'oublierai jamais. Cela m'a marqué. Je n'ai aucun doute" a précisément expliqué la veille, face à la cour, la jeune femme qui a discuté dans la cuisine avec l'accusé le 2 décembre.
"J 'ai trouvé ce témoignage très bizarre"
14h : L'audience reprend avec l'interrogatoire de Nicolas Zepeda, suite aux éléments dévoilés en amont. La salle d'audience est pleine.
"Vous avez indiqué que vous n'êtes jamais entré dans le bâtiment avant le 4 décembre" détaille le président à la demande de l'accusé, qui lui réclame d'emblée d'être plus précis dans sa question.
"La première fois que j'entre dans ce bâtiment c'est avec Narumi" répond simplement l'accusé. "J'ai écouté attentivement le témoignage, j'ai trouvé ce témoignage très bizarre. Je ne suis pas cette personne-là" dit l'accusé, maintient ne pas être la personne vue dans la cuisine du bâtiment universitaire contre la version de plusieurs témoins pourtant formels.
Le cousin de l'accusé, témoin clé, devait être entendu. Il ne témoignera pas malheureusement. Il se trouve au Chili et ne peut donc pas être contraint par la justice française de le faire.
L'audience est suspendue jusqu'à 14h.
12h19 : Passe d'armes à l'instant entre l'avocate de la défense et le président Husson au sujet d'une analyse d'une touffe d'herbe. L'audience est suspendue jusqu'à 14h.
On apprend de la part de Me Laffont, avocate de la défense, que les touffes d'herbe retrouvées sous la voiture ont été analysées par des experts. Aucun lien n'a pu être fait entre l'herbe retrouvée et celle prélevée sur une zone définie par les experts dans la forêt de Chaux.
"Quel que soit le secteur prélevé, qui n'est même pas forcément le bon d'ailleurs, je suis perplexe sur l'intérêt d'une telle expertise" tranche le président Matthieu Husson.
"Plus de 3000 km faits en hiver, et deux passages au Karcher du client suivant" ajoute Etienne Manteaux, avocat général, allant dans le sens du président Husson. L'avocate Me Laffont ne lâche pas, mais Matthieu Husson non plus : "Ce n'est pas pour polémiquer, je pense que cette expertise ne pouvait de toute façon rien donner".
Une voiture de location rendue "vraiment sale" selon le client suivant l'accusé
12h00 : le témoin suivant est celui qui a loué la voiture, juste après Nicolas Zepeda. C'est lui qui a signalé qu'elle était sale. "Il y avait beaucoup de terre à l'intérieur, côté conducteur, et à l'extérieur. C'était comme un 4x4 qui a été conduit dans des chemins de terre à la campagne" dit le témoin. "Dans le coffre il n'y avait aucun souci" précise l'homme à la barre, qui a lui même nettoyé la voiture. "J'ai essayé de nettoyer la terre sous le carter, mais il y avait plein de terre et des branches" ajoute le témoin.
Il a aussi signalé une bosse sur l'un des pneus et des rayures sur la jante. Une photo du pneu en question est projetée dans la salle. Des rayures apparaissent effectivement de manière prononcée sur la jante arrière gauche du véhicule.
Il est formel, la voiture était "vraiment sale". "Avec des touffes d'herbe bloquées sous l'avant de la voiture" fait confirmer l'avocat général Etienne Manteaux.
L'homme suppose que les deux employées qui ont récupéré le véhicule se sont trompées en examinant le véhicule. La défense, déterminée à exploiter le moindre détail, note qu'un contrat a été signé et que l'individu n'a fait aucune mention écrite de la saleté du véhicule. Il insiste, la voiture était sale.
Nicolas Zepeda calme et charmant après la disparition de Narumi Kurosaki
11h40 : L'état dans lequel a été rendu le véhicule est débattu par la cour. "Une voiture pas spécialement sale, en état d'usage, ce sont vos propos. Aujourd'hui vous nous dites que les véhicules sont garés et stationnés dans un garage sombre... Si ce véhicule avait été couvert de boue, par exemple comme un 4x4, c'est ce que dit le locataire suivant, est-ce que vous ne l'auriez pas remarqué ?" demande Me Laffont, avocate de l'accusé.
"Honnêtement, je ne me souviens pas très bien" répond la Britannique. "De vos constatations il n'y avait pas un état qui avait attiré votre attention" conclut Me Laffont, en reformulant plusieurs fois les propos de la témoin. "Non" dit la cheffe d'agence de location de voitures.
11h25 : Témoin suivant : une jeune femme de 27 ans, cheffe d'agence dans la location de voiture. C'est elle qui a réceptionné la voiture de location du Chilien après son passage en Franche-Comté. Elle a échangé avec lui, en anglais notamment. Un homme "souriant", "charmant". "On a parlé d'où il allait après, à Barcelone. Il avait un accent américain plutôt. Il parlait bien anglais" explique la jeune femme de nationalité britannique, tout en précisant que le Chilien a pris en notes les conseils touristiques qu'elle lui avait donnés.
Une autre témoin interrogée la veille, d'origine écossaise, a également dit avoir croisé Nicolas Zepeda dans les cuisines du bâtiment universitaire de la victime et qu'il s'était exprimé avec un accent américain. Ce dernier nie pourtant s'y être rendu à ce moment-là.
11h07 : L'audience reprend avec l'interrogatoire par la cour d'une témoin, réceptionniste travaillant dans l'hôtel dijonnais dans lequel a séjourné Nicolas Zepeda à son départ de France, le 6 décembre au soir. "Rien ne m'a frappé dans son comportement" dit-elle. Le président rappelle qu'elle a mentionné aux enquêteurs que le jeune homme était charmant et s'exprimait dans un très bon anglais.
L'avocat général Etienne Manteaux a voulu que cette témoin s'exprime pour caractériser l'attitude à priori tranquille de l'accusé, après la disparition officielle de la victime Narumi Kurosaki.
L'audience est suspendue jusqu'à 11h.
10h30 : Le deuxième expert s'avance à la barre. Christophe Petit a travaillé également sur les ADN des protagonistes. Il confirme les propos de l'expert interrogé juste avant lui.
Que s’est-il passé au restaurant ? Que s’est-il dit dans le véhicule qui le ramenait à la résidence universitaire ? Que s’est-il passé dans la chambre ?…Nicolas Zepeda est je pense dans une situation où il va devoir apporter des réponses, et pas seulement se contenter de tourner autour des questions et ne pas y répondre comme il a l'habitude de le faire.
Me Galley, avocate de la famille de Narumi Kurosaki
L'ADN de l'accusé bien prélevé au Chili
"Monsieur Nicolas Zepeda a reconnu qu'il était dans la chambre, spontanément aux autorités chiliennes. Ce n'était pas une volonté de dissimulation de ne pas donner son ADN" fait valoir l'avocate de l'accusé Me Laffont. Me Benedetti, sa consoeur, précise que le prélèvement ADN avait bien été fait au chilien dans son pays d'origine, mais que les autorités chiliennes avaient refusé de les envoyer aux autorités françaises.
10h18 : La défense interroge désormais l'expert Rémi Hienne. Julie Benedetti, avocate de Nicolas Zepeda, remercie entre autres l'expert d'avoir rappelé que lorsque des ADN se retrouvent sur un polochon, la thèse la plus probable est que les personnes concernées ont dormi sur ce dernier.
"À l'issue des premières expertises de la voiture, peu exploitables comme vous l'avez dit, pouvez-vous nous rappeler les résultats de ses nouveaux résultats plus intéressants ?" demande aussi l'avocate. "Ces prélèvements ont été faits courant mars 2017. L'idée c'était de retrouver d'infimes traces encore présentes sur des zones moins touchées, moins sujettes à nettoyage. L'ensemble des analyses a abouti à l'exclusion de l'ADN de madame Narumi Kurosaki" conclut l'expert en génétique.
Me Laffont poursuit et fait confirmer l'expert quant au drap qui se trouvait sur le lit de la victime et qui a été expertisé : " Si vous n'avez pas procédé à une analyse plus approfondie de ce draps du dessus, c'est parce que vous n'avez relevé aucune trace ?" Il confirme.
"Étonnant de ne retrouver aucune trace"
10h05 : "X4, c'est monsieur Zepeda parce qu'il a refusé de fournir son ADN. Il faudra attendre son extradition pour qu'il puisse être prélevé" tient à préciser Etienne Manteaux, avocat général avant d'interroger l'expert de la matinée Rémi Hienne.
"Pour un couple dont monsieur Zepeda nous dit que pendant 29h, ils sont restés dans la chambre et qu'il dit qu'il y a eu 3 ou 4 phases de rapport, dont deux avec éjaculation avec la victime, est-il concevable, dans une chambre de 9m2, qu'il n'y ait aucune trace de fluide corporel sur un drap ?" interroge Etienne Manteaux, qui ne croit pas à la thèse de la nuit torride entre les deux étudiants.
"Cela paraît un peu étonnant de ne retrouver aucune trace. Même quand on dort, on peut laisser des traces de salive. Visuellement, là on a rien. Quand il y a des rapports sexuels même protégés on peut avoir des pertes. Ces pertes peuvent se retrouver sur le drap du dessous, et pas du dessus, mais on n'a pas eu le drap du dessous. C'est difficile de savoir ce qu'il s'est passé avec certitude" répond l'expert.
"L'auteur des faits peut-il effacer toute trace de sa présence quand il reste 24 heures, sur une scène de crime ?" poursuit Etienne Manteaux.
"On oublie toujours des endroits, il faut l'avoir à l'esprit. Sauf passer sur la totalité de la surface, sol, murs... Des traces peuvent toujours être retrouvées. On a souvent des traces persistantes" répond Rémi Hienne.
9h55 : "Monsieur Zepeda dit avoir passé entre un ou deux jours dans cette pièce" interroge le président Matthieu Husson. "Automatiquement on va retrouver des traces ADN de cette personne, également sur certains prélèvements. Là on retrouve son ADN sur un mug. S'il y passe un jour ou deux, le fait de retrouver son ADN dans la salle de bain, on peut imaginer qu'il ait utilisé le lavabo" précise Rémi Hienne.
9h40 : La trappe de coffre de la voiture de location utilisée par Nicolas Zepeda en Bourgogne-Franche-Comté, cette même voiture dont le GPS a permis de définir l'ensemble des déplacements du Chilien, a été passé au peigne fin par les experts génétiques. "Pour 5 prélèvements sur 6, il ne peut pas être exclu qu'elle ne fasse pas partie des contributeurs" dit Rémi Hienne, en parlant de la victime Narumi Kurosaki, précisant qu'il n'y a cependant aucune certitude. Le coffre dans son ensemble a également été analysé ainsi que les sièges du véhicule. Cela n'a rien donné.
9h35 : Sur le rebord inférieur du lavabo de la chambre universitaire de Narumi Kurosaki, "le profil X4, apparenté à Nicolas Zepeda" a également été relevé. On retrouve un mélange d'ADN de Narumi Kurosaki et Nicolas Zepeda sur le sol de la pièce de 9m ², explique aussi l'expert monsieur Hienne.
Des objets avaient été laissés par monsieur Zepeda chez son cousin en Espagne, après son passage à Besançon. Ils ont aussi été examinés et c'est comme cela que les enquêteurs ont réussi à dresser son profil génétique.
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Nicolas Zepeda est bien entré dans la chambre de la victime
9h20 : Plusieurs expertises ont eu lieu sur plusieurs mois durant l'enquête. Rémi Hienne détaille les scellées examinés par les spécialistes en ADN. Il ont cherché la présence de traces suspectes. Ils ont par exemple identifié des traces sur la bordure latérale de l'alaise du lit de la victime. Elles pouvaient s'apparenter à du sang. L'ADN d'Arthur Del Piccolo a été retrouvé dans la chambre.
Pour rappel, l'enquêteur principal David Borne avait annoncé la semaine dernière qu'aucune quantité de sang significative n'avait été retrouvée, excluant ainsi un acte sanglant contre la victime. Sur le polochon, l'ADN de l'accusé a été retrouvé ainsi que celui de la victime et celui de son petit ami Arthur Del Piccolo.
Pour rappel, l'une des thèses envisagées par l'accusation serait que l'accusé Nicolas Zepeda ait étouffé la Japonaise Narumi Kurosaki.
9h09 : L'audience débute avec la déposition de l'expert en empreintes génétiques Rémi Hienne, en visioconférence de Bordeaux. Il commence son exposé par des explications générales sur le profil génétique des individus.
Des affaires personnelles ont permis aux experts d'élaborer le profil génétique de la victime et notamment une brosse à dent et un masque jetable.
L'audience doit débuter à 9h.
Deux experts en génétique déposent à la barre ce mardi matin. L'accusé Nicolas Zepeda doit quant à lui être interrogé en début d'après-midi. Comme chaque matin, il a été extrait de la prison de la Butte pour être emmené dans le box de la salle d'assises A, au Palais de justice de Besançon.
Vous voulez connaître les débats du 5e jour de procès ? C'est par ici.
Lors de la première semaine de procès, on a pu découvrir un accusé de 31 ans prolixe, qui avait bien préparé sa défense et ses arguments mais qui a disséminé des indices un peu partout sur la toile et avec le GPS de son véhicule de location, victime de son envie insatiable d'espionner la victime Narumi Kurosaki, alors que cette dernière avait une nouvelle relation avec Arthur Del Piccolo, que nous entendrons mercredi durant ce procès ( relire notre article ).
Le procès du Chilien Nicolas Zepeda, soupçonné d'avoir tué son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki entre le 5 et le 6 décembre 2016 à Besançon, s'est ouvert le 29 mars. Il doit durer 11 jours.
► Lire tous nos articles au sujet de l'affaire Narumi Kurosaki.