Edwige Roux-Morizot, procureure de la République de Besançon, ouvre une enquête préliminaire contre X pour violation du secret de l'instruction et recel. Elle estime que des éléments confidentiels ont été fournis à la presse, compromettant l'enquête sur la disparition de Narumi Kurosaki
"C'est grave ! On ne peut pas laisser faire ça".La procureure de la République près le tribunal de grande instance de Besançon, Edwige Roux-Morizot, relaie devant la presse locale et régionale "la colère légitime des enquêteurs, du parquet et des juges d'instruction".
Elle a décidé de saisir l'IGPN, la police des polices, pour identifier la source, au sein de l'appareil police-justice, qui fournit à certains médias "des éléments qui relèvent directement de l'enquête judiciaire".
Elle dénonce "l'hémorragie" d'informations "préjudiciables à l'enquête".
"Cela fait un peu morale, mais je l'assume, affirme-t-elle lors d'une conférence de presse dont sont exclus les médias étrangers, notamment nippons. Nous sommes comptables vis-à-vis de la famille de Narumi Kurosaki et de son pays".
"Celui ou celle qui a pris la responsabilité de livrer à des journalistes qui ont accepté de le publier, ce qu'il ou elle savait être des informations totalement confidentielles, a pris le risque mesuré et conscient de donner au principal suspect toutes les clefs pour organiser sa défense", regrette la magistrate, qui a conscience également que "la présomption d'innocence est complètement mise à mal".
Ecoutez l'interview d'Edwige Roux-Morizot
Et la principale enquête ?
Pour Edwige Roux-Morizot, l'enquête est "extrêmement rapide", "efficace" et "rondement menée".
Pourtant, les enquêteurs n'ont toujours pas retrouver le corps de Narumi Kurosaki. La justice est persuadée que l'étudiante japonaise, disparue le 4 décembre à Besançon, a été tuée.
Le principal suspect, l'ex-petit ami chilien de la victime, est toujours en fuite, probablement dans son pays. "Le mandat d'arrêt international (pour assassinat, ndlr) et la demande d'extradition sont en cours d'acheminement, précise-t-elle. Il faut transmettre, traduire, prévoir ce qui pourra être demandé par la justice chilienne. Cela prend le temps qui est nécessaire".
Et la magistrate de lancer directement un appel au suspect numéro un: "S'il est, comme il semble le dire, innocent, il est étrange, lui qui voyage si facilement, qu'il ne soit pas venu d'ores et déjà s'expliquer devant les autorités françasies plutôt que d'attendre d'être interpellé par celles de son propre pays".