Avec l'apparition des fleurs, les abeilles sortent de leur torpeur hivernale. Pour éviter la surpopulation dans les ruches, des essaims d'abeilles cherchent de nouveaux logis. Que faire si vous voyez ces milliers d'abeilles toutes agglutinées les unes aux autres ?
C’est le bruit qui a d’abord interpellé Nadia Querry-Mainy. «Un petit bruit comme un drone » précise cette habitante de Besançon dans le Doubs. En s’approchant de la haie de troènes, cette habituée des abeilles a vu un essaim dans son jardin. Des milliers d’abeilles ont quitté leur ruche avec une vieille reine pour vivre ailleurs et éviter la surpopulation de la ruche. C’est souvent la moitié de la population d’une ruche qui s’en va. C’est impressionnant ! Voici comment réagir si une pareille aventure vous arrive.
Car c'est en ce moment que vous avez le plus de chance de voir des essaims. « Cela a commencé très tôt cette année, vers le 27 mars", observe Michel Mesnier, président du syndicat apicole du Doubs. "D’habitude, les premiers essaims se voient vers la mi-avril. Cela dure jusqu’en juin. »
Des essaims inoffensifs
D’après ces spécialistes, n’ayez pas peur si vous tombez sur des abeilles qui ont quitté leur ruche. « Elles partent à quelques mètres de leur ruche, elles se regroupent, elles sont farcies de miel, un peu lourdes et pas agressives car elles n’ont rien à protéger » précise Gérard Vautheny, formateur au syndicat apicole du Doubs. Il faut juste téléphoner à des apiculteurs pour qu’ils interviennent rapidement. Ne dérangez pas les pompiers !
Pour trouver les spécialistes des abeilles, vous avez plusieurs sites comme le syndicat apicole du Doubs, ou SOS essaim d’abeilles pour vous indiquer celui qui réside au plus près de l’essaim. En Franche-Comté, l’entreprise Action-guêpes intervient même, exceptionnellement gratuitement pour les abeilles, afin de trouver une solution rapide, car il faut agir vite avant que l’essaim ne s’installe dans un endroit où il sera difficile de les déplacer vers une ruche. Car tout l’enjeu est de pouvoir à la fois protéger les abeilles et pouvoir récupérer leur miel. « Le but, c’est de les sauver ! » explique Matthieu Chenu, responsable de l’entreprise Action-Guêpes, basée dans le secteur de Besançon.
Tomber sur un essaim, c’est une aubaine pour les amis des abeilles ! Tout apiculteur espère trouver un essaim pour le domestiquer. Le couvert en échange du gîte ! Il faut lui montrer doucement le chemin d’une confortable ruchette, là où les abeilles pourront élire domicile en toute sécurité. C’est ce qui s’est passé dans le jardin de Nadia Querry-Mainy.
Cette habitante du paisible et vert quartier de Velotte à Besançon a eu dans la même journée du 15 avril deux essaims dans son jardin. Ayant suivi les cours de Gérard Vautheny, elle savait comment réagir. Le formateur est arrivé, tout équipé pour guider les abeilles dans un nouveau logis baptisé ruchette.
Ces ruchettes sont des «maisons d’accueil pour abeilles en détresse » selon l’expression Michel Mesnier, président du syndicat apicole du Doubs. La détresse n’est pas un vain mot. Offrir une ruche à un essaim lui donne un cadre protecteur. La survie de l’essaim dans un buisson est loin d’être évidente. Les abeilles ont du mal à survivre dans notre environnement.
Pourquoi est-il important de sauver ces essaims d'abeilles ?
J’avais 12 colonies il y a un an et demi. Aujourd’hui, il n'y en a plus que trois.
Gérard Vautheny, apiculteur formateur à Sadapi25
L’usage des pesticides, des insecticides expliquent la diminution des abeilles mais aussi les gelées tardives qui les privent de nourriture. En cause également la baisse de la biodiversité ou la montée en puissance de prédateurs comme le Varroa ou le frelon asiatique. C’est pour toutes ces raisons qu’il faut prendre le temps d’alerter les spécialistes si vous trouvez un essaim.
Un spectacle impressionnant vous attend. L’apiculteur parvient à guider la reine, elle pénètre alors dans sa nouvelle ruche, suivie de milliers d’ouvrières qui vont reprendre rapidement leurs activités spécialisées.
Pour l'essaim dans l'escalier du jardin de Nadia Querry-Mainy, Gérard Vautheny précise que "la ruche est inclinée sur une marche d'escalier afin d'inviter les abeilles à entrer par le haut. Et elles sont rentrées ! Nous avons alors redressé la ruche et poussé les abeilles restées dehors à la main".
Les essaims découverts par Nadia Querry-Mainy ont eu deux destins différents. L’un s’est glissé dans une ruche et l’autre a pris ses quartiers sous le toit d’une maison du quartier. La propriétaire n’a pas sourcillé. Ce n’est pas la première fois que les abeilles choisissent son toit comme demeure. Une cohabitation harmonieuse. La propriétaire ne cherche pas à s’en débarrasser. Les abeilles travaillent tellement qu’elles en oublient d’être agressives.