Le très médiatique avocat est soupçonné d'avoir violé le secret de l'instruction dans le cadre de l'affaire Alexia Daval. Son procès a lieu ce jeudi 8 octobre, à Strasbourg. Il n'a pas duré très longtemps. Le procureur a demandé et obtenu la relaxe.
“Je ne suis pas surpris, mais soulagé” a confié Me Schwerdorffer après une audience qui a duré 1h30. “C’est désagréable d’être poursuivi… le Procureur a estimé qu’il n’y avait aucun élément dans ce dossier” ajoute l’avocat. “J’étais dans le cadre de ma liberté d’expression, de mon serment, j’ai le droit de donner des informations tant qu’elles ne nuisent pas à l’instruction. Si le seul dans une procédure pénale à devoir se taire, c’est l’avocat de la défense, ce n’est plus une démocratie” estime Me Randall Schwerdorffer.
“Cette relaxe, va me permettre de me concentrer sur mes dossiers. Mon travail est de me préoccuper des autres, pas de moi” nous explique l’avocat.
Défendu par plusieurs avocats, Me Randall Schwerdorffer s’est retrouvé pour une fois dans le box des accusés : “Ce moment a été très pénible, cela fait partie des expériences de la vie, je suis un justiciable comme les autres”.
Pourquoi l'avocat de Jonathann Daval s'est-il retrouvé dans le box des accusés ?
L'avocat bisontin qui assure la défense de Jonathann Daval, était soupçonné d'avoir divulgué des informations relevant du secret de l'instruction, lors d'une journée cruciale où son client, soupçonné d'avoir tué sa femme Alexia, était confronté à sa belle-mère au tribunal de Besançon. C'était le 7 décembre 2018.À l’occasion d’une pause cigarette, Randall Schwerdorffer avait échangé quelques mots avec la mère du mis en examen dans l'enceinte du palais de justice. Un moment capturé par les objectifs de tous les médias présents ce jour-là. Un tête-à-tête d’une poignée de minutes qui avait provoqué la colère du procureur de la République, Etienne Manteaux. La poursuite pour violation du secret de l'instruction à l'encontre de Me Schwerdorffer émane de ce dernier.
"Je n'ai pas prêté serment pour avoir peur et me taire tout le temps!"
Il était notamment reproché à Me Schwerdorffer d'avoir dit à la mère de Jonathann Daval que son fils avait fondu en larmes lorsqu'on lui avait présenté une photo d'Alexia et de leur chat Happy, apportée le jour-même par la mère d'Alexia."Si on ne peut pas dire ça, quelle est la place de l'avocat? On ne peut donc rien dire? Je n'ai pas prêté serment pour avoir peur et me taire tout le temps!", avait lancé l'avocat bisontin à la barre.
Ses trois conseils, Mes Marylène Correia, Patrice Euvrard et Antoine Fittante, avaient demandé la relaxe de leur client, arguant que les propos visés, qui s'inscrivent dans un devoir "d'humanité", n'entravaient en rien l'instruction pas plus qu'ils n'en dévoilaient des secrets.
Libre de parler à la mère de son client Jonathann Daval
Le pénaliste bisontin expliquait lors d’un entretien accordé à France 3, le 28 janvier 2020 : "Je n’ai parlé qu’à la mère de Jonathann Daval. C’est elle qui est venue me voir, qui m’a demandé comment allait son fils. Je lui ai répondu. J’ai été sollicité par quelques journalistes qui étaient sur place : je ne leur ai pas répondu. Et surtout, je n’ai pas dit ce qui était essentiel dans le cadre de cette confrontation, qu’il y avait eu des aveux !"Initialement, le procès de Randall Schwerdorffer avait été délocalisé de Besançon, pour se tenir à Lons-le-Saunier. Mais ses avocats avaient fait en sorte d'en obtenir le report, comme on vous l'expliquait dans cet l'article. C'est finalement le tribunal correctionnel de Strasbourg qui a été choisi, ce jeudi 8 octobre, pour ce procès inédit.
Pour Me Antoine Fittante du barreau de Metz, en charge de la défense de Me Schwerdorffer, il ne s’agit rien moins que de défendre le devoir d’humanité et la liberté d’expression de l’avocat, et à travers lui de ses 65 000 confrères français. Il dénonce un procès "gravissime" qui touche aux libertés fondamentales et cite d’emblée une décision du Conseil Constitutionnel en date du 2 mars 2018.
Le procès devant les assises de Jonathann Daval doit se tenir du 16 au 20 novembre à Vesoul en Haute-Saône. Désormais relaxé, son avocat Me Randall Schwerdorffer va pouvoir se concentrer sur la défense de son client, mis en examen pour meurtre sur conjoint. Un procès qui s'annonce très médiatique, trois ans après la découverte du corps d'Alexia Daval.
Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, à l'origine de cette poursuite judiciaire, a déclaré : "On ne commente jamais les décisions de justice alors je ne commenterai pas cette décision aujourd'hui."