Rare, orangé, en danger critique d'extinction, le criquet de Crau renaît à la Citadelle de Besançon

Sa population dans la plaine sèche du coussoul, près d'Arles (Bouches-du-Rhône), dont il est originaire, a quasiment disparu. Un programme Life européen finance la reproduction du criquet de Crau dans deux sites, dont le parc zoologique de la Citadelle de Besançon (Doubs).

Il est un peu pataud, ne sait pas voler, ne chante pas. Sa couleur orangée est si proche de celle de la terre et des cailloux du coussoul, écosystème de pelouses sèches de la Plaine de la Crau situé aux portes d’Arles, dont il est une espèce endémique, que le criquet de Crau est très difficile à observer. Surtout il a perdu 90 % de sa population ces vingt dernières années. Aussi, un programme de l'Union européenne, Life SOS criquet de Crau, finance depuis 2021 sa reproduction en vue d'une réintroduction dès cette année. 

S’étalant sur quatre ans (2021-2025) et d’un montant global de près de deux millions d’euros, le programme Life SOS criquet de Crau implique le Conservatoire d'espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, les parcs zoologiques de La Barben (Bouches-du-Rhône) et du Muséum de Besançon. Le parc zoologique de la Citadelle de Besançon est en effet reconnu pour sa compétence dans l'élevage de petits animaux et notamment d'insectes. 

► Reportage de France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur sur la plaine du Cossoul où vit le criquet de Crau ainsi qu'au parc animalier de la Barben.

Des éclosions de printemps

"Le criquet de Crau est adapté à un milieu de steppe particulier dans l'ancien delta de la Durance, explique Frédéric Maillot, responsable de l'insectarium du Muséum d'histoire naturelle de Besançon, avec des étés très chauds et très secs, et puis des temps hivernaux violents avec de fortes pluies.  Tout l'enjeu est de trouver les bonnes conditions en captivité pour mener à bien la reproduction."

Le pari semble déjà en partie gagné, car deux des quinze oothèques du Muséum ont déjà éclos. Ces groupes d'œufs sous forme de petits sacs, ont été pondus l'été dernier et ont passé l'hiver dans le sol. Les premiers petits Prionotropis rhodanica sont nés tout début avril et sont en phase de nourrissage dans des petits vivariums en mousseline.

Un enjeu pour la biodiversité

Les premières réintroductions dans la plaine du coussoul se feront dès cette année ainsi que les années suivantes, si tout se passe bien. Un coup de pouce pour sortir le criquet de Crau du statut "en danger critique d'extinction". Premier maillon d'une chaîne alimentaire, sa disparition, comme celle d'autres insectes met en péril le monde vivant de cette plaine sèche du Cossoul. 

"On s'aperçoit que si on ne conserve pas les espèces, même nous humains, on se met en danger, poursuit Frédéric Maillot. Il y a par exemple un énorme enjeu sur les zones humides qu'il va falloir préserver, voir recréer si on veut demain de l'eau au robinet. Et la nature en fait partie à part entière. La vie sur terre ne se limite pas à l'humain, mais à tout un cortège d'espèces. En travaillant à cela, on préserve notre environnement et on se préserve aussi. Cela a du sens."

Le criquet de Crau est l'une des vedettes du Printemps de la biodiversité du Parc zoologique de la Citadelle de Besançon, décliné pendant sept après-midi thématiques du 16 avril au 29 mai 2024. Les soins prodigués et les missions de conservation des espèces telles que les écrevisses, les lémuriens ou les gibbons, sont expliqués au grand public au travers d’ateliers ludiques et de rencontres avec les professionnels. 

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