RÉCIT. JO 2022 : être positif au Covid-19 en Chine... j'ai testé pour vous l'hôtel d'isolement

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L'un des journalistes de France 3 Franche-Comté présent en Chine pour les Jeux Olympiques a été testé positif au Covid-19 alors qu'il se trouvait déjà dans la bulle sanitaire. Placé en hôtel d'isolement Covid-19, il nous raconte cette expérience particulièrement déstabilisante et hors du commun.

Cette histoire commence le jour de mon arrivée sur le sol chinois, le 1er février 2022. Après de multiples tests et contrôles pour passer les douanes chinoises, je monte comme mes confrères dans le bus qui doit nous emmener à nos hôtels situés près des sites olympiques de ski nordique, à  Zhangjiakou, ville perchée à 1650 mètres d'altitude et à 190 km de la capitale Pékin.  Durant le trajet, plutôt monotone, je suis frappé par le nombre impressionnant de jeunes arbres récemment plantés. Je découvre en surfant sur le net que la Chine a planté 6,77 millions d'hectares d'arbres l'année dernière. La fatigue aidant, je finis par m'assoupir avant d'être finalement réveillé par un sms. C’est la personne chargée sur les jeux pour France Télévisions de la santé et donc de la gestion des très nombreuses questions qui entourent le Covid-19 : "Ton test passé à l’aéroport est toujours en cours d’analyse. Merci de bien rester en chambre dès ton arrivée, je te préviens dès que j’ai ton résultat".

Inutile de vous dire que c’est le genre de message qui vous tient éveillé avec la peur d’avoir fait tout ce chemin pour s’arrêter à la porte des Jeux… 30 minutes plus tard alors que nous approchons de Zhangjiakou, le verdict tombe : "Désolé de t’annoncer une mauvaise nouvelle mais ton test à l’aéroport est positif. Dès que tu arrives, tu montes directement dans ta chambre pour attendre un second test de confirmation PCR nasopharyngé". Je suis abasourdi et en même temps envahi de questions. Aurais-je fait tout cela pour échouer à quelques mètres du but ? Comment ça va se passer si loin de la France ? Combien de temps va durer la quarantaine ? Et comment vont faire mes trois collègues avec un membre de leur équipe en moins ? J'ai le sentiment profond de les abandonner.

Le début des galères…

Une fois sur place, un "apiculteur", c’est comme cela que nous les appelons entre nous du fait de leur costume intégral blanc et de leur visière, sort presque en courant de l’hôtel pour scander maladroitement mon nom. L’info est déjà passée et c’est moi qu’il recherche. Pas une minute à perdre. Je suis séparé de mes collègues, on me souhaite bonne chance de loin et deux locaux en combinaison intégrale aspergent copieusement mes valises avant de me conduire en chambre. L’hôtel est joli mais la Covid-19 est venue perturber l’atmosphère feutrée des salons disparus. A la place, des portiques et des scanners à bagages comme dans les aéroports, des pulvérisateurs, du gel hydro-alcoolique à profusion et une "ruche" qui s’agite dans tous les sens. Arrivé dans ma chambre, je retrouve le calme et je continue à mesurer ce que cela va impliquer pour mes collègues. On frappe à ma porte. Trois "apiculteurs" sont là. Avec leur traducteur vocal ils m’expliquent qu’ils viennent me faire un test suite à mon résultat positif de l’aéroport. Un de plus.

Je me soumets au touché peu délicat de la "préleveuse". C’est pour la bonne cause ! Après tout, et si c’était une erreur de flacon puisque j’étais négatif il y a peu ? Mais pour être fixé, il va falloir encore attendre et vue l’heure on m’explique que ça ne sera pas avant le lendemain.  

Et l’espoir renaît

Une fois que tout ce petit monde a quitté ma chambre, je passe une partie de la nuit à sécher mes habits trempés par le mélange désinfectant pulvérisé en abondance sur mes bagages. Le décalage horaire se fait sentir avec 7 heures de plus à l'horloge par rapport à la France. Je reçois finalement le sms tant attendu : "Ton PCR de confirmation est NEGATIF ☺. Fausse alerte donc". Quelle joie en moi.

Comme chaque matin, toutes les personnes travaillant dans "la bulle" ont l’obligation de faire un test buccal avant le petit déjeuner. La personne juste devant moi n’apprécie guère cette intrusion matinale à coup d’écouvillon dans le fond de la gorge. Ce n’est certes pas très agréable, mais je suis ultra confiant étant donné que 24h auparavant j’étais testé négatif. À 15h coup de théâtre. Mon test du matin est positif ! C’est à n’y rien comprendre… En 6  jours j’ai passé 5 tests PCR dont 3 se sont révélés négatifs. Je suis donc reconduit en chambre à l’isolement et dans l’attente de 2 tests : 1 buccal et 1 nasopharyngé. Au petit matin du 4 février la sentence tombe : je suis positif aux deux tests.  

Quid des tests PCR en Chine ?

Face à cette situation que je peine à comprendre, je contacte la Franche-Comté et plus précisément le directeur des Laboratoires Bioallan qui m’explique comment j'en suis arrivé là et les critères de tests, ainsi que les normes en vigueur en France, notamment concernant le produit réactif qui permet de déterminer la positivité du prélèvement. La question qui se pose alors est la suivante : le réactif utilisé en Chine est-il le même, puisque le seuil dépend de ce dernier ? Est-il plus sensible que ceux utilisés en France ? C’est en tout cas ce que prétendaient nos confrères canadiens arrivés sur place à la mi-janvier. Une analyse publiée par le New York Times le 29 août dernier estimait que "sur des ensembles de cas testés positifs – et donc placés en isolement – cet été sur la côte Est des Etats Unis, 85 à 90% n’étaient pas contagieux !" Si ces chiffres ne peuvent être généralisés, ils illustrent un écueil majeur de l’usage des tests PCR comme test de contagiosité.  J'en ai apparemment fait les frais.

>> À lire aussi : Baisser le seuil de détection des tests RT-PCR du Covid-19 pour mieux dépister les individus contagieux

En ce qui me concerne, les deux tests effectués le 3 février indiquent une positivité à 27 et 30 CT. Pour les autorités chinoises, je dois être à 35 pour pouvoir sortir. S'il reste un doute sur la sensibilité du réactif utilisé, le directeur des Laboratoires Bioallan m’explique que rien n’indique que je sois vraiment contagieux. Pour lui la cause la plus probable de ce "yoyo" positif/négatif est que j’ai probablement déjà eu la Covid-19 il y a quelques temps de manière asymptomatique et qu’aujourd’hui je sécrète certains jours des restes de cette matière virale. En tout cas pour les autorités chinoises, je suis contagieux. 

Transfert en ambulance direction Chongli

Un coup de téléphone matinal de la réception m'indique que mes tests sont positifs et que je dois faire mes valises pour partir en hôtel de confinement, réservé aux cas positifs. Un quart d’heure plus tard un "apiculteur" frappe à ma porte. Il est accompagné de deux autres qui attendent bien sagement que je vide les lieux pour, vu leur attirail, faire le grand ménage. Nous quittons donc la chambre et descendons par les escaliers, l’ascenseur étant réservé aux négatifs. Les marches sont trempées et glissantes d’un produit décontaminant, preuve qu’on ne plaisante pas sur la sécurité sanitaire dans l’empire du milieu. 

Je monte dans une ambulance et quitte à contre cœur Zhangjiakou pour un hôtel proche situé à Chongli. C’est le GPS de mon téléphone qui me renseigne. L’établissement jaune et ocre est imposant. C’est au 12ème étage que se situe ma nouvelle chambre. Le couloir qui y mène est long d’une trentaine de mètres, le carrelage imitation parquet est blanchi par les aspersions quotidiennes de désinfectant. Ma chambre est vieillissante. Les matériaux sont d’une autre époque. La table est poussiéreuse et les robinets de la salle de bain crachent une eau jaunâtre. Par la fenêtre j’aperçois les montagnes environnantes et ses pistes de descentes de ski fermées pour cause de JO. Au pied de l’hôtel un gros terre plein sur lequel est planté un drapeau chinois qui flotte au vent. 

Mais l’essentiel est là, une télévision flambant neuve (stickers à l’appui) qui ne diffuse que des chaînes chinoises, et surtout internet ! Cette petite boîte blanche sera ma seule fenêtre sur le monde extérieur pendant cet exil forcé.  

On prend ma tension, ma saturation en oxygène et ma température. Tous ces indicateurs de bonne santé sont normaux. L’examen prend du temps car les Chinois que nous avons rencontrés ne parlent quasiment pas l’anglais. Il faut donc systématiquement passer par le dictaphone qui traduit leurs questions ou nos demandes.  

Il est déjà midi et c’est l’heure du repas en chambre. Ce dernier est copieux et livré sous forme de sac de pique-nique. A l’intérieur une entrée, deux plats chauds et 2 accompagnements de légumes, un sandwich triangle, des fruits frais, une boisson, quelques gâteaux et de quoi se faire du café ou du thé. Pour être honnête c’est la première fois depuis que je suis en Chine que je mange de bons plats. Seul inconvénient, mais c’est quasi partout, le repas arrive souvent froid.  

Comment sortir de là ? 

À ma demande on m’a fait un test le jour de mon arrivée,  histoire de ne pas perdre de temps car pour sortir de cette quarantaine il faudra : que je n’aie aucun symptôme lié au Covid et que je sois négatif à 2 tests PCR réalisés à 24 heures d’intervalle. Voilà mon challenge pour les prochains jours… En espérant très vite retrouver mes collègues et reprendre ma place pour couvrir les performances de nos huit athlètes Francs-Comtois présents aux Jeux Olympiques de Pékin.  

>>  Suivez les Jeux Olympiques de Pékin 2022 avec France 3 Franche-Comté, en direct de Chine, par ici.

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