Notre équipe présente sur place est bien arrivée en Chine, en amont des Jeux Olympiques 2022, qui se déroulent du 4 au 20 février. Récit d'une arrivée à Pékin très particulière et de la première journée sur place.
Nous avions compris bien en amont du voyage que la couverture de ces Jeux Olympiques 2022, qui se déroulent en Chine du 4 au 20 février, serait particulière et nous apporterait son lot de stress à l’heure où le Covid-19 fait une nouvelle fois trembler le monde. Le voyage et surtout l’arrivée ont confirmé nos appréhensions.
En montant dans l’avion, la pression et les craintes sont palpables, notamment du côté des nombreux athlètes français présents avec nous à bord, dont l’équipe de saut à ski, de ski alpin et de bobsleigh. L’avion n’est pas plein mais les distances obligatoires entre deux personnes ne sont pas vraiment respectées à la lettre. Certains coachs font déplacer leurs athlètes. “Je préfère laisser la place à mon athlète s’il y a une possibilité de bouger” entend-on dans l’un des rangs juste avant le décollage.
“Merci de votre compréhension”
Le vol entre Paris et Pékin dure 10 heures. À l'atterrissage, l'hôtesse de l’air nous précise : “Les autorités chinoises nous demandent de ne pas nous lever de notre siège avant qu’il ne nous l’ait autorisé. Merci de votre compréhension”. Intéressante entrée en matière. On comprend que les mots patience et compréhension risquent d’être les fils conducteurs du périple.
À notre arrivée à Pékin, le décor est rapidement planté. Le calme règne dans l’aéroport et des couloirs ont été spécialement balisés pour nous. Tout est parfaitement organisé et cela nous arrange bien car le décalage horaire se fait sentir (+7h à Pékin). Des hommes et femmes en combinaisons intégrales blanches, visières sur la tête et masques sur le nez nous attendent à plusieurs points pour nous aiguiller à travers les multiples procédures à réaliser avant de pouvoir entrer officiellement en Chine. Nous ne croisons aucun autre voyageur dans l’aéroport de cette ville de 21 millions d’habitants. L'ambiance y est évidemment très étrange. On a l’impression de faire partie d’une grande expérience scientifique futuriste.
Durant 2h, on multiplie les contrôles, les désinfections et les passages devant des dizaines de caméras. On croise de nombreux personnels mais impossible d’imprimer dans notre esprit un visage ou un sourire. Après avoir rempli une énième déclaration sur un écran tactile, on se dirige vers la zone de tests. Un test salivaire et un test nasal sont réalisés en un temps record. Nous sommes ensuite dirigés vers le passage aux frontières.
On récupère nos bagages et s'ensuit un interminable voyage en bus spécial, jusqu’au village olympique de Zhangjiakou, où se trouvent les stades de biathlon, saut à ski, snowboard et autres infrastructures olympiques. Notre chauffeur et un accompagnateur sont dans une cabine séparée de nous, les équipes de France Télévisions. La communication se fait de manière laborieuse à travers une vitre en plastique.
Nous mettons pas moins de 5 heures pour faire 190 km. On maudit le train qu'on ne peut pas encore prendre et qui ne met lui que 90 minutes pour parcourir cette distance. Plusieurs stop sont effectués sur le trajet pour les “pauses pipi”, dans des espaces qui nous sont une fois de plus entièrement réservés et qui sont après notre départ aspergés de produit désinfectant. La police nous escorte tout le long du trajet. Les paysages montagneux, arides, se dessinent et on découvre petit à petit ce que sera notre lieu de vie pour les trois prochaines semaines. Sur la route, nous croisons très peu de véhicules de locaux. La neige se fait extrêmement rare jusqu’à notre arrivée au village olympique.
La découverte de la bulle sanitaire
À l’hôtel, nos bagages sont réquisitionnés. Deux personnes du voyage s’avèrent malheureusement positives après les tests réalisés quelques heures plus tôt. Elles étaient pourtant négatives les 4 jours successifs précédents, en France. Elles sont immédiatement mises à l’écart et isolées dans leur chambre jusqu’à ce qu’un nouveau test soit réalisé. Les autres peuvent sortir de leur chambre et déambuler dans l’hôtel.
Tout le personnel est une fois de plus en combinaison, dehors mais aussi à l’intérieur du joli bâtiment. Accueil, restaurant, bar, couloirs. Les hommes et femmes en blanc sont partout. Nous sommes pourtant tous officiellement négatifs après deux tests Covid-19. La bulle sanitaire n’octroie donc pas la possibilité d’évoluer dans un environnement moins protocolaire, à notre grand désarroi. Nos bagages sont aspergés de produit désinfectant. “Stop, ne mettez pas plus de produit ! Ce matériel coûte plusieurs milliers d’euros !” réclame un journaliste étranger voyant les housses contenant ses caméras professionnelles détrempées. À l’extérieur, la température avoisine les -15 degrés la nuit. Pour l’instant, aucun commerce n’est ouvert et rares sont les personnes à s’aventurer hors de l’hôtel. Un restaurant et un bar pourraient ouvrir dans les jours qui viennent, apportant ainsi un peu de vie à l’endroit.
Nous nous installons dans nos chambres très confortables plus de 8 heures après avoir quitté l’aéroport, fatigués, et pour certains assez anxieux de découvrir la réalité extra sportive des Jeux. En début de soirée, deux d’entre-nous décident d’aller fumer une cigarette devant l’hôtel. On leur explique que s’ils sortent, ils devront passer par une décontamination et se soumettre au détecteur de métaux. Pas de doute, nous sommes en sécurité.
Depuis deux ans, le Covid-19 modifie profondément nos rapports à l’espace, au temps et aux autres. Nous le ressentons encore plus, de manière implacable, depuis que nous avons posé le pied sur le sol chinois. Ces jeux olympiques ne ressembleront en rien à ce qu’on a connu jusqu’à présent. C’est certain. On espère du fond du coeur que les performances de nos sportifs, visiblement satisfaits de la qualité des installations sur place comme l’ont précisé les biathlètes francs-comtois sur les réseaux sociaux, réchauffent l'atmosphère.