Yves Cellier est depuis le 1er janvier 2024, le directeur interdépartemental de la police du Doubs, mais sa mission ne s'arrêtera pas à ce seul département sur le plan judiciaire. Cette nouvelle organisation découle de la réforme récente de la police nationale. Explications.
La réforme de la police nationale souhaitée par l’Etat et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin après notamment le Beauvau de la sécurité est entrée il y a un mois dans sa phase concrète.
Lors d’une conférence de presse ce jeudi 4 janvier, Yves Cellier, désormais directeur interdépartemental de la police nationale du Doubs en a présenté les contours. Il chapeautera désormais au quotidien les services judiciaires des trois départements, soit 750 personnes pour le Doubs, la Haute-Saône et le Territoire de Belfort.
Ne plus fonctionner en "tuyaux d’orgues"
C’est l’image employée par Yves Cellier. L’organisation de la police était jusqu’alors très verticale et assez cloisonnée avec une direction pour la police judiciaire, une autre pour la sécurité publique, une autre pour la police aux frontières. Désormais, un seul homme sera à la barre pour le volet judiciaire avec une vision plus globale. “Il s’agit de mieux répondre aux enjeux de la criminalité, d’apporter une meilleure réponse aux citoyens, d’avoir un service public de sécurité plus efficace. Et de gagner en qualité, on sait qu’on a des progrès à faire sur l’accueil du public et des victimes” confie Yves Cellier.
Mutualiser des moyens
Dans la région, le Jura sera rattaché, lui, sur le plan judiciaire à la DIPN de Côte d’Or pour des raisons de proximité. Mais dans le Doubs, Haute-Saône et Territoire de Belfort, cette nouvelle organisation devrait permettre “une plus grande clarté, une coordination des fonctions judiciaires unifiée” ajoute Yves Cellier qui précise que l’enjeu est de taille. “La police nationale traite 70% des faits de délinquance en France et 80% de la grande criminalité”. La réorganisation devrait permettre de décloisonner des moyens pour donner des renforts par exemple sur telle ou telle opération. Le préfet qui reste le chef des actions de l'État, et des moyens alloués, aura désormais un seul interlocuteur pour la police, le directeur interdépartemental.
La crainte de la police judiciaire face à cette réforme
Cette réorganisation de la police nationale a soulevé de nombreuses inquiétudes ces derniers mois, notamment au niveau de la police judiciaire. “La crainte de la PJ de disparaître, il n’est en pas question” veut rassurer le nouveau directeur de la police dans les trois départements. La colère gronde toujours malgré tout. La nouvelle organisation de la PJ, lancée le 1er décembre, est imposée « dans un flou et un amateurisme consternants », et entérine la mort de l’investigation, s’’est alarmé, dans une tribune au « Monde », Yann Bauzin, président de l’Association nationale de police judiciaire, qui regroupe des enquêteurs de la PJ.