Le Runjob n'existe qu'à Besançon. Depuis 4 ans, France Travail propose une méthode originale pour organiser des rencontres entre demandeurs d'emploi et employeurs directement dans un des centres commerciaux de Besançon. En moyenne, 85% des postes à pourvoir trouvent un candidat présenté par France Travail. Ce jeudi 30 mai, 80 offres d'emploi étaient disponibles.
"Tout est parti d'un rêve". Vincent Sanchez, chargé des relations entreprises à France Travail, se réveille un matin avec une idée qu'il présente à ses collègues : le RunJob. Une sorte de speed dating, pour trouver du travail mais avec un parcours au sein duquel "les talents", comme il les appelle, vont à la rencontre des employeurs à la recherche de salariés. "Ici, ils n'arrivent pas à l'improviste, ils savent qu'ils sont attendus par les équipes, ça les met en confiance".
"Le CV, dans le cadre de ce dispositif, est secondaire, c'est le savoir-être qui prime", insiste-t-il. Ce jeudi 30 mai, il s'agit de la quatrième édition de cet évènement unique en France. Cet événement original n'existe qu'en Franche-Comté. Pour l'organiser France Travail a conclu un partenariat avec le centre commercial Châteaufarine de Besançon. 80 offres sont à pourvoir, dans le commerce, la restauration mais aussi le service. Et 270 personnes se sont inscrites pour l'occasion : demandeurs d'emploi, étudiants, etc. L'objectif : répondre aux besoins saisonniers pour la période estivale.
À vos marques, prêts, partez
Les candidats de ce jour arrivent tous une chemise cartonnée et colorée pleine de CV à la main. Judith a préparé le sien ce matin. Elle a pris connaissance de l'évènement la veille, grâce à un post sur Facebook et n'a pas hésité une seule seconde. L'étudiante en biologie a besoin de "trouver un job pour payer son loyer" à Besançon. C'est une habituée des petits boulots d'été, elle a déjà travaillé dans la restauration rapide ou encore en tant que femme de chambre. "Je prends tout", déclare-t-elle déterminée à se lancer dans cette course au travers du centre commercial.
Mais avant de commencer, les inscrits sont attendus au stand d'accueil où les attendent, tout sourire, des agents de France Travail. L'évènement fait l'unanimité auprès des organisateurs qui sont convaincus des effets bénéfiques de l'évènement, tant pour les talents que pour les entreprises. "Les années précédentes, on sait que 85% des postes ont été pourvus par nos candidats", se félicite Vincent Sanchez.
"Le maître mot c'est le sourire"
En amont, les agents de France Travail ont réalisé un recueil des besoins des potentiels employeurs de la galerie commerciale. L'objectif : permettre aux candidats et aux enseignes de se rencontrer directement, et ce en un seul jour autour de postes précis. Petit à petit, la queue des "runners" s'allonge devant le stand d'entrée. Hugo et Timéo ont tous les deux 17 ans et sont venus pour trouver une alternance dans le cadre de leur bac professionnel en commerce. "Le concept est assez pratique et comme c'est déjà tout organisé, on a plus qu'à se vendre", indique Hugo en récupérant le tote bag et les autocollants fournis pour l'occasion.
Gabin, 33 ans, s'amuse davantage de la situation : "Je ne sais pas vraiment dans quoi j'ai mis les pieds". Ce mécanicien automobile n'a plus de travail depuis six mois. Aujourd'hui, il est plutôt venu récupérer des informations sur les postes disponibles pour retrouver du travail "rapidement". Et ici, c'est le mantra : il faut être rapide, savoir convaincre en quelques minutes. Les candidats ont d'ailleurs à leur disposition un "espace coaching".
"Le maître mot c'est le sourire", indique Marie-Laure, une accompagnante des demandeurs d'emploi, "mais le but c'est de les rassurer". Judith s'y rend rapidement pour prendre quelques conseils. "On ne doit pas passer devant des clients par exemple ou arriver sans connaître l'offre".
"Ici, le feeling joue énormément"
"Ce n'est pas si facile de se vendre, de se valoriser, mais ici, le feeling joue énormément". Une fois les conseils en tête, c'est parti pour la chasse au travail dans le centre commercial. Pour Maud, la responsable du magasin de lingerie Etam, "le projet est bon". "Je fonctionne beaucoup à la première impression et surtout au feeling donc c'est typiquement dans ce genre de rencontre que cela peut se passer", ajoute-t-elle, tout en rangeant la nouvelle collection dans les rayons. "Quelqu'un qui dit avoir travaillé dans la vente, n'est pas forcément bon dans la vente. Le métier ne se limite à demander aux clients s'ils ont besoin de conseils".
Pour Fatiah, 26 ans, qui présélectionne des offres avec un agent de France Travail, sa mission est de décrocher un CDD pour l'été. La jeune femme formée dans la vente commencera une formation pour devenir éducatrice en petite enfance en septembre. Mais en attendant elle ne veut pas rester les bras croisés. "Six mois en inactivité c'est déjà trop long", souffle-t-elle.
Plus loin, Céline marche à toute vitesse, son plan du centre commercial à la main. "C'est vraiment une course à travers la galerie", s'amuse la femme de 48 ans, qui a déjà déposé cinq CV. Après six mois également de recherche d'emploi, cette ancienne secrétaire "veut juste travailler". Elle repart tout sourire, "ces face-à-face m'auront au moins redonné la pêche" et en espérant que cette course à l'emploi porte ses fruits.