Dans le centre-ville de Besançon, plusieurs cambriolages de bars, restaurants et boutiques se sont produits depuis le début d'année. Certains commerçants, sont excédés. Le Tandem, bar situé en centre-ville près du pont Battant a été cambriolé dans la nuit de mardi à mercredi. Témoignage.
Les larmes dans la voix. C'est la deuxième fois que le bistrot Le Tandem, situé près du pont Battant en centre-ville, est cambriolé. Dans la nuit de mardi à mercredi 12 février, le ou les cambrioleurs ont emporté environ 2.000 euros. Coffre-fort, monnaie, ordinateurs, tablettes, jeux de clé, tickets restaurants... Ils se sont introduits par une grille de ventilation installée sur la porte de la cuisine, dans cet établissement bien installé quai Vauban. "On est à bout" confie Alcyone Bret, démunie face à ce nouvel acte de délinquance.
Mi-janvier, le bistrot avait déjà été visité. La commercante a déposé plainte mais reste pour l'instant sans nouvelle. "Cela fait cinq ans qu'on est là, et cela fait deux fois en peu de temps qu'on subit ça !" confie-t-elle amère et en colère, malgré le soutien des clients du bar très implanté dans le paysage local.
"On a reçu beaucoup de témoignages de soutien de clients mais aussi d'autres commerçants qui nous ont dit avoir eux aussi été cambriolés. Pour moi, il y a une quinzaine de cambriolages sur des établissements en centre-ville, et je ne suis pas au courant de tout. Il y a aussi eu des tentatives d'intrusion, relevés par les établissements qui sont munis d'alarme" détaille la jeune femme. "Je suis au bord du burn-out, je ne suis pas soutenue. Je vais craquer" nous a-t-elle confié.
Le Marulaz, Macadam Pizza, La Tratt, Basilic Instant, Le Taj Mahal...
D'autres bars et restaurants ont effectivement subi le même sort. Fin de l'année 2019, le restaurant végétarien Basilic Instant, situé rue des Granges, a été saccagé. "Moi, cambriolé au mois de novembre et tout cassé à l’intérieur !!! Assurances et réparations pas encore effectuées !" confie le gérant concerné, dans un commentaire sur les réseaux sociaux.
Début janvier, le bar Le Marulaz situé place Marulaz a lui aussi été cambriolé. "Dans la nuit du 1er au 2 janvier, notre porte a été fracturée. On a été appelé par la police" explique le gérant Patrick Forsans. Ce soir-là, les voleurs sont partis avec le tiroir caisse. "Il y a avait la recette du réveillon : 1500 euros de butin" selon le gérant. Une plainte a là aussi été déposée. La police a fini par retrouver le tiroir caisse, mais pas les voleurs. Ces derniers ont d'ailleurs eu la délicatesse de ne pas toucher aux Pives, la monnaie locale bisontine qui se trouvait à l'intérieur, explique le gérant du bar.
Sur le quai Vauban, le bistrot salon de thé Le Tandem n'est pas le seul à déplorer ces cambriolages. La pizzeria voisine, la Tratt, a été cambriolée dans la nuit du 4 au 5 janvier. Il était 5 heures du matin. Même mode opératoire, porte fracturée et les voleurs ciblent la monnaie. "On n'avait jamais vu ça" explique au téléphone la patronne.
Selon les commerçants que nous avons contacté, d'autres commerces ont effectivement été visités. Macadam Pizza, Le Bar de l'U, Utinam, l'Arche, le Taj Mahal... La série se confirme. Contacté, Thierry Dietsch, président de l'union des commerçants de Besançon, nous dit avoir eu connaissance de quelques faits sur le centre-ville sans plus de précision.
La police reconnaît un pic de cambriolages en centre-ville durant le mois de janvier
Pour Michel Klein, directeur départemental de la sécurité publique dans le Doubs, il y a eu effectivement une hausse des cambriolages en janvier en centre-ville. Une vingtaine de faits. "Nous avons interpellé un suspect, qui reconnaît un cambriolage. Pour le reste, les enquêtes sont toujours en cours, nous avons à faire à des individus organisés, qui opéraient gantés" explique le responsable de la police.
Les cambrioleurs ont-ils pris pour cible des commerces en centre-ville alors que les forces de police étaient mobilisées sur le quartier de Planoise pour lutter contre le trafic des stupéfiants ? Une hypothèse probable.
Les enquêteurs conseillent aux commerçants du centre-ville de renforcer leur niveau de sécurité. Porte, alarmes et pas de fonds de caisse la nuit dans les établissements. "Un cambrioleur se décourage au bout de 20 à 30 secondes s'il n'arrive pas à fracturer une porte" rappelle le policier. Selon Michel Klein, le phénomène de cambriolages s'est calmé en ce début de mois de février. "Nous avons 4 cambriolages en 15 jours pour une ville de 120.000 habitants" ajoute-t-il. Un taux en dessous de la normale de ces trois dernières années, explique la police.
"On ne nous aide pas"
Le bar le Marulaz a décidé de prendre le taureau par les cornes en investissant dans une porte sécurisée et une alarme, pour mieux se protéger. "Le soir, désormais, on range tout, on protège tout" déplore le gérant.
Les commerçants cambriolés disent se sentir abandonnés. Malgré les plaintes et les enquêtes en cours, ils avouent leur mal-être dans un centre-ville déjà en souffrance face à la concurrence des zones commerciales extérieures.
"Moi ce qui me fait halluciner, c'est qu'il n'y a rien qui se passe. On n'a fait une lettre à la mairie, à la préfecture... Mais rien ne bouge. On dirait que les autorités et la municipalité ne se sentent pas concernés. Pourtant nous sommes la vie culturelle du centre-ville. J'ai l'impression qu'il y a un peu plus de surveillance de la police, mais les cambriolages continuent. On ne nous aide pas. Il y a des commerçants qui commencent vraiment à se fâcher et à vouloir se regrouper" lance Alcyone, sans cacher qu'elle souhaite arrêter l'aventure Tandem.