Un mineur de 17 ans a été placé en détention provisoire pour assassinat et trafic de stupéfiants, après la mort d’un homme de 48 ans, le 23 juin 2023 à Besançon. C’est le 6e homicide en 10 mois sur fond de trafic de stupéfiants, dans la capitale comtoise. Etienne Manteaux, procureur de la République, parle d'un "constat accablant".
On en sait plus concernant le profil des deux personnes interpellées dimanche 25 juin, après qu'un homme de 48 ans a été tué d'un coup de couteau, rue Fribourg dans le quartier Planoise. C'est à cet endroit qu'est installé depuis plusieurs années l'un des points de deal de drogue les plus convoités par les trafiquants. La victime a été secourue à 20h par les pompiers, avant de décéder une heure plus tard au CHU de Besançon, à la suite d'un "coup très violent porté au niveau du coeur".
Des témoignages ont été recueillis par les enquêteurs à la suite de cet homicide. "Un jeune homme circulant en trottinette suivait la victime, peu avant les faits. L’exploitation des caméras de vidéo protection et des informations des policiers de terrain, ont permis d’identifier un suspect : un mineur de 17 ans et demi", a repris Etienne Manteaux, procureur de la République, face à la presse ce 27 juin. La victime avait été condamnée en avril 2023 à 6 mois de prison, pour trafic de produits stupéfiants.
Un couteau retrouvé dans du détergeant
Le suspect a été arrêté dans un appartement, dans lequel les policiers ont retrouvé un bocal contenant des détergents, dans lequel trempait le manche d'un couteau. Est-ce l'arme du crime ? Les enquêteurs n'excluent pas cette hypothèse, même s'il est trop tôt pour l'affirmer. "Les empreintes digitales du mineur ont été retrouvées sur le bocal. Nous n’avons pas à cette heure les résultats des analyses génétiques pour savoir si l’ADN de la victime se trouve sur le couteau", a expliqué le procureur. Le deuxième individu interpellé, locataire officiel de l'appartement, a été remis en liberté. Il a dit ne pas être au courant des agissements du jeune qu'il hébergeait pour une nuit.
Le mineur a été placé en détention provisoire à l'issue de sa garde à vue. Il assume le fait de participer au trafic de drogue sur le quartier Planoise, mais nie avoir commis des violences sur le quadragénaire décédé. "Le jeune a assumé être sur Besançon depuis peu de temps, pour participer au trafic. Il dit avoir participé au conditionnement de produits. Il a déjà été condamné à de multiples reprises, par le tribunal de Lyon", a confirmé le procureur de la République.
Plus tôt dans la journée, ce dernier avait reçu de nombreux coups au visage, par un troisième individu qui n'a pas encore été identifié par les forces de l'ordre. Autre fait qui interroge la justice : le mineur de 17 ans s'est introduit dans une pharmacie après la survenue du coup de couteau mortel, dans le but de s'emparer de désinfectant, en raison d'une blessure à la main. Il a alors agressé la pharmacienne, en lui crachant dessus.
Les enquêteurs le soupçonnent d'être passé à l'acte en représailles de son agression, même si sa victime n'est pas celle qui l'a attaqué quatre heures plus tôt. C'est pour ces raisons que la qualification d'assassinat est retenue par le parquet.
Une violence sans fin
La liste des victimes liées au trafic de drogue à Besançon s'allonge une fois encore. C'est la 6e personne tuée depuis 10 mois. Deux mineurs sont décédés en août et en décembre 2022. En février 2023, c'est un homme qui a été tué. En mars, deux nouvelles personnes ont été abattues, avant la dernière victime en date, ce 23 juin.
Le procureur de la République ose le dire : "C’est un constat tout à fait accablant. Nous ne parvenons pas à casser cet engrenage de la violence liée au trafic de drogue". Et de préciser : "Même si je peux attester de tous les efforts qui sont réalisés par la police, la gendarmerie, pour élucider ce type de faits et la rapidité d’élucidation."
Malgré les appels au calme, les manifestations citoyennes, les arrestations, la présence policière renforcée sur le secteur, les procès et les condamnations prononcées à l'encontre des principaux responsables des deux bandes se partageant le trafic de drogue à Planoise... la violence continue dans le quartier le plus peuplé de Besançon. Les tirs n'ont pas cessé ou presque depuis le début de l'été 2022. Les habitants, pris en otage au coeur d'une violence inouïe, qui semble sans fin, espèrent que le calme revienne dans le quartier le plus peuplé de la cité comtoise.
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Ce dossier est un résumé de toute la complexité, la violence et l'imagination mise en œuvre pas les trafiquants pour faire prospérer le trafic.
Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon
Les mesures anti-drogue prononcées à Marseille seront-elles généralisées ?
Lundi 26 juin, le président de la République d'Emmanuel Macron s'est rendu à Marseille, l'une des villes les plus sujettes aux règlements de compte en raison d'un trafic de drogue particulièrement violent. Il a présenté la "nouvelle stratégie" de l’État pour lutter contre ce commerce illégal, surtout dans la cité phocéenne.
Création d'une brigade CRS spécialisée, effectifs supplémentaires sur le terrain ou encore création d’une "task force interministérielle pour lutter contre les caïds" font partie des idées du gouvernement pour juguler le trafic de drogue à Marseille. Emmanuel Macron a aussi annoncé la création d’un "module de prévention de l’entrée dans les trafics", dont devront bénéficier 50 collèges et lycées marseillais dès la rentrée prochaine, comme le rapporte MadeinMarseille.net.
Les mesures prises à Marseille seront-elles généralisées aux villes dans lesquelles le trafic de drogue gangrène certains quartiers ? Malheureusement, Besançon est entrée dans la cour des grands.