Des étudiants et étudiantes ainsi que des anciens élèves de l'ISBA se disent effondrés de l'image de leur établissement dévoilée sur le web. Ils ne le reconnaissent pas. Ils tiennent à faire porter leur voix alors que des membres de l'école sont soupçonnés d'harcèlement et agressions sexuelles.
Dans un texte envoyé à notre rédaction, des élèves et anciens élèves de l'Institut supérieur des beaux-arts de Besançon, au coeur d'un cyclone médiatico-judiciaire, se disent effarés devant les révélations publiées sur les réseaux sociaux, via la page Facebook "Balancetonecoldart // Besançon".
Depuis lundi, les créateurs de cette page web publient des témoignages anonymes d'étudiants ou anciens étudiants de cet établissement supérieur, installé sur le campus de Besançon depuis 1972 (lire notre article). Dans la lignée du mouvement #MeeToo, certains dénoncent des faits d'harcèlement sexuel, d'agression sexuelle et même de viol. D'autres font état de violences psychologiques, humiliations, moqueries de la part de membres de l'encadrement ou de l'administration, sans jamais dévoiler leurs identités.
Une plainte a été déposée. Deux enquêtes sont en cours : l'une judiciaire, l'autre administrative.
"Pas révélateur des avis et opinions de tout.e.s"
"Nous sommes effondré.es.s devant l’image, que nous ne reconnaissons pas, de notre école" expliquent les étudiants à l'origine de la lettre ci-dessous. De plus, ils dénoncent "un clivage prof/étudiants qui n’est pas révélateur des avis et opinions de tout.e.s".Et d'ajouter : "Une personne s’exprime au nom de tous les étudiant.e.s d’une école sans même en faire partie, ni même les avoirs concerté.e.s au préalable". En effet, l'une des créatrices de la page Facebook, interrogée par France 3 Franche-Comté, n'est pas étudiante à l'ISBA.
Le texte d'étudiants et anciens étudiants de l'ISBA dans son intégralité :
« Un mouvement s’est créé sur les réseaux sociaux dernièrement « balance ton école d’art », cette association a connu un grand succès sur la toile. Libre de poster des témoignages concernant l’école des beaux-arts de Besançon, les étudiants dénoncent des comportements abusifs.
Depuis ces révélations, nous traversons une passe très difficile, que ce soit étudiants, ou professeurs de cette école. Nous sommes effaré.es.s devant ces aveux et souhaitons porter notre soutien le plus sincère aux victimes.
Si les auteurs de ces agressions sexuelles et viols sont avérés par la justice, nous ne tolérons plus leur présence au sein de notre école dans laquelle il n’ont plus leur place.
Nous sommes un certain nombre de personnes à être attristés devant les proportions d’une autre nature, prises par la suite des événements. Selon nous provoqués par un manque de discernement entre différents types de témoignages.
N’ayant pu ouvrir un dialogue construit avec les personnes à la charge de cette association, nous souhaitons prendre la parole par le biais de ces quelques mots.
Il apparaît primordial de rendre à la justice ce qui relève de ses fonctions et de concentrer alors notre énergie pour solutionner ces autres problèmes qui peuvent être rencontrés au sein de toutes écoles. Ceci à l’aide de réponses concrètes à cet appel, par le biais de moyens appropriés qui laissent place à la discussion et ce, de manière pérenne. Nous sommes effondré.es.s devant l’image, que nous ne reconnaissons pas, de notre école. Image dévoilée par les médias qui présentent dans les faits un clivage prof/étudiants qui n’est pas révélateur des avis et opinions de tout.e.s. Médias dans lesquels une personne s’exprime au nom de tous les étudiant.e.s d’une école sans même en faire partie, ni même les avoirs concerté.e.s au préalable.
Maintenant que la parole est ouverte, nous nous en félicitons, il s’agit à présent d’avancer ensemble pour pouvoir continuer à travailler avec nos professeurs et camarades, dans un climat plus serein et faire perpétuer ce que l’ISBA a de meilleur.
Les professeurs de l'ISBA ont également expliqué à France 3 Franche-Comté, être extrêmement touchés par ces accusations publiques. "Attaché-e-s à notre établissement et à la qualité éthique et respectueuse des bonnes conditions de travail de chacun.e, tant pour les étudiant.e.s que pour les membres de l’équipe, nous tenons à réaffirmer que nous menons une pédagogie engagée et active contre ce genre d'abus" se défendent-ils (lire notre article).
Anne Vignot, maire de Besançon, a également réagi mardi 22 septembre : "Ces témoignages, s’ils sont confirmés, sont à prendre très au sérieux. En tout état de cause, si des faits graves étaient avérés, ils ne pourraient rester impunis".
Interrogé par France 3 Franche-Comté, Laurent Devèze, directeur de l'établissement, dit faire confiance "à l'enquête administrative et à la justice de notre pays".