Cette année, les élèves de seconde générale ont un stage obligatoire de deux semaines à faire en juin. Mais c'est un véritable casse-tête pour les élèves, comme pour les parents. Il y a peu d'offres, notamment dans les secteurs privilégiés par les élèves. Nous avons rencontré une famille qui peine à trouver.
Si le mois de juin paraît loin pour beaucoup d’entre nous, pour les élèves de seconde l’étau se resserre. En effet, depuis cette année, ils doivent réaliser un stage de deux semaines durant la période d’examen des autres élèves. Une période "pour regagner le temps scolaire du mois de juin et proposer une observation en entreprise", développe Samuel Rouzet, inspecteur d'académie de Besançon.
@gabriel_attal Un stage obligatoire pour les élèves de seconde générale ou technologique ? Je te résume ce qui change et pourquoi. #Stages #Lycee #foryou #college #politique #ecole ♬ son original - Gabriel Attal
Mais de nombreux parents l’interprètent comme un stage "occupationnel". "C’est un stage qui ne sert à rien, car en juin l'orientation est déjà validée depuis longtemps. C'est juste pour occuper les élèves. Il aurait fallu que le stage soit en début d'année pour confirmer un choix d'orientation", dénonce un parent sur notre appel à témoin sur le réseau social Facebook.
Une plateforme, mais peu d'annonces
Si sur le papier, la réforme est louable, la réalité du terrain est bien différente. Agate cherche un stage depuis le mois d’octobre. Après avoir démarché une vingtaine d’entreprises, elle n’a trouvé, pour l’heure, qu’une seule semaine de stage. "Je cherche dans le journalisme, mais il n’y a aucun stage sur Besançon. Il y a des annonces, mais dans des secteurs qui ne m’intéressent pas. Je ne veux pas faire un stage par dépit", confie la jeune fille.
Malgré la mise en place de la plateforme 1 jeune 1 solution par le gouvernement, les offres ne pleuvent pas pour autant. Même si Samuel Rouzet se veut rassurant auprès des jeunes lycéens : "La plateforme de recension de l’ensemble des offres de stages disponibles va être alimentée au fur et à mesure de la mise en dynamique. On tient à rassurer les parents, les offres vont arriver. Là, nous sommes au début de la mise en place du dispositif". Il assure également que l’Etat et ses services s’engagent à proposer des stages, en proposant 50 000 offres sur la France entière.
"Il faut que les moyens soient mis en place en adéquation"
Même après avoir épluché la plateforme, Agate ne remplit toujours pas le contrat des deux semaines de stage. Pourtant, les concessions sont là. "On cherche dans des autres villes, dans lesquelles on a des amis ou de la famille, confie sa maman. On a regardé à Paris, à Grenoble… en vain" Richard, le papa, ajoute qu’ils essaient de faire marcher le réseau familial ou professionnel. "Certes, il y a une plateforme, mais à un moment, c’est papa et maman qui sont obligés d’intervenir et de faire marcher leur petit réseau."
Aujourd’hui, on a la sensation d’un transfert de charges vers les parents, qui peuvent se retrouver démunis.
Richard, papa d'Agate
Si les deux parents trouvent cette réforme très bien, ils dénoncent cependant le manque d’accompagnement des jeunes. "C’est une très bonne idée, qui permet d’avoir confiance, de tâter le milieu professionnel et de s’assurer de leur choix, mais il faut que les moyens soient mis en place en adéquation derrière, déclare la maman. Je trouve que pour les jeunes, c'est déstabilisant, voire démoralisant, de ne pas avoir d’opportunités de faire ce stage."
"Cinq annonces pour 400 élèves"
Agate est loin d’être un cas isolé. Dans sa classe, seulement deux élèves sur 30 ont trouvé deux semaines de stage. Pour une maman qui a laissé un commentaire sur le Facebook de France 3 Franche-Comté, la situation est la même et soulève un autre problème : "Pour notre cas personnel sur Pontarlier, rien qu'au lycée Xavier Marmier, vous avez 13 classes de secondes d'environ 35 élèves qui recherchent un stage. Je ne parle même pas des autres lycées", déplore cette maman d’élève.
Cinq annonces pour plus de 400 élèves de seconde, je ne sais pas de qui on se moque !
Une maman d'élève sur Facebook
Et pour de nombreux parents, comme pour cette mère, hors de question de faire ce stage, s’il ne correspond pas aux projets de sa fille. "Notre fille restera au lycée pour aider à préparer le baccalauréat et dans le cas contraire restera à la maison. En aucun cas, elle ira dans un restaurant ou une boulangerie ou en grande surface - les seules offres sur le marché. On est déjà passé par là en 3ᵉ !"
Une idée que reproche également Richard, le papa d’Agate, et qu’il a du mal à imaginer "Se tourner vers un stage qui ne l’intéresse pas, ça ne correspond pas à l’état d’esprit du stage et ça me dérange un peu."