Proudhon, c'est un trio de choc bisontin au service d'un répertoire grindcore extrême. Entre riffs brutaux et voix gutturale, Thomas, Maxime et Quentin véhiculent un message politique anarchiste qu'ils portent haut et fort dans leurs chansons. Découvrez un extrait de leur répertoire, lors de leur passage sur la scène de #studio3.
"Le metal, le punk, c'est une musique d'anarchistes". Ne mentez pas, cette phrase, vous l'avez tous déjà entendu. Bien souvent, ces genres musicaux sortant des codes grand public font l'objet de certaines critiques. Alors quand on se revendique d'un style mixant "du punk rapide" et des "influences de metal extreme" comme le groupe Proudhon, on s'attend à recevoir certains commentaires.
Mais pour le trio de Besançon (Doubs), ce n'est pas mal pris, bien au contraire. Nommé selon Pierre-Joseph Proudhon, philosophe et père de la pensée anarchiste né dans un milieu ouvrier à Besançon, la formation créée en 2020 "pour ne pas s'ennuyer durant le confinement" se revendique volontiers anar' et porteur d'un vrai message politique.
"Lutte des classes" et "libération de l'individu"
"Dans nos morceaux, on essaye de réaffirmer l'importance de la lutte des classes et de la libération de l'individu par rapport au capitalisme" explique Thomas Hagmann, batteur-chanteur et membre fondateur de Proudhon. Et quid des idées ouvertement misogynes et antisémites du philosophe ?
On est bien sûr au courant de ces prises de position problématiques et on les rejette totalement. On s'attache à le dire sur tous nos réseaux sociaux. On s'appuie uniquement sur son ouvrage "Qu'est-ce-que la propriété ?".
Thomas Hagmann,batteur-chanteur de Proudhon
Ses idées, son message, Proudhon le retransmet sur scène dans un son brut. Exemple avec les chansons Les Temps Nouveaux et Les Temps Modernes, jouées ensemble dans le studio de #studio 3. Deux morceaux liés le temps d'une prestation, mais portés par la même énergie.
À la batterie, Thomas se casse les cordes vocales en frappant dans le même temps sur sa batterie. À ses côtés, Quentin, à la guitare, envoie des riffs brutaux et électriques alors que la basse et les chants additionnels de Maxime sont au centre de ce rythme effréné.
"On voulait s'occuper pendant le Covid"
Leur musique est aussi un spectacle, un spectacle physique. Sur scène, les artistes sont pris aux tripes, se donnent complètement, jusqu'à se vider de leur énergie. La sueur perle, les veines apparaissent. Et pourtant, détail incongru, Proudhon n'était à sa création pas un groupe destiné au live. "J'ai créé le groupe pendant le Covid, avec mon pote Antoine" précise Thomas. "On voulait s'occuper".
On a fait un premier EP à deux, puis un album, et on s'est dit que ce serait intéressant de rendre ça vivant vers 2022.
Thomas Hagmann,batteur-chanteur du groupe Proudhon
Aujourd'hui, la composition du groupe a changé, mais le passage devant le public a vraiment fait passer à un stade à Proudhon. "Ça nous a forgé collectivement et personnellement, on a pu rencontrer d'autres personnes et développer différents projets" reprend Thomas. Le trio a ainsi accompli à l'été 2024 sa première tournée étrangère, en Angleterre.
Voir cette publication sur Instagram
Et ne compte pas s'arrêter là. "L'objectif, c'est de toujours continuer à composer, à jouer encore et encore" conclut le batteur-chanteur. "On ne sait pas encore sous quelle forme ça va se matérialiser, mais on avance". On suivra de près cette aventure. Oui, ce style musical n'est pas le plus connu, mais on vous l'assure, il vaut le détour. Adepte ou pas du grindcore, nous vous conseillons de jeter une oreille aux créations de Proudhon. Vous pourriez peut-être accrocher. En plus d'être décoiffer.
▶ Découvrez d'autres artistes sur le plateau de #studio3
#studio3 a été réalisé par les équipes de France 3 Franche-Comté :
Mise en images : Xavier Beisser
Technicien vidéo : Jonathan Labreuche
Son : Vincent Grandemange
Lumières : Azouz Chaa
Cadreurs : Jean-Michel Bohé et Romuald Piniac
Montage : Pierre Corne
Mixage : Pierre Mayayo
Infographie : Paul Bourgeois
Encadrement : Clémence Baverel
Journaliste : Antoine Comte