VIDEO. Avec 1026 mèches de cheveux, Kim Nezzar construit une œuvre en soutien aux femmes iraniennes

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Intervenants : Kim Nezzar, artiste plasticien, et des bénévoles. ©Noémie Gobron, Laurent Brocard, Yvan Bultel - France Télévisions

À Amagney (Doubs), près de Besançon, Kim Nezzar, plasticien, réalise une œuvre collective à partir de cheveux qui proviennent du monde entier. Aux côtés de bénévoles, l'artiste coud les mèches sur un voile blanc transparent, un symbole pour soutenir les femmes en Iran.

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Septembre 2022. Une jeune femme devient le visage de la révolte iranienne. Masha Amini, 22 ans, est arrêtée en raison d’un « port de vêtements inappropriés ». Elle laissait entrevoir une partie de sa chevelure à travers le voile. Détenue, elle décède le 16 septembre 2022. Sa mort provoque la colère de la jeunesse iranienne et d’une très grande partie de la population. Une indignation partagée au-delà du pays qui se résume alors en un slogan : « Femme, Vie, Liberté ».

Devant sa télévision, Kim Nezzar voit défiler le visage de la jeune Iranienne. « J’ai vu avec terreur ce qui est arrivé à Masha Amini. Comme je suis plasticien, ma réaction était simple : que puis-je faire à mon niveau ? », se demandait alors l’artiste comtois. Peu après, il lançait « un appel à toutes les femmes pour qu'elles [lui] envoient une mèche de cheveux ».

1026 mèches de cheveux

Dans son atelier, un immense voile de 50m de long et d’1m50 de large sur lequel sont cousues des mèches de cheveux, transmises par La Poste. Certaines sont encore dans des enveloppes. « L’idée m’est venue simplement de mettre des cheveux par-dessus un voile plutôt qu’ils soient cachés en dessous d’un voile. C’est aussi simple que cela », explique Kim Nezzar.

À côté des mèches, le prénom de 1026 femmes. La plupart d'entre elles vient de Franche-Comté, le reste de toute la France voire du monde entier. Cette œuvre « pour ne pas oublier », est à la fois collective et très personnelle, pour l’artiste plasticien : « Le cheveu symboliquement, c’est quelque chose de très très fort. C’est une intimité très forte. Offrir une partie de soi pour construire une œuvre, c’est quelque chose de magnifique. »

La liberté des femmes

« À la libération des camps, on a vu une montagne de cheveux qui ont été pris de force à des femmes, et là ce sont des mèches qui ont été données. Il y a un symbole extrêmement puissant et je trouve cela très émouvant […]. C’est le symbole de la liberté : on donne des choses, on ne se les fait pas prendre, ce n’est pas pareil », décrit l’un des bénévoles, Jean-Michel Jussiaux. Comme ce retraité, une dizaine de personnes aide le plasticien à coudre toutes les mèches de cheveux sur l’immense tissu tous les mercredis. 

Aiguille en main, Axelle Roux--Guilleminet, bénévole de 15 ans, mesure aussi « la chance d’être ici » : « Ce serait bien que ce soit partout pareil, que ce soit possible d’être tout simplement bien en tant que femme partout dans le monde quoi. » C’est aussi l’ambition première de Kim Nezzar. « L‘œuvre est conceptuelle, elle représente la liberté de toutes les femmes, pas que des femmes iraniennes, commente l’artiste. Ce sont aussi les Afghanes, et plus largement, des femmes qui vivent dans des pays, comme en France, où l’égalité n’est pas encore atteinte. » 

Le voile exposé à Téhéran ?

Contre les interprétations hasardeuses, l'artiste préfère prévenir : « Ce n’est pas une attaque contre l’Iran, ni une attaque contre le voile, affirme Kim Nezzar. C’est une œuvre pour demander d’avoir le choix. Je suis Français donc j’ai le droit de m’habiller comme je le souhaite, de vivre comme je le souhaite etc. Ce que je souhaite, c’est que chacun puisse le faire librement. »

Kim Nezzar est encore à la recherche de volontaires pour coudre les mèches restantes. À ce rythme, l'œuvre sera achevée dans huit semaines, et pourrait être exposée à Paris et à Besançon dans les prochains mois. L'artiste imagine même l’idéal serait que cette œuvre soit attachée à Téhéran : « Cela voudrait dire que cette révolution des mœurs aura eu lieu dans le bon sens. »

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