Tous les" enfants de la télé" n'ont pas oublié Goldorak qui fêtera ses 50 ans en 2025. Près de Besançon (Doubs), le musicien et youtubeur Fred K. signe une version rock du premier générique du célèbre dessin animé. Une reprise qui fait le déjà le buzz !
Ce n'est pas le ranch du Bouleau blanc, le centre spatial du professeur Procyon ou le Camp de la Lune noire des forces de Véga mais c'est son repaire à lui. Un petit studio de quelques mètres carrés aménagé dans le jardin de sa maison, près de Besançon (Doubs). C'est là que Frédéric Kerbidi alias Fred K. compose et qu'il a enregistré en décembre 2023 "Accours vers nous prince de l'espace", une reprise rock du premier générique de Goldorak, chanté en 1978 par Enrique.
Déjà, Goldorak, c'est un grand bonhomme en métal, mais oui, il est rock ! il a vraiment des lignes incroyables et 50 ans plus tard, moi, je trouve qu'il a toujours la classe. C'est un robot qui ne se démode pas. D'autres ont vieilli, pas lui !
Fred K., musicien et Youtubeur.
Et visiblement, les fans l'entendent de cette même oreille. Un mois seulement après sa mise en ligne sur YouTube, son clip, avec une illustration originale de ZeMial, a dépassé les 160 000 vues !
Éducateur auprès d'enfants en difficulté à Novillars (Doubs), Fred K. est âgé de 50 ans. Il joue de la batterie depuis qu'il a 12 ans. Il a fait partie de plusieurs groupes et continue à se produire sur scène. Mais c'est surtout avec le confinement qu'il a commencé à partager sur YouTube ses propres morceaux.
"Ça faisait quelque temps que j'y pensais, que je voulais reprendre cette chanson mythique de Goldorak, c'est la chanson du générique, confie-t-il à France 3 Franche-Comté. Tout le monde la connaît. Même les gens qui n'ont pas vraiment regardé Goldorak ou qui ne sont pas forcément fans, l’ont entendue un jour à la télé."
Rencontre avec le héros
"J'ai découvert Goldorak à 5 ans et il ne m'a jamais quitté depuis", avoue-t-il. Fan, le mot n'est décidément pas assez fort pour décrire sa passion absolue pour "le robot de l'espace" dont il connaît précisément la taille et le poids, 30 mètres et 280 tonnes. Rétrolaser, planitronk, asterohache, fulguropoing, cornofulgure... N’essayez même pas de le coller. Il connaît toutes les armes et toutes les attaques favorites de son héros par cœur. Actarus, Alcor, Vénusia, MInos, Hydargos, le Grand Stratéguerre, partout sur les affiches ou parmi les statuettes qui trônent dans son studio, on reconnaît les silhouettes et visages familiers du dessin animé.
En 2025, Goldorak fêtera ses 50 ans. Mais le public français l'a découvert seulement le 3 juillet 1978 à 18h. Et cet été pluvieux va faire le succès de ce drôle d'anime japonais programmé sur Antenne 2, dans le premier numéro de "Récré A2", la fameuse émission jeunesse présentée par Dorothée. Les responsables de la chaîne, il faut le dire, ne sont pas vraiment séduits par ce dessin animé qu'ils jugent trop violent pour les enfants. Mais, comme les affreux Golgoths sur le petit écran, l'audience explose !
Malgré les critiques et les polémiques, les 74 épisodes de 24 minutes de la série seront diffusés (pas toujours dans l'ordre, ndlr) jusqu'en octobre 1980. En 2013, Goldorak a même fait son retour sur la chaîne Mangas avant d'être rediffusé partiellement sur France 4 en 2022. Il est désormais disponible sur les plates-formes Okoo et Paramount+ depuis l'an dernier.
Génération Goldorak
Fred K. n'est pas le seul à avoir été marqué par cet OVNI télévisuel. Lorsqu'il a atterri en France, explique Pierre Bannier, spécialiste des séries télévisées, Grendizer (le nom original de Goldorak au Japon), a été "un vrai coup de tonnerre, qui a opposé à leurs parents les enfants, littéralement fascinés par le rythme nouveau des images, la puissance des bruitages et de la musique, les destins brisés de personnages forts et les batailles sans merci d'une guerre imposés par des envahisseurs extraterrestres". Pour l'auteur de "Goldorak, le choc de la guerre totale", publié en 2022 aux éditions Entremises, "au fil des années, une génération s'est soudée sans le savoir autour de cet agréable souvenir traumatique."
On sortait de "Bonne nuit les petits" et de Casimir. C'était l'arrivée de l'animation japonaise en France. C'était révolutionnaire dans les graphismes, dans l'animation. C'est aussi la première fois qu'on voyait un robot à l'écran, un extraterrestre en plus, venu pour nous sauver nous les Terriens. Alors forcément, pour un petit garçon, c'était incroyable !
Fred K., fan de Goldorak.
Aujourd'hui, l'anime est devenu une référence et une source d'inspiration pour de nombreux artistes contemporains qui revisitent son univers. Des chercheurs lui consacrent même des thèses. Un colloque très sérieux, "Goldorak, 40 ans après", a été organisé à Paris en mai 2016 à La Sorbonne. Toujours à Paris, une grande exposition intitulée "Goldorak Xperience 1975-2021" lui a été consacrée à La Maison de la Culture du Japon du 15 septembre au 31 octobre 2021. Cinq dessinateurs français ont redonné vie au héros, avec l'autorisation de son père Gō Nagai, dans une bande dessinée originale sortie à l'automne 2021. Un jeu vidéo lui a été dédié en 2023.
Une "Goldophilie" alimentée au quotidien par de véritables "Goldolâtres" sur les réseaux sociaux ou dans des forums spécialisés sur internet. Fred K. est d'ailleurs un membre très actif de plusieurs groupes Facebook qui partagent anecdotes et infos sur l'anime ou encore interrogent les mystères et certaines aberrations de la série. "Il y a des grands débats, s'amuse Fred K. Par exemple : pourquoi Actarus, lorsqu'il passe de l'habitacle de sa soucoupe à celui de Goldorak dans sa tête, fait-il deux demi-tours avec son fauteuil ? Et chacun a sa petite théorie."
Collection privée
Et l'on ne compte pas le nombre de jouets et de figurines créés à son effigie ou à celle des personnages de la série, les gentils comme les méchants. Fred K. les collectionne tous évidemment. Des objets qui ont depuis des années envahi sa maison et dont les plus précieux sont conservés dans une grande vitrine dans son salon. Le Franc-comtois est particulièrement fier de cette reproduction d'un jouet en plastique de l'époque. Une réédition limitée à seulement 1978 exemplaires et dont il possède le numéro 19 !
"À la maison, on se bat pour la place sur les murs", reconnaît Fred K. Car le quinquagénaire a depuis longtemps transmis le virus à toute sa famille. Enfin presque. "J'aimais bien aussi puisque j'ai grandi avec, mais personnellement, je préfère Albator, corrige Séverine Kerbidi, son épouse. Ce sont des dessins animés qui nous ont marqués et quelque part, on a gardé une âme d'enfant."
À côté de sa mère, sur le canapé, Axel est en plein affrontement, dans la peau du Prince d'Euphor. Manette à la main, il pilote Goldorak sur sa console de jeux. Preuve que le géant de fer nippon peut encore plaire aux jeunes d'aujourd'hui. "À force, on s'y habitue, je suis dedans depuis tout petit, sourit l'adolescent. Mais sans mon père, je ne suis pas sûr que je m'y serais intéressé. J'adore et je lui dis merci de m’avoir fait découvrir ça."
De quoi encourager Fred K. à poursuivre l'aventure. Le musicien prépare actuellement l’enregistrement d’un nouveau morceau, toujours sur cet air de Goldorak. "Ce sera vraiment une création, pour remettre le thème au goût du jour, une version plus électro, plus moderne", promet-il. Il ne cache pas son ambition pour ce titre. Un "reboot" (ou redémarrage comme on dit) de la série, intitulé Grendizer U, est en effet annoncé pour juin 2024 et Fred K. rêve secrètement d'en signer le générique français.
En attendant, Fred K. devrait rencontrer son idole, le chanteur Enrique, ainsi que Bernard Minet et Noam qui ont, eux aussi, chanté sur des génériques de la série, le 18 avril prochain lors du Goldorak XperienZ au Grand Rex à Paris. Plus près d'ici, le chanteur bisontin au grand cœur donnera également un concert le 26 janvier 2024 à 20h au Grand Kursaal à Besançon au profit de l'association France Alzheimer.