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VIDEO. "Qu’on puisse juste aimer librement comme toutes les personnes hétéros peuvent le faire" : un documentaire pour défendre les droits LGBTQIA+

Océane, Donovan / Layenna, Milan et Corentin nous ouvrent les portes de leur quotidien, à Besançon dans le Doubs. Pour ces 4 membres de la communauté LGBTQIA+, la société a encore du chemin à faire en terme d'acceptation de l'autre.

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Le documentaire "L’important c’est d’aimer" réalisé par Stéphane Bonotte et David Perrot met le cap sur Besançon, la capitale de la Franche-Comté, pour nous parler d'amour, sans distinction. Car il a la richesse de se manifester sous une multitude de formes. Mais en 2023, l'intolérance face à l'homosexualité sévit encore largement. Cette manifestation de haine de l'autre que l'on nomme homophobie n'est pas une opinion, et il est toujours capital de souligner le fait que dévaloriser l'orientation sexuelle réelle ou supposée d'une personne est un délit, punit par la loi.

À Besançon, quatre membres de la communauté LGBTQIA+ ont accepté d'être suivi pendant un an pour témoigner de leur quotidien. Océane, Donovan, Milan et Corentin ont des parcours de vie différents, mais défendent avec la même intensité leurs droits au quotidien. Car leur souhait, comme l'explique Océane, c'est simplement " qu’on puisse juste aimer librement comme toutes les personnes hétéros peuvent le faire."

Milan

Imaginez vivre dans un corps qui vous enferme. Né femme, Milan a passé 17 ans de sa vie à détester les attributs qui étaient censés le caractériser avant d'entamer sa transition. Il se souvient : "Je détestais le fait d’avoir une poitrine, je détestais le fait d’avoir mes règles et en plus, elles me faisaient un mal de chien au point de me provoquer des pics de fièvres et de tomber dans les pommes."

Trois ans après son coming out trans, sa mère a toujours quelques difficultés à le genrer au masculin, mais est au soutien, ce qui n'est pas le cas de celui que Milan nommera son "géniteur". C'est un sujet qui reste tabou, mais un grand nombre de personnes stoppent leur transition à cause de la pression familiale. Milan continue la sienne, mais il a perdu quasiment la moitié de sa famille dans son parcours.

On entend souvent des parents dire "je dois faire le deuil de mon fils ou ma fille", mais on est pas morts on est encore là. Arrêtez de dire que vous faites le deuil de votre enfant, votre enfant est pas mort, votre enfant est en train de renaître.

Milan

Et à l’inverse, une question se pose tout au long de ce documentaire, que Milan formule clairement : "Comment est-ce qu’on peut en arriver à avoir de la haine pour des personnes que l’on ne connaît pas ?"

Océane

Le harcèlement scolaire, c'est également ce qui rassemble les quatre protagonistes. Un harcèlement qui transforme Océane, alors jeune fille confiante et ouverte, en une personne avec des complexes inconnus jusqu’alors.

Aujourd’hui, c’est le harcèlement de rue qu’elle subit. Et la violence des propos énoncés est tout autant inacceptable. Océane en témoigne, et explique ce qu'un grand nombre de femmes subit dans l'espace public : si elle ne répond pas à un "compliment", les insultes pleuvent immédiatement. Excepté Giulia, la personne qui partage sa vie, les réactions pour la protéger dans la rue sont inexistantes. 

Quand on est dans la rue, ça nous arrive de nous tenir la main. Il y a des endroits où moi un peu machinalement, je vais lâcher sa main, parce que je me sens pas forcément hyper secure. C’est un peu bête, mais des fois je me dis juste c’est peut-être pas l’endroit.

Océane

Elle fait son coming out entre 17 et 18 ans, lorsqu’elle rencontre sa première copine. Sa mère s'inquiète, non pas de ce que pourraient penser les autres, mais du mal que pourraient faire les propos homophobes à sa fille. Du côté de son père, il considère que les coming out ne devraient pas exister, tant il est normal de pouvoir vivre ses relations amoureuses comme chacun le souhaite. Lors de l'avant-première de ce documentaire, Océane s'estime être chanceuse d'avoir une famille comme la sienne, puis se reprend, en expliquant que l'acceptation par sa famille devrait être normale. Malheureusement, le soutien des proches n'est pas toujours garanti.

Donovan / Layenna

Donovan attend ses 15 ans pour faire son coming out gay. Mais son coming out le plus important a lieu a 19 ans, quand il explique à ses proches qu'il est une personne transgenre. Ses parents le prennent très mal, mais il peut compter sur le soutien de ses frères et sœurs et de sa tante. L'intolérance est parfois tellement internalisée qu'elle étiole l'amour maternel et paternel. Il est mis à la porte par ses parents, et passe plusieurs semaines à la rue. Lors du tournage, sa situation d'hébergement est encore précaire. 

Je ne peux même pas dire si je suis réellement un homme ou réellement une femme. Je suis né homme, mais identitairement et psychologiquement, je ne sais pas me positionner, pas encore du moins.

Donovan/Layenna

Celui qui se présente sous le nom de Donovan lors de la projection du documentaire explique la difficulté de se construire quand on ne sait pas qui l'on est. Lorsqu'il est Layenna, la discrimination est encore plus forte, pour trouver un logement ou un emploi. Un potentiel employeur lui a justifié un refus en lui disant : "Ça ne va pas être possible parce que ça peut faire peur aux clients.

Avec son amie Chloé, il s’interroge sur la sécurité des femmes en général. Au Privé, la boite de nuit gay de Besançon, des personnes extérieures à la communauté LGBTQIA+ partagent également la piste de danse, se sentant plus en sécurité que dans une boite de nuit classique. Chloé s'exclame : "Ce qui est marrant c'est de se dire qu’il y a des personnes qui font pas partie de la communauté, des femmes cis hétéros, qui y vont aussi parce qu’elles savent qu’elles vont pas se faire emmerder. Tu te dis qu’il y a un problème sur les lieux de sortie, déjà, indépendamment de la communauté LGBT. Nous on se fait plus facilement emmerder mais au final le problème est plus global." Car il est parfois plus simple de se sentir en sécurité dans la communauté LGBTQIA+, entouré de personnes bienveillantes et compréhensives, ou qui essayent de l'être.

Corentin

À l'instar de Milan, Coralie et Donovan/Layenna, le harcèlement a aussi rythmé la scolarité de Corentin. Il explique : "On m'a dit PD pour la première fois, j'avais 11 ans." Ce qui commence par des bousculades se termine en agression physique. Sa mère tente de porter plainte, mais en 2005, ce n'était pas "entendable". Pour le milieu scolaire, s'il souhaite que la situation s'améliore, il n'a qu'à retirer sa boucle d'oreille. Corentin n'a pas fait de coming out, il se l'est dit à lui-même, ce qui est le plus important. Sa mère l'apprend lorsqu'il fréquente son premier petit copain pendant ses études supérieures. Mais avec son père, ils n'en parlent pas, malgré une lettre, le tabou persiste.

Je voudrais vraiment faire passer un message en disant aux parents, quoi que ce soit, aimez déjà votre fils, votre fille, ayez de la tolérance, soutenez le au lieu de le mettre de côté. Il est comme il est, mais on doit l’accepter tel qu’on est, sinon j’estime qu’on est pas des parents.

Véronique, maman de Corentin

Il milite au quotidien pour les droits LGBTQIA+ au travers de l'association le Cercle, spécialisée dans les événements festifs dans la capitale comtoise. La société évolue, mais un long chemin reste à parcourir. Corentin résume le message de ce documentaire : "Vous préférez avoir un enfant homosexuel, mais heureux ou homophobe et intolérant ?"

L'important c'est d'aimer, un film de David Perrot et Stéphane Bonnotte
Une coproduction France Télévisions et Dans la boucle productions
Diffusion jeudi 15 juin à 23h40 sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté
À voir dès à présent sur France.tv

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