Depuis le 2 mars 2022, Fabienne explique vivre une situation "dramatique". Cette habitante de Besançon dans le Doubs déplore ne pas s'être fait payer ses indemnités journalières dues par la Sécurité Sociale. Elle indique ne pas avoir reçu cet argent, malgré son placement en arrêt-maladie. 20.000 dossiers sont en attente selon la caisse d'assurance maladie du Doubs.
Elle nous explique que ses indemnités journalières de Sécurité Sociale sont actuellement son dernier moyen pour vivre. Fabienne a 46 ans. Depuis début mars, la mère de famille de Besançon (Doubs) est en long arrêt de travail. Sa vie devient compliquée. Elle affirme ne pas avoir reçu ses versements de la Caisse primaire d’Assurance-Maladie (CPAM).
L’angoisse depuis trois mois
« Je dois vivre avec 0 euros par mois et je dois demander de l’argent à mes proches pour faire mes courses. Pendant ce temps, les dettes s’accumulent pour l’électricité, le loyer et même auprès des professionnels de santé. La Sécurité Sociale a accepté de m’indemniser sur le motif de ma maladie, mais pas pour la rechute de mon syndrome post-traumatique après mon accident de la route en 2015 », se désole la mère de famille.
Un sinistre qui laisse à Fabienne des séquelles, dont un traumatisme crânien et un « syndrome post-traumatique ». Elle continue notamment à ressentir du stress et d’autres effets liés à son grave accident. Conséquence : Fabienne est placée une première fois en arrêt de travail jusqu’en 2018. Cette année-là, la Sécurité Sociale considère que son état ne pourra ni s’améliorer ni se dégrader. Elle pourrait reprendre le travail, mais le médecin spécialisé la déclare finalement inapte.
Son employeur la place un an plus tard en « congé grave maladie ». Elle est finalement licenciée pour inaptitude en 2020. Elle prend alors contact avec l’association des familles des traumatisés crâniens. Objectif : suivre une formation pour une réorientation sociale et professionnelle. Ce qui devrait l’aider à apprendre un nouveau métier. Fabienne intègre cette formation à l’automne 2021, mais elle subit une dépression. Son médecin est clair : c’est une conséquence à long terme de son syndrome post-traumatique. Il la place donc de nouveau en arrêt-maladie, dès le 2 mars 2022.
Les problèmes commencent pour cette mère qui élève seule un enfant malade. « Je n’ai toujours pas reçu ces versements depuis cette date. J'appelle pourtant la Caisse primaire d'Assurance-Maladie toutes les semaines. C'était censé être résolu fin avril d'après ce qu'ils me disent. Ils ont ensuite repoussé la résolution de mon problème à la fin mai, avant de me dire mi-juillet. Sans compter que la Sécurité Sociale ne peut même pas me dire à quelle somme j’ai droit », s’indigne Fabienne.
D'autres personnes confient aussi se trouver dans une situation identique. C'est le cas de Clara, 26 ans. « J'ai attrapé la Covid en février dernier. Pour l'instant, je n'ai rien reçu dans mon compte », s'alarme cette habitante de Roche-lez-Beaupré (Doubs). Cette agent de sécurité est excédée : « J'ai appelé et envoyé des mails plusieurs fois. On me demande d'attendre et on me donne de longs délais de paiement, soit août soit septembre ».
Retards de paiement inédits pour volumes inédits
Interrogée sur retards de paiement, la Caisse primaire d'Assurance-Maladie du Doubs ne dément pas l'existence de problèmes. « On ne peut pas nier qu'il y a un retard. 20.000 dossiers sont en attente. Le volume d'arrêts de travail est lui aussi inédit. La 5ème vague de Covid en décembre dernier a multiplié par 7 les arrêts-maladie, comparé à d'habitude. Cela s'est poursuivi en début d'année et il faut savoir que nos salariés eux-mêmes ont été touchés par la maladie », justifie Fabienne Jacquemard.
Pour la directrice de la Caisse, le département du Doubs n'est pas le seul touché. « Au niveau national, toutes les caisses constatent aussi ces problèmes à quelques variations près. Nous traversons ce que l'hôpital a subi aussi à un moment donné de la crise sanitaire, mais en décalé. Ce sont des retards qui datent de décembre et que nous vivons encore aujourd'hui. Ce sont ces variations de la crise qui font qu'il est impossible de donner une date exacte de résolution de ces retards », complète la responsable. Fabienne Jacquemard infirme en revanche les absences de paiements de certains assurés.
« Il s'agit de gros retards là aussi, mais je ne peux pas laisser dire que les paiements n'ont pas été faits. On a conscience des difficultés que cela génère chez nos usagers, mais tout cela dépend de la complexité des dossiers. Les plus simples peuvent être traités en 8 jours, d'autres qui nécessitent des recherches supplémentaires, comme lorsqu'il y a plusieurs employeurs, peuvent prendre du temps. Le délai moyen est de 45 jours », ajoute la directrice.
D'après Fabienne Jacquemard, des mesures sont justement prises pour régler ces délais. C'est le cas notamment pour les personnes qui disent subir des grands retards : « Toutes nos équipes sont mobilisées. Pour les dossiers qui sont urgents, il existe un circuit de priorisation. Des avances et des allocations existent et peuvent aussi être versées de façon anticipée ». La directrice de la CPAM du Doubs invite en outre ces personnes à contacter les caisses soit par téléphone, soit en se déplaçant directement sur place.