Venu du Québec ce dispositif aide les jeunes souffrant de problèmes de consommations et d’addictions à retrouver le chemin de l’emploi. Contrairement au chantier d’insertion la rémunération est versée en fin de journée. La ville de Béthoncourt (Doubs) vient de le mettre en place dans ses quartiers.
« Moi je suis addictif aux jeux vidéo depuis au moins deux ans. Je ne dors pas la nuit » témoigne Yanis*, 18 ans. Le jeune homme a quitté l’école après sa 3e, sans aucune qualification, sans aucun diplôme, avec en prime une addiction aux jeux, autant de freins qui l’empêchent de décrocher un emploi.
Alors pour lui venir en aide, l'équipe de médiation de la Ville de Bethoncourt et l’association Relais Altau de Montbéliard propose à Yanis un TAPAJ, un Travail Alternatif Payé à la Journée. Un dispositif québécois arrivé en France en 2013 avec une première expérimentation à Bordeaux.
Et c'est la première fois qu'il est déployé dans le Nord Franche-Comté
Repeindre les poteaux du préau de l’école de Champvallon " Nelson Mandela" à Bethoncourt, voilà la mission de Yanis et de quatre autres jeunes. Elle a débuté ce jeudi 15 juillet au petit matin et pour une semaine. A leurs côtés, un éducateur, qui va les questionner au maximum. « L’échange avec eux permet de comprendre leurs points faibles et leurs points forts. On n'est pas dans un bureau face à un agent de pôle emploi ou de la mission locale, c'est différent, on instaure un vrai climat de confiance. On entre dans leur intimité propre. Cela nous permet de comprendre le véritable frein à leur problème d’emploi » détaille Sofien.
Une rémunération en fin de journée
Un Travail Alternatif Payé à la Journée (TAPAJ) est un programme de remobilisation globale destiné à des jeunes âgés de 16 à 25 ans en grande précarité, souffrant de problèmes de consommations et d’addictions. Il leur permet d’être rémunérés en fin de journée, pour une activité professionnelle qui ne nécessite pas de qualification ou d’expérience professionnelle particulière et ne les engage pas sur la durée.
« TAPAJ valorise les jeunes parce que souvent, ils travaillent dans leur quartier et puis ça leur permet de reprendre confiance en eux, de leur donner les capacités à faire quelque chose d’autre. Cela nous sert aussi de baromètre pour les futurs employeurs » explique Sofien.
Moi, je ne pense plus aux jeux depuis ce matin, je n'ai pas le temps, je travaille
L’un des principaux objectifs de TAPAJ est de trouver de nouveaux leviers afin d’intégrer les dimensions de santé, santé mentale et addictions dans la prise en charge de personnes n’en exprimant pas la demande mais ayant d’importants besoins. La psychologie sociale a démontré l’écart conséquent entre « savoir et changer », voire même entre « intention de changement et comportement réel ». En ce sens, l’objectif n’est plus de persuader le bénéficiaire de l’intérêt du changement mais bien de travailler sur les ambivalences émergeantes dans l’éprouvé de ses expériences, par la mise en action immédiate que constitue TAPAJ.