C'est la fin d'un long combat et d'un "rêve perché" pour Xavier Marmier. Cet habitant qui avait construit sa cabane suspendue dans les arbres de la forêt de Cléron, va devoir démonter son logement insolite.
Les feuilles teintées des belles couleurs d'automne commencent à tomber dans la forêt de Cléron. Pour Xavier Marmier, c'est une fin de saison, la fin d'un "rêve perché". Cet habitant qui avait construit sa cabane suspendue dans les arbres, va devoir démonter son logement insolite.
Le Franc-comtois, amoureux de la nature, vit depuis 10 ans dans deux cabanes qu'il a fabriquées de ses mains, sur son terrain mais sans permis de construire. Les structures sont installées comme des nids d'oiseaux au cœur de la forêt de Cléron (Doubs). "J’ai vécu une très belle expérience de vie, une expérience technique puisqu’on a réussi à poser une habitation suspendue dans un arbre, prouvant ainsi qu'il est possible de s’inscrire en son sein sans perturber le milieu naturel" explique le grimpeur, élagueur de métier.
Il vient d'accepter un compromis avec la mairie et s'engage à démonter ses cabanes. C'est ainsi la fin d'un long combat judiciaire. Une bataille qui valait la peine, selon lui : "j’avais un combat à mener, montrer que mon habitat n’était pas destructeur dans un milieu dit Natura 2000" explique-t-il. Dans cette même zone Natura 2000, l'extension d'une zone d'activités a pourtant été autorisée. "En quoi suis-je plus dérangeant et polluant qu'une zone industrielle et artisanale ?" s'interroge-t-il.
Il estime avoir atteint son objectif principal, celui de porter le débat autour de l'habitat léger sur la place publique. "Plutôt que vivre dans des logements modernes énergivores et très polluants sous lesquels il n’y a plus de vie, ces habitats légers sont une voie de solution d’avenir", estime-t-il.
J'ai mis trois ans à construire mes cabanes, je me donne un an pour les démonter
Xavier Marmier, habitant de cabane dans les arbres
Cette chronique judiciaire a débuté en 2014, lorsque la mairie de Cléron demanda à Xavier Marmier un permis de construire. En 2017, la mairie porte l'affaire devant le Tribunal de Grande Instance en exigeant la destruction des cabanes. En avril 2018, le tribunal administratif condamne la commune de Cléron en première instance à verser 1000 euros au propriétaire de la cabane suspendue et lui donne raison. Finalement la municipalité dépose un recours, qui finira par infirmer le jugement de la cour d'appel. En 2019, la Cour de cassation confirme la décision de la cour d'appel et lui impose la destruction dans les plus brefs délais de son habitation insolite. En dernier lieu, le propriétaire de la cabane dépose une requête devant la Cour européenne des droits de l'Homme qui sera finalement rejetée.
La procédure judiciaire enfin arrivée à son terme, Xavier Marmier se dit soulagé et content que les choses se calment, que les conflits s’éteignent. En échange du protocole signé, la mairie s'est engagée à renoncer aux jours d'astreinte dus par le propriétaire malheureux de la cabane. Une somme qui avoisinerait les 100 000 euros.
Xavier Marmier retiendra de cette aventure le soutien incroyable d'innombrables citoyens et anonymes. Une pétition en ligne pour sauver sa cabane avait même recueilli près de 200 000 signatures. Aujourd'hui le bâtisseur doit renoncer à son rêve d'enfant : celui de vivre dans la nature en harmonie avec la faune sauvage. Il a trouvé une nouvelle maison, une ancienne ferme à rénover près de Quingey (Doubs). Le plus dur sera pour lui de démonter le bardage de ses cabanes derrière lesquels nichent des chauves-souris protégées. "Cela me fend le coeur".