Coronavirus Covid-19 : l'écran noir, dans les cinémas comtois, mais jusqu'à quand ?

Fermés depuis le 14 mars, les cinémas comtois sont toujours dans l'attente de l'autorisation de l'Etat de rouvrir. Mais quand ? Une date revient souvent : le mercredi 15 juillet. Mais dans quelles conditions ? Et avec quels films ? On en parle avec des exploitants prêts à tout rallumer.

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Ce jeudi matin 14 Mai, à Pontarlier, les portes de l'Olympia se sont rouvertes, les projecteurs rallumés. Pendant deux heures, sur l'écran, ont défilé des formes et dans les haut-parleurs, des sons. Il ne s'agit pas d'un long métrage conceptuel, mais juste d'une bande-test.

La directrice du cinéma, Brigitte Frelet, réalise ce cérémonial deux fois par semaine. C'est pour éviter que les piles des projecteurs se déchargent. "En fait, les installateurs cabines nous demandent de faire nous-mêmes l'entretien de nos serveurs et projecteurs car ils craignent d'être surchargés de pannes quand nous reprendrons tous en même temps l'activité !"

Un crève-coeur pour Brigitte, qui a mis ses six salariés au chômage partiel et qui voit tous les mois tomber les échéances des emprunts. Elle a fait sortir de terre le nouvel Olympia il y a seulement 6 ans, après plus de trente ans passés à gérer l'ancien quelques rues plus loin. "Cela pourrait être pire. Je pense à ceux qui ne sont pas propriétaires des murs et qui doivent aussi payer les loyers".

Cette mordue de cinéma, tombée dans la marmite à cause du papa, est une personnalité attachante à Pontarlier. Nous l'avions rencontrée et réalisé en sa compagnie un reportage fin février en partageant des pop-corns (chacun son pot, car on parlait déjà de ce virus venu de Chine).

Un reportage qui devait être diffusé le vendredi 13 mars. Mais qui ne le fut pas, car France 3 bouleversait ses programmes pour basculer en édition spéciale Covid-19. Le voici :

" Je passe mes journées à écouter la radio et à lire le journal. Et à attendre d'en savoir plus. Même si j'ai le président de notre syndicat d'exploitants de salles toutes les semaines au téléphone."


Le président régional du syndicat des théâtres cinématographiques de Franche-Comté, c'est Jean-Claude Tupin. Cette semaine, il aurait du être à Cannes. Comme tous les ans. Mais le comtois à la tête du Groupe Majestic Cinémas, 10ème groupe français en terme de places vendues chaque année, est donc en télétravail.

Seule l'équipe de direction est active, la centaine de salariés des cinq complexes du groupe, à Vesoul, Douai, Compiègne, Remiremont et Dole a été mise en chômage partiel. Et Jean-Claude Tupin passe son temps et son énergie à travailler sur la reprise du cinéma en France.

"Une commission, composée de cinq membres de notre syndicat, est en train de travailler sur le dossier de réouverture que nous allons remettre sous 15 jours à l'Etat. Il y aura ensuite la réalisation d'une fiche métier avec tout le protocole sanitaire à respecter : espacement entre les spectateurs, nombre maximum de personnes par séances...

C'est compliqué parce que le cinéma, ce n'est pas que de la culture. Notre avenir doit être décidé également avec le ministère de l'économie, le ministère du travail et surtout celui de la santé
".

Car le patron comtois, à l'image des autres entrepreneurs du cinéma, ne veut pas rouvrir pour refermer deux semaines après, suite à un rebond de l'épidémie, à cette fameuse deuxième vague.

C'est pour cela que les exploitants de salles ont tous décidé, quoi qu'il advienne, que l'ouverture ne se ferait pas au moins avant juillet.


" Mais avec quel film ?! Encore faut-il que les distributeurs jouent le jeu !" Jean-Claude Tupin est inquiet. Au moment où l'industrie du cinéma a appuyé sur le bouton "pause" de la télécommande, seuls deux blockbusters américains avaient été doublés en français et prêts : le "Mulan" de Disney et "Mourir peut attendre", le dernier James Bond. 

"Pour l'industrie du cinéma, c'est de toute façon une année blanche. Imaginez : nous avons éteint le 14 mars nos salles. Si nous redémarrons à la mi-juillet, cela fera un vide de 4 mois ! Nous allons demander un retrait total des charges sur la période."

Le représentant des cinémas comtois s'active aussi pour récupérer masques et gels pour tous les exploitants pour la reprise. Et est confiant quant à l'adaptablité des salles de la région, en fonction des jauges décidées par le Ministère de la Santé. "On s'adaptera, oui. Pour une salle de 100 places, peut-être qu'il ne faudra en proposer que 40.

Vous pouvez en tout cas écrire que les familles pourront rester côte-à-côte sur les fauteuils. Mais pour les gens seuls, il y aura deux fauteuils vides entre eux."


Du côté de Belfort, au cinéma Pathé, la directrice Betty Andrieux partage l'optimisme de son président de syndicat.

"On saura faire cela. Il faut que nous rassurions le public, que nous lui montrions qu'il peut venir dans nos salles en sécurité".

Ici, le mercredi 11 mars, on avait déjà anticipé les gestes barrières en condamnant une rangée sur deux et en pratiquant la distanciation sociale, jusqu'au 14 mars à minuit et la fermeture totale.
 

"Il va y avoir de bons films comme locomotives. Il y a le "Mulan", mais aussi le dernier Christopher Nolan, le très attendu film de science-fiction "Tenet". C'est en leur proposant de tels longs métrages que le public reviendra de nouveau nous voir".

Son cinéma est également estampillé "Art & Essai". Elle sait que ce public-là reviendra, car Netflix ou Amazon Prime n'ont pas la même programmation. Et Betty Andrieux pourra ainsi refaire travailler ses 17 salariés pour l'instant au chômage technique.


Le retour du Drive-In ? 

De toute façon, tous vont devoir s'adapter. Jean-Claude Tupin doit entamer dès que possible la construction d'un nouveau complexe à Dole, dans le Jura. Son nom ? Le Majestic Rive Gauche. De nouvelles salles flambant neuves et, peut-être, dehors..un cinéma en drive-in pour 300 voitures !

"C'est l'adjoint à la culture de la mairie de Dole qui m'a soufflé l'idée. On va essayer, mais c'est difficile actuellement de trouver des écrans gonflables de 15 mètres de long. Et vous vous doutez bien que la demande est très forte !"

Terminons ce tour d'horizon à Ornans. Dans la patrie de Courbet se trouve l' Eldorado et ses 153 places. Aline Ranaudo, sa directrice, vient une fois par semaine faire comme Brigitte à l'Olympia, c'est à dire tout remettre en route et s'assurer que cela fonctionne.


Elle n'a pas peur de devoir adapter son petit théâtre cinématographique aux contraintes sanitaires. Elle fera comme dans les grands cinémas en matière d'espacement des fauteuils et de gel hydroalcoolique. Et fera quitter la salle par la sortie de secours.

"Ce qui m'inquiète, c'est si les distributeurs nous demandent un nombre très important de séances pour leurs films, justement pour rattraper le manque à gagner. Si ce nombre est trop important et que nous ne sommes pas en mesure de les assurer, nous n'aurons pas le film tout de suite et quand nous pourrons le projeter en salle, nous aurons fatalement moins de spectateurs, car ils seront déjà allés le voir ailleurs" 
 



C'est en effet chaque année un peu plus dur pour les petits cinémas ruraux d'obtenir des films dans de bonnes conditions, surtout quand ils ne disposent que d'un écran, comme celui d'Ornans.

Les petits cinémas sont-ils plus menacés que les gros en cette période ? Pas vraiment, car il s'agit dans la majorité des cas de cinémas municipaux. Il est à parier que les Communautés de Communes feront ce qu'il faut pour empêcher ces lieux de vie de disparaître.

 

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