Covid-19: « Les aides de l’Etat ont mal été réparties », un artisan du Doubs en grève de la faim demande à pouvoir toucher le RSA

A Rouhe (Doubs), un artisan spécialisé dans la réfection de selles et sacoches en cuir, entame une grève de la faim pour dénoncer le manque d’aides financières de l’Etat face de la crise sanitaire, et à la hausse des prix des matières premières.

Des rouleaux de cuir et de mousse par dizaine et des selles en cuir en soigneuse réparation. Dans son garage de Rouhe dans le Doubs, aménagé en atelier, André Mathey s’active depuis cinq ans. 

Après une vie professionnelle riche : officier mécanicien dans l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT), vendeur d’outillage industriel, infographiste, André a perçu le RSA (le Revenu de Solidarité Active). Puis, il a fondé sa micro-entreprise de sellerie en 2017, baptisée Andréas Corso, où il restaure des selles et des sacoches de motos et les sièges des voitures anciennes.

" 583 € à 756 € mensuels. Est-ce suffisant pour vivre ? Non "

Malheureusement, la crise sanitaire du Covid a fragilisé ses comptes bancaires, personnels et professionnels. Les aides Covid de l’Etat proposées aux entreprises, André n’y était pas éligible puisque son chiffre d’affaires était peu élevé.

Quant aux restrictions de déplacement, mis en place à l’époque, elles ont fait repousser plus d’un client. «  J’avais des clients jusqu’à Marseille et Belfort. Mais aujourd’hui il n’y a plus de clients marseillais, les clients ne vont pas dépenser de l’argent pour venir ici. Et avec le confinement, ils n’allaient pas prendre le risque de se déplacer » se désole André. « En 2020, mes bénéfices nets annuels s’élevaient à 7 006 € et en 2021 à 9 081 €. La moyenne mensuelle, pour chaque exercice, est passée de 583 € à 756 € mensuels. Est-ce suffisant pour vivre ? Non, parce que j’ai des charges et qu’un chiffre d’affaires n’est pas un salaire ».  

En grève de la faim

Pendant la crise sanitaire, il explique avoir tenu comme il pouvait. Mais à présent, un autre facteur vient fragiliser sa vie professionnelle : l’augmentation des matières premières. « Tous les prix des matières premières ont augmenté. Celui de la mousse, du cuir +40%, du skaï +20 à 30%, la teinture, augmente aussi à cause du prix du pétrole. Toutes ces augmentations, je ne peux pas les répercuter sur les devis. Quand je signe un devis avec un client, celui-ci met un certain temps à me répondre et entre temps il y a eu une hausse des prix. Je ne peux pas la répercuter sinon je ne respecte pas le devis » avance, en toute logique, André Mathey. 

Alors pour alerter sur sa condition, l’artisan en sellerie a entamé le 5 avril une grève de la faim. « J’irai jusqu’au bout. Je veux qu’on reconnaisse le droit à l’égalité dans la dispense des aides de l’Etat aux entreprises. Beaucoup d’amis chefs d’entreprise m’ont dit « on n’a jamais aussi bien gagné notre vie ». Moi, parce que je n’avais pas à l’époque de chiffre d’affaires alors je n’ai eu le droit à rien ? » s’offusque-t-il. « Je pense que l’aide Covid a été mal répartie ».

Seul face à une administration compliquée

André a pris attache auprès du Ministère des PME et PMI. On lui a promis une main tendue qui ne vient pas. Il s’est alors tourné vers une assistante sociale, mais là encore rien n’avance. « J’ai frappé à toutes les portes et aucune ne s’ouvre. A chaque fois, on me renvoie d’une administration à une autre. Je remplis 10 fois les mêmes papiers car rien n’est centralisé et quand je vois que je n’ai pas de réponse et que je suis à deux doigts de mettre la clef sous la porte, je n’ai pas d’autres choix que de continuer à appeler à l’aide ».

Pour vivre, André souhaiterait bénéficier à nouveau du RSA. « Avant ma prime d’activité et mes APL me permettaient d’équilibrer un budget plus maintenant. De toute façon, j’irai jusqu’au bout et mes enfants le savent et ils me soutiennent dans ma démarche ».    

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