À 21 ans, Miss Franche-Comté 2022 et 2ᵉ dauphine de Miss France 2023 a porté plainte après avoir été victime de "deepfake". Cette pratique illégale prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux et touche davantage les femmes.
En se réveillant samedi 27 avril 2024, Marion Navarro ne s’imaginait pas recevoir des photos d’elle, nue. Ou plutôt des montages. Sur les réseaux, des abonnés l’alertent pour la prévenir qu’une personne s’est amusée à détourner ses clichés publiés sur Instagram pour y coller le corps d’une autre femme et faire croire à des photos intimes. Miss Franche-Comté 2022, toujours étudiante à Paris s’empresse de porter plainte deux jours plus tard à la gendarmerie.
Je voulais stopper l’hémorragie. Je ne souhaitais pas que cela altère mon image car c’est une partie intégrante de mon métier, notamment à travers les réseaux et le mannequinat.
Marion Navarro, miss Franche-Comté 2022
Qu'est-ce qu'un "deepfake" ?
Ce dont Marion Navarro a été victime porte un nom : « deepfake », ou « hypertrucage ». Cette technique consiste à mettre en scène des personnes réelles dans de fausses images ou vidéos. Une pratique illégale, mais qui prend pourtant de plus en plus d’ampleur. Selon l’étude « State of Deepfakes » publiée en 2023 par Home Security Heroes, le nombre de vidéos deepfake a augmenté de 550% depuis 2019 et 98% d’entre elles sont à caractère pornographique. Parmi elles, 99% visent des femmes.
Alerter les jeunes des dangers des "deepfakes"
Marion a alors décidé d’en parler sur son compte Instagram et de prévenir ses 40 000 abonnés. « On pense que l’auteur des montages est une personne mineure. Je souhaite faire de la prévention, car ce genre d’acte peut avoir des conséquences graves. Si ça avait été une fille isolée de 14 ans, forcément elle aurait eu moins d’expérience pour y faire face. C’est ce que je veux vraiment faire comprendre aux jeunes. Pour moi l’éducation est importante, il faut qu’ils se rendent compte de ce qu’ils font. Ça peut être destructeur », confie-t-elle.
Voir cette publication sur Instagram
Bien qu’elle ait été gênée à la vue de ces photos, la jeune femme a su rebondir, notamment grâce à sa communauté. « J’ai reçu des centaines de messages bienveillants. Constater que j’étais vraiment bien entourée, ça m’a aidée. J’ai de la chance ».
Les peines encourues pour les auteurs de tels actes
Le projet de loi sur la sécurité numérique a été adopté le 10 avril 2024 et prévoit un encadrement des deepfakes. Les auteurs de ces pratiques sans consentement de la personne visée pourront risquer jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 45 000€ d’amende. Dans le cas des deepfakes à caractère sexuel, la peine encourue pourrait s’élever à trois ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende.