Dès le mercredi 16 mars, les hommes homosexuels sont autorisés à donner leur sang sans période d'abstinence de quatre mois, comme c'était le cas jusqu'à maintenant. Certaines associations considéraient cette interdiction comme discriminante, d’autres comme un principe de précaution car ces hommes sont plus exposés que les autres au virus du Sida.
Pour l’association Aides, l’interdiction de donner son sang était logique, scientifique même. Jérémy Léonard est le responsable de cette association pour la Bourgogne – Franche-Comté. Il explique : « Jusqu’à maintenant, les études montrent qu’un homosexuel avec plusieurs partenaires a 200 fois plus de risques d’être contaminé par le VIH. Pour l’Établissement Français du Sang, la sécurité transfusionnelle prime. Et c’est normal. » Pour lui, il n'y avait pas de discrimination dans cette interdiction. D’ailleurs, les hétérosexuels ayant de multiples partenaires ne pouvaient pas, non plus, donner leur sang. Toujours avec ce souci permanent de la sécurité pour les receveurs.
La date du 16 mars est une bonne nouvelle. « C’est chouette pour les homosexuels qui veulent donner, maintenant, ils peuvent le faire. Je n’étais pas choqué par l’interdiction. Pour moi, ce n’était pas de la discrimination envers les homosexuels. C’était un refus de prendre le sang de personnes ayant un comportement sexuel à risques, mais pas un refus par rapport à leur orientation sexuelle » précise Jérémy Léonard.
Un dispositif discriminant
L'avis est totalement différent du côté de Nouvel Esprit, l’association de lutte contre les discriminations touchant les LGBTQIA à Besançon (Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe et Asexuel)
Cette autorisation, c’est bien et il était temps !
Stéphanie Barbot, présidente de Nouvel Esprit
Pour Stéphanie Barbot : "C’était discriminant pour les gays. Si un homosexuel a un seul partenaire, est fidèle, il aurait du pouvoir donner son sang… Un homme avec un comportement à risques n'aurait jamais fait la démarche. Pour nous, cette levée d'interdiction, c'est une avancée considérable ! "
Plus aucune référence à l'orientation sexuelle pour donner son sang
À partir du 16 mars 2022, il n'y aura «plus aucune référence à l'orientation sexuelle », dans les questionnaires préalables au don du sang distribués par l’Établissement français du sang (EFS). "Toute personne arrivera comme un individu donneur", a précisé Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, lors d'un point presse en janvier dernier.
Dès le mercredi 16 mars, les hommes homosexuels sont autorisés à donner leur sang, et sans période préalable d’abstinence. Cette levée d’interdiction a été publiée au Journal Officiel le 13 janvier 2022. La décision a été prise dans le prolongement de la loi de bioéthique du 2 août 2021 qui stipule que cette possibilité de don de sang est accessible à tous, selon les mêmes critères.
De 1983 à 2016, le don du sang était interdit aux hommes homosexuels
La loi a changé en juillet 2016, leur permettant de donner leur sang, mais cette possibilité restait soumise à une période d'abstinence sexuelle d'abord fixée à un an, avant d'être ramenée en 2019 à quatre mois. Celle-ci devait être déclarée lors de l'entretien préalable. Elle disparaît désormais. Avant la France, de nombreux pays, comme l'Espagne, l'Italie, Israël et récemment l'Angleterre, ont déjà fait évoluer dans ce sens leurs conditions d'accès au don du sang.
Un questionnaire sur les traitements
Le donneur devra déclarer s'il prend un traitement pour la prophylaxie pré ou post-exposition au VIH, auquel cas le don sera reporté quatre mois plus tard. Le questionnaire permet également d'identifier des comportements à risque, incompatibles avec un don du sang (multipartenaires, consommation de drogues...), précise le ministère.
Chaque don de sang est vérifié
Tous les dons de sang effectués sont vérifiés par l'établissement français du sang. "Nous recherchons systématiquement : VIH, hépatite B, hépatite C, syphilis ..." précise l'EFS. Les anomalies sont communiquées au donneur.