Et vous, vos factures d'électricité ont-elles augmenté ces derniers mois ? Pour certains consommateurs, c'est le cas. Ils ont choisi d'acheter des kits pour produire de l'électricité solaire. Réduisent-ils la facture ? On vous donne quelques conseils.
Imaginez une petite seconde… Vous produisez votre propre électricité, pour pouvoir subvenir à presque tous les besoins de votre maison. Une énergie que vous consommez en temps réel, suffisante pour faire tourner vos appareils branchés en permanence. Ce que l'on appelle les consommations en « bruit de fond », comme par exemple le frigo, le congélateur ou encore votre box internet. Vous pouvez même revendre l’énergie inutilisée sous conditions, à l’Etat.
Des possibilités devenues une réalité avec les kits d’autoconsommation. Ils permettent de fabriquer de l’électricité, dès qu'il fait soleil. Ces ensembles sont vendus par des sociétés coopératives, à l’image de Solarcoop. Cette marque de la région Auvergne-Rhône-Alpes fait fabriquer les supports en bois de ses panneaux photovoltaïques à poser au sol, dans le Jura. Si cette technologie existe depuis un moment, la nouveauté se trouve cette fois dans le fait que l’on peut réaliser l'installation soi-même et non pas par un professionnel. On vous éclaire sur ces kits.
Comment fonctionnent ces kits d'autoconsommation ?
Ils se composent de panneaux solaires, qui permettent de capter la lumière du Soleil et de la transformer en électricité. Une visite sur le site de l’une de ces sociétés montre que l’on peut acheter un panneau, quatre voire davantage. Le kit contient aussi un compteur d’énergie, histoire de connaître la quantité d’électricité que l’on produit. Sans oublier évidemment un coffret AC, destiné à protéger l’installation et une prise. Pas de branchement de cette prise sur son tableau électrique sans fil adéquat, c’est pourquoi le fabricant inclut aussi un fil de raccordement long de 5 à 20 mètres.
Un panneau peut permettre de produire « 350 à 500 kilowatt-heure par an », indique par exemple le site de Solarcoop. Par comparaison, il suffit d’un kilowattheure pour éclairer une maison pendant un peu plus d’une journée, indique EDF. Le kit peut s’installer au choix sur le sol de son jardin, ou encore sur son toit. Le tout est d’avoir assez d’espace pour disposer tous les éléments. Attention toutefois à prendre quelques précautions d’usage. Même si l’installation est à la portée de tous, elle exige tout de même quelques connaissances en bricolage et deux formalités à accomplir.
« En dehors de la déclaration obligatoire auprès d’ENEDIS [NDLR : gestionnaire du réseau électrique en France] et celle en mairie, il n’y a rien d’autre à faire. Il faut en revanche prendre quelques précautions pour installer les panneaux sur le toit, et même pour une installation au sol. Il ne s’agirait pas d’avoir par exemple des câbles de branchement d’un mauvais diamètre où d’un disjoncteur non-adapté pour faire tourner le kit. En cas de doute, il ne faut donc pas hésiter à faire contrôler son installation par un électricien », détaille Bertrand Aucordonnier, ingénieur chargé des questions d’électricité renouvelable à l’ADEME Bourgogne-Franche-Comté.
C'est sur ce dernier point qu'insiste justement l'association de consommateurs UFC-Que Choisir. « S'il s'agit d'une installation sur un tableau électrique, ce n'est pas compliqué en soi. S'il n'est pas récent, il vaut mieux en revanche faire venir un électricien pour éviter tout risque. Ne serait-ce que pour les assurances, qui pourraient être réticentes s'il arrivait un problème », ajoute Benjamin Capelli, juriste de l'association en Franche-Comté.
Combien coûtent-ils ?
« Le prix est plutôt raisonnable : c’est accessible à partir de 700 à 1000 euros », indique le représentant régional de l’agence chargée de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Soit un prix plutôt bon marché, comparé à une installation traditionnelle de panneaux solaires. C’est une raison qui explique que la demande explose. « Il y a eu un engouement de plus en plus fort, depuis l’hiver dernier. La crise énergétique liée à la guerre en Ukraine a mis en avant ce dispositif », avance Bertrand Aucordonnier.
Ce constat est un peu plus nuancé pour l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir. « Les prix sont effectivement abordables et ces kits sont faciles à mettre en place, mais il faut compter une dizaine d'années pour les rentabiliser. Si les prix de l'électricité augmentent, on peut les rentabiliser plus rapidement. Pour optimiser la production d'électricité, il faut tenir compte de l'orientation et de l'inclinaison des panneaux mais aussi vérifier l'ensoleillement de la région. Ca peut se vérifier par exemple sur le site photovoltaique.info, qui indique les quantités d'énergie solaire produites par territoire, par an et par mois », précise Benjamin Capelli.
Un autre point mérite en outre l'attention des consommateurs, selon le juriste de l'association : « Les particuliers doivent se méfier des sociétés qui ne sont pas implantées localement : elles peuvent proposer ces kits à des prix anormalement élevés. Il faut particulièrement faire attention aux ventes sur les foires, car il est quasiment impossible de se rétracter. Être sur ses gardes aussi face au démarchage physique et au démarchage téléphonique, qui lui est pourtant déjà interdit ».
Quels avantages en tirer ?
À l'échelle de la Franche-Comté, il peut y avoir quelques retombées pour le consommateur. C'est ce que relève Benjamin Capelli, juriste à l'UFC-Que Choisir : « À Besançon, on peut économiser 70 euros par an sur sa facture. C'est à peu près le même ordre d'idée pour le reste de la Franche-Comté. On peut effectivement économiser si l'endroit est ensoleillé et le panneau bien orienté ».
C'est ce que constate en effet Jean-Pierre, 78 ans. Cet habitant de Colonne (Jura) a installé ses 3 panneaux solaires chez lui, dès les années 90. « Mon installation me permet de produire 1.200 kilowatt-heure/an. Cela représente une réduction de 100 euros sur ma facture, chaque année. Pour en arriver là, cela dépend bien sur de l'utilisation des appareils électriques. Ca veut dire par exemple qu'il faut accepter de programmer sa machine à laver pour fonctionner à une certaine heure, plus qu'une autre. Il faut savoir aussi que le rendement est plus fort entre les mois de mai et d'août ».
Pour l'ADEME Bourgogne-Franche-Comté, il peut s’agir d’une solution réellement avantageuse. « Tout dépend de l’usage que l’on veut en faire et de la consommation électrique. Une personne qui installe entre un et quatre panneaux et qui a des factures qui varient d'un mois sur l'autre peut économiser en étalant sur l’année de 10 à 30% de sa consommation. Autre cas de figure : une personne qui consomme peu en journée et en été, va gagner de 5 à 10% sur l’année. Reste enfin le cas où l’on ne consomme pas beaucoup et que l’on décale l’utilisation de certains appareils électriques : sur les 6 mois où il fait beau, on peut constater une réduction de la consommation de l’ordre de 60%. Et plutôt 40% en hiver », décrit Bertrand Aucordonnier.
Dans certains cas, si vous produisez un surplus d’électricité, il est même possible d’en revendre à l’Etat. Ce que détaille le représentant de l’ADEME en Bourgogne-Franche-Comté : « Le rachat se fait par l’Etat, via EDF. L’électricité non utilisée, que l’on produit donc à destination des autres, est rachetée à un tarif qui est fixé pour 20 ans. C’est toutefois une solution qui ne s’envisage que si l’on installe plus de dix panneaux solaires. Ce n’est pas la peine d’y penser s’il y en a moins de quatre chez soi. De 5 à 10, la question se pose au cas par cas ». « C'est ce qui est appelé revente totale, avec un prix de revente fixé à 0,17 euros/kwh. Ce n'est à envisager que pour les installations qui produisent plus de 6 kilowatt-heure », complète Jean-Pierre, le Jurassien convaincu par le solaire.
À l'heure actuelle, l'énergie issue du photovoltaïque reste minoritaire en France, mais il se développe progressivement. « 2 à 3% de l’énergie sont issus du solaire sur le territoire. Ce taux a même atteint les 20 à 25% pendant certains jours de cet été très chaud, alors que nous avons pourtant quatre fois moins de panneaux solaires qu’en Allemagne, par exemple », rappelle Bertrand Aucordonnier, de l'ADEME Bourgogne-Franche-Comté.