FC Sochaux. "La plus belle ambiance de ma vie" : après la victoire face à Reims, retour sur une soirée de folie à Bonal

Dimanche 21 janvier, le FCSM a sorti le Stade de Reims (L1) pour se qualifier en 8e de finale de Coupe de France, dans un stade Bonal en ébullition. Retour sur un après-midi d'anthologie.

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Un match "de dingues", vécu à 100 à l'heure par tout un peuple jaune et bleu. Dimanche 21 janvier 2024, le FCSM s'est qualifié pour les 8ᵉ de finale de Coupe de France en éliminant une nouvelle équipe de Ligue 1, le Stade de Reims, devant 18.754 spectateurs en fusion. Retour sur un après-midi exceptionnel où la plupart des supporters présents au stade ont connu, selon leur propre aveu, "la plus belle ambiance à Bonal" de leur existence. 

Cette atmosphère particulière, annonciatrice d'une rencontre exceptionnelle, s'est fait ressentir bien avant le coup d'envoi. Le nombre de tickets vendus pour ce 16ᵉ de finale de Coupe nationale était déjà un premier indice. Mercredi 17 janvier, quatre jours avant le match, le FCSM annonçait sur ses réseaux sociaux que plus de 13.500 places étaient déjà parties. Deux jours plus tard, c'est 16.400 supporters qui avaient acheté leur ticket, faisant déjà de ce futur 8ᵉ le record d'affluence à Bonal cette saison.

Un stade plein comme un œuf

Cela n'allait pas s'arrêter là. Le jour J, on apprend que 18.754 fidèles vont garnir les tribunes, toutes ouvertes pour l'occasion. Un stade plein comme un œuf, le parfum des grands soirs de retour à Montbéliard. Un engouement qui se vérifie deux heures avant le coup d'envoi.

À 15h30, dimanche 21 janvier, ils sont déjà des milliers à se presser aux abords de Bonal. "C'est fort, c'est beau" confie Léna, jeune supportrice, au micro de nos journalistes Émilien Diaz et Pauline Gardet. "Voir tout ce monde, après cet été difficile, ça fait vraiment du bien. Tout le monde vient pousser derrière l'équipe, donc on va tenir".

La boutique du stade, elle, est prise d'assaut, avec une queue s'étalant sur plusieurs mètres, chose rarement vue ces derniers mois. "Ça fait une heure qu'on attend, mais bizarrement, on est heureux" s'amuse un supporter, croisé avec un drapeau comtois sur le dos. "Je viens ici depuis mes quatre ans, emmené par mon père, lui-même amené à Bonal par mon grand-père quand il était gamin. On sent toute une région qui se rassemble, c'est incroyable".

Une région, certes, mais aussi tout un pays. Sylvie, la cinquantaine, est arrivée de Bourg-en-Bresse (Ain) avec toute sa famille et un maillot Sociochaux sur le dos. "C'est mon anniversaire" raconte-t-elle. "On est des supporters de toujours, on a tout fait pour sauver ce club historique cet été, donc on vient vibrer avec eux ce soir".

"Avoir un stade complet, c'est super pour cette jeune équipe. On les soutient à fond et on est sûr qu'ils vont continuer à faire briller ce club" ajoute la supportrice. "Venir à Bonal en famille, c'est super, on sent une vraie communion entre tout le monde. Le FCSM est un club du peuple, dans un monde du foot qui pense beaucoup par l'argent" s'enthousiasme-t-elle. "Cela perpétue une certaine idée du football populaire, celui qu'on aime."

16h30 : le début de la rencontre approche. Bonal se remplit petit à petit. Les premiers chants, lancés par la célèbre Tribune Nord Sochaux (TNS) et repris par tout le stade, retentissent dans l'enceinte jaune et bleu. Les minutes passent, les joueurs partent puis finissent leur échauffement sous les encouragements d'une foule déjà en feu. À l'heure du coup d'envoi, la TNS déploie un magnifique tifo, alors que les joueurs entrent dans l'arène dans une ambiance de folie.

Un public qui n'arrêtera pas d'encourager ses protégés tout au long des 90 minutes de la partie. Ils auraient pu perdre un peu de voix après l'ouverture précoce de Reims, il n'en a rien été. Au contraire, les vivas redoublaient d'intensité. Et ont peut-être joué dans la performance du FCSM, qui, dopé par les cris de ses supporters, égalisait par Michel, avant de prendre l'avantage sur un penalty d'Alex Daho juste avant la mi-temps.

Un soutien sans faille et nécessaire dans une deuxième période compliquée. Bousculés, dominés physiquement et techniquement pendant toute la seconde période, les joueurs d'Oswald Tanchot, arc-boutés en défense, formidables de courage et d'envie, ont pu puiser ce supplément d'âme dans des tribunes qui n'ont pas arrêté de chanter, malgré l'égalisation rémoise, et qui ont célébré comme une victoire la fin du temps réglementaire et la séance de tirs au but.

"On vient de nulle part"

Alors quand Mathieu Patouillet, gardien du FCSM, venait sortir l'ultime penalty de Reims, Bonal pouvait laisser éclater sa joie, ivre de bonheur. Des larmes, il y en a eu en tribunes, mais aussi sur les joues de l'entraîneur Oswald Tanchot, et du président sochalien Jean-Claude Plessis, homme clé du sauvetage du club. "Ce groupe est fou" exultait-il, la voix prise par l'émotion. "C'est une équipe de malade. Cette victoire, elle vaut la Coupe pour moi. On vient de nulle part, avec une équipe de gamins. Cet été, on ne savait même pas si on pourrait se maintenir en N1 et là, on va en huitièmes".

"Ce soir, j'ai 50 ans de moins !" a lancé le président du FC Sochaux. "C'est de l'amour ! Les gens sont là car ils aiment le club, ils aiment leur stade, ils aiment leur équipe. Et on leur donne beaucoup de bonheur alors qu'ils ont été si malheureux il y a quelques mois."

Ça me rappelle beaucoup de souvenirs. Mais celui là, c'est l'un des plus beaux, car ce n'était pas prévu du tout.

Jean-Claude Plessis, président du FC Sochaux

Constat partagé par Pierre Wantiez, bras droit du président et directeur général des Jaune et Bleu. "C'est juste dingue. Au mois d'août, on se disait : "si on pouvait survivre, ce serait fantastique". Et là, on élimine deux équipes de Ligue 1 en Coupe" hallucine-t-il. "On a parfois l'impression que rien ne peut nous arriver. Cette ambiance, on ne l'a jamais vu ici, même en Coupe d'Europe il y a des années. On savoure".

Comme un symbole, personne n'avait vraiment envie de quitter le stade, ce dimanche soir. Les supporters sont restés de longues minutes communier avec leurs héros, qui, après avoir fêté la qualification devant la tribune Sud, se sont lancés dans un tour d'honneur pas comme les autres. "C'était vraiment spécial" avoue le défenseur Arthur Vitelli. "Le stade était rempli, on voit les visages de gens heureux, qui nous applaudissent. Ça crée quelque chose en nous. Et quelle ambiance... Sur le terrain, on avait même du mal à se parler".

Ce sont des mecs qui ont faim, donnent tout sur le terrain, même face à une L1.

Dimitri Liénard, joueur du FCSM

La nouvelle recrue Dimitri Liénard, entrée en cours de jeu, n'en revenait pas. "Ça fait longtemps que je n'avais pas vu Bonal comme ça. Voir les secondes ouvertes, les gens sauter de partout, c'était exceptionnel" explique-t-il. "Bravo au public pour tout ce qu'il a fait depuis le début de la saison. On se devait de gagner ce soir pour lui rendre tout ce qu'il nous a donné. Grâce à eux, on était des morts de faim sur le terrain".

"Je félicite toutes les personnes qui gravitent autour du club : dirigeants, staff, supporters, joueurs. Mes coéquipiers, je m'entraîne avec eux tous les jours, et je peux vous dire qu'ils n'ont pas grand-chose à envier aux footballeurs avec qui j'ai pu jouer auparavant" ajoute Dimitri Liénard.

Des morts de faim qui auront sans doute encore de l'appétit pour la suite de l'aventure. Cela passera par un 8ᵉ de finale face à Rennes (L1), encore une fois à Bonal, et par la suite d'une saison de National pour l'instant bien négociée. Mais attendons un peu. Les prochaines échéances arrivent vite, alors soufflons un peu, et apprécions le chemin parcouru par cette équipe de "gamins", prête à renverser des montagnes. Sous les notes bien connues de "Freed from Desire", la soirée pouvait continuer. Et le peuple jaune et bleu, rêver un peu plus.

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