Le nouvel entraîneur Oswald Tanchot a répondu pour la première fois aux journalistes francs-comtois. Avec transparence et détermination, il s'est dit "très content" de commencer la saison, malgré un contexte extra-sportif particulièrement tendu. On vous raconte la conférence de presse de rentrée du FCSM.
"Ravis de vous retrouver, même si les circonstances sont un peu particulières". C'est par ces mots que Julien Cordonnier, responsable de la cellule de recrutement des professionnels, débute la conférence de presse de rentrée du FCSM, ce lundi 3 juin au stade Bonal, dans le Pays de Montbéliard. L'ambiance est effectivement quelque peu pesante, notamment au bord du terrain d'entraînement, et alors que l'effectif des Jaune et Bleu ne ressemble en rien à ce qu'il était il y a quelques semaines. 23 joueurs sont présents. Nombreux sont ceux à avoir plié bagage, d'un commun accord, sans rétribution financière pour le club. Le but ? Alléger rapidement la masse salariale. C'est le cas de Damien Le Tallec, Ibrahim Sissoko ou encore Sambou Yatabaré. Gaëtan Weissbeck et Yoël Armougom sont, eux aussi, en instance de départ.
Les supporters sont évidemment inquiets quant à l'avenir de leur club de coeur et le font savoir à nos journalistes présents sur place. "C'est franchement inquiétant. C'est un point d'interrogation sur l'ensemble de l'activité. On ne sait pas où l'on va... On espère que l'investisseur mettra l'argent", nous confie Jean-Luc, un fan de longue date. Il est rejoint par un autre supporter qui juge quant à lui la situation "alarmante" et espère que le président Frankie Yau interviendra "depuis la Chine".
À l'intérieur de la salle de presse, le nouvel homme fort du club prononce ces premiers mots face à la presse. Il apparaît plutôt confiant, malgré la situation extrêmement délicate dans laquelle se trouve son nouveau club, provisoirement relégué en National 1. La menace d'un dépôt de bilan plane sur le FCSM. La décision de la DNCG, gendarme financier du football français, concernant l'appel déposé par le club historique, est attendue dans les jours qui viennent.
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"Je suis tellement enthousiaste et content"
"Pour nous les techniciens, rien ne change. Je suis dans une préparation de cinq semaines. Ce qui change, c'est l'extra sportif et les éléments autour de l'équipe, débute Oswald Tanchot. Je n'arrive pas à être négatif, car je suis tellement enthousiaste et content de reprendre avec les joueurs que je suis très positif". Il se dit en lien étroit avec la direction : "On est en connexion tout le temps, c'est transparent".
Le projet qui m'avait été présenté était celui d'intégrer de jeunes joueurs. Ils sont beaucoup plus jeunes que prévu, mais c'était la feuille de route, et le cap qui m'avait été fixé.
Oswald Tanchot, entraîneur du FCSM
Quelles ont été ses impressions en arrivant dans le Pays de Montbéliard ? "Je mesure le poids et l'importance du club dans son écosystème, dans sa ville, même si je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer tous les supporters", ajoute l'homme originaire de Mayenne, qui n'a jamais été footballeur professionnel. Après avoir entraîné Le Havre AC entre 2016 et 2019, le presque quinquagénaire s'est assis sur le banc d'Amiens SC pendant une saison (2020-2021) puis est parti en Grèce quelques mois (2022), du côté du Volos FC, avant de revenir dans l'hexagone.
"J'ai senti des gens accueillants et je vois que le FCSM compte beaucoup pour les gens ici. Il y a une forme d'inquiétude et d'attente par rapport à la situation", explique-t-il. Il se dit en adéquation avec l'ADN du club concernant la formation des jeunes. Mais précise, calmement, et avec "lucidité" : "Je ne suis pas formateur, je suis entraîneur professionnel avec des objectifs d'être compétitif."
"On veut sauver le club"
"Pourquoi être venu au FCSM ?", demande un journaliste à l'entraîneur qui s'exprime clairement, avec beaucoup de calme et d'intelligence. "Le FC Sochaux, ça ne se refuse pas. Donc, il est évident que s'il y avait un intérêt pour moi, j'allais dire oui". La question se pose ensuite de savoir comment l'entraîneur se projette dans l'avenir et peut organiser une équipe, alors que l'effectif est particulièrement mouvant et instable. "La proportion de mouvement risque d'être importante, mais je ne me pose pas la question. Il faut faire le travail, je ne vois pas plus loin que la fin de la semaine. Je ne me projette pas beaucoup plus loin, car ce serait inutile, ce serait du temps de perdu", concède-t-il.
Avec des moyens limités, il a toujours fait du très bon travail. Il a aussi un côté revanchard et je pense que nous le sommes aussi. Il correspondait parfaitement au profil qu'on recherchait.
Julien Cordonnier, responsable de la cellule recrutement du FCSM
"On a la tête dans le guidon, on répond aux problèmes qui surviennent et on veut sauver le club, très clairement", répond à son tour Julien Cordonnier concernant les intentions du club doubiste en ce début de saison particulièrement inquiétant. Lui aussi affiche un esprit conquérant, et parle avec une certaine transparence et un franc-parler. "On n'est pas fous. On sait que partir en L2 avec une équipe de gamins ce serait suicidaire. Il faudra aussi qu'on se renforce avec des joueurs qui connaissent la L2, ce sera obligatoire de travailler en deux étapes", ajoute-t-il. "On veut sortir le maximum de gros contrats pour protéger les salariés et rester en Ligue 2 l'an prochain".
Dans quel état d'esprit sont les joueurs ? "Je n'ai pas senti un groupe meurtri ce matin", répond Oswald Tanchot. Valeur d'engagement, dépassement de soi, du respect du maillot et de l'histoire de ce club, sont les valeurs qu'il veut insuffler auprès de ses joueurs. Pour lui aussi, "il en va de la survie d'un club".
"Quand on va sortir de ça, et j'y crois, j'espère que ça va créer quelque chose dans l'environnement, dans l'équipe, et je suis convaincu que les supporters vont nous pousser et nous donner une force supplémentaire", dit le technicien.
Et si jamais le club descendait en National ? "Si le bateau dérive, je serai le dernier à sauter. Donc oui. Mais, je ne pense pas au National. Quand on prend le logo, on est là pour le meilleur et pour le pire", conclut-il.