Pour la 16e édition de cet événement festif à la Maison de la Réserve, située sur les hauteurs du lac de Remoray (Doubs), c'est l'emblématique gallinacé du massif du Jura, en danger d'extinction, qui sera sous les feux des projecteurs.
La dernière fois que vous avez peut-être entendu parler de lui, si vous n'êtes pas spécialiste du volatile réputé farouche, c'était en juin 2022. Le Conseil d'État avait alors interdit la chasse au grand tétras pour 5 ans. 7 associations avaient alors saisi la plus haute juridiction administrative pour tenter d'enrayer l'inexorable déclin de la population de ce gallinacé sauvage d'Europe présent uniquement, en France, dans les massifs des Vosges, du Jura et des Pyrénées.
Tetrao urogallus, de son nom latin, est aujourd'hui une espèce dont l'état de conservation au niveau national est très préoccupant. Il est en danger critique d'extinction au niveau régional. D'où l'intérêt d'informer le public sur cet animal qui défraie parfois la chronique, en raison de la menace qui pèse sur lui.
Dégradation importante de l'habitat après une décennie d'embellie
Entre 2000 et 2015, la population jurassienne de grands tétras a connu une période plutôt opportune, selon Alexandra Depraz, directrice du Groupe Tétras Jura : "La tempête de 1999 a impacté les forêts, mais a créé des ouvertures propices à la reproduction". Il en a été de même, et cela peut paraître paradoxal, pour la sécheresse de 2003 et les suivantes. "Ce sont des oiseaux qui ont des exigences, les poussins sont sensibles au froid et à la pluie." Deux épisodes très positifs donc, selon cette passionnée, constatés également ailleurs en Europe.
Le grand tétras ayant une espérance de vie d'une dizaine d'années, cette génération née sous de bons auspices est aujourd'hui disparue, et la population connaît de nouveau un tassement. De 750 individus adultes comptabilisés dans les années 1950, elle est aujourd'hui estimée à 250 adultes, "deux fois moins que ce qu'il faudrait pour avoir une population viable", alerte Alexandra Depraz. D'après la spécialiste, 2022 était une excellente année pour la reproduction. Espérons que les petits poussins d'alors ont aujourd'hui pris des forces.
Changement climatique et massifs anthropisés
Après le covid, non seulement la fréquentation des espaces naturels a augmenté, mais par ailleurs, de nouveaux usages sont apparus en forêt, selon Alexandra Depraz. C'est un "nouveau public qui redécouvre la nature sans en avoir les codes, qui ne s’informe pas nécessairement. On a fait un bond de vingt ans en arrière sur la préservation des zones naturelles." Résultat, on obtient des "massifs anthropisés où les oiseaux cumulent les facteurs qui peuvent amener à sa disparition à moyen terme."
De nombreux facteurs influencent l'évolution de l'habitat du grand tétras : le changement climatique, mais aussi l'évolution des peuplements forestiers, leur qualité. "Il y a des endroits où la gestion est exemplaire, d'autres non", déplore Alexandra Depraz. En effet, le coq de bruyère dépend des grands espaces, lui fournissant abris, nourriture et places de chant.
Immersion en réalité virtuelle, expositions didactiques
Cette fête du grand tétras sera donc l'occasion, pour le public, de mieux appréhender l'animal et de devenir incollable sur sa préservation. Ateliers créatifs, jeux pour les enfants, et des immersions en réalité virtuelle, pour le côtoyer au plus près... sans le déranger. Le grand sensible apprécie en effet le calme et la quiétude des bois.
Infos pratiques :
Dimanche 16 mai, de 10h à 18h, à Labergement-Sainte-Marie, 28 Rue de Mouthe
