Colliers effaroucheurs, lumières, caméras vidéo… face au loup, les éleveurs du massif du Jura tentent de se protéger

Plusieurs expérimentations sont en cours dans le Doubs et le Jura, où le loup attaque régulièrement les troupeaux de bovins. L’agence régionale de la biodiversité a déployé des moyens au service des éleveurs volontaires pour protéger leurs troupeaux.

Un collier rouge pour éloigner le loup

Dans l’alpage, on les devine à peine au loin. Des colliers rouges ont été fixés sur quelques-unes des génisses de Pierre-Henry Pagnier, agriculteur à Chaux-Neuve dans le Haut-Doubs. Ces colliers ultrasons émettent un signal lumineux lorsque le bovin se met à courir en cas de menace d’attaque. L’idée est d’effrayer le loup, pour qu’il s’éloigne.

Sur l’alpage de 8 hectares, paissent une vingtaine de bêtes. Cinq colliers ultrasons ont été posés. Des caméras ont également été installées. Ce dispositif est géré par Franck Muller, recruté par l’agence régionale de la biodiversité pour accompagner les éleveurs.

Tester du matériel de prévention et mieux connaître le comportement du loup

“Avec ces caméras, on a constaté qu’il y a bien présence de loups, que les colliers se déclenchent ponctuellement et que les génisses se déplacent beaucoup sur l’alpage” explique Franck Muller au micro de nos journalistes Isabelle Brunnarius et Guillaume Soudat. Des dispositifs expérimentaux  variables sont testés sur 10 exploitations du massif du Jura. Ici, des "fox light", des petites boites jaunes qui clignotent aléatoirement et simulent une présence sur l’alpage. Ailleurs, des clôtures de protection sont également testées. L’expérimentation va durer trois ans. Elle sera proposée aussi à des éleveurs en Bourgogne.

Pour cet éleveur du Haut-Doubs, dont les alpages sont situés dans des zones de pré-bois et à proximité de sentiers de randonnée, il était difficilement concevable de se doter de patou ou de clôtures. L'été 2023 s’est soldé sans aucune attaque. Mais il ne présage pas de la suite. Au moins 7 attaques ont eu lieu dans le val de Mouthe en 2023. Les risques de prédation sont toujours présents. “On sait que ces colliers, ce n’est pas LA solution. Mais c’est une piste à creuser, mais elle nécessitera des moyens d’innovation pour être réajustée, de manière plus performante” estime Pierre Henry-Pagnier. Car le loup peut très vite s’y habituer, et ne plus être effrayé par les dispositifs d’effarouchement. 

Trois meutes de loups, peut-être quatre sur le massif du Jura

Face au loup, chaque agriculteur appréhende l’avenir de façon différente. Sur le massif, certains estiment que les troupeaux ne sont pas protégeables, d’autres se sont équipés de chiens de protection. D’autres ont fait le choix de la surveillance nocturne par des bénévoles. “L’objectif, c’est de tendre vers le zéro attaque. Ce qu’on veut, c’est pouvoir exercer notre métier dans la sérénité” résume Pierre Henry-Pagnier. L’agriculteur de Chaux-Neuve sait que le loup, espèce protégée, ne quittera plus le massif du Jura. “Il y a trois ans, on n’avait pas de meutes installées. Là, on en a trois et des louveteaux ont été vus sur le massif de La Dole. Ce qui veut dire que dans quelques mois, on aura une nouvelle zone de présence permanente. Donc la dynamique d’installation est trop forte pour pouvoir faire coexister l’élevage et la présence de loups. Il faut donc des outils de prévention, mais il faut aussi en parallèle, une politique de limitation de la population de loups” affirme l’agriculteur qui siège une fois par mois au COPIL, comité de pilotage sur le loup, où sont également présents les chambres d’agricultures, l’office français de la biodiversité et plusieurs associations de défense de l'environnement et des prédateurs.

1.104 loups en France 

Selon l'Office français de la biodiversité, on recense actuellement 1 104 loups dans en France contre 906 les années précédentes. Le plan loup dévoilé le 18 septembre pour les années 2024-2029 prévoit de simplifier les tirs de défense. Le plan prévoit aussi une amplification de la recherche sur les moyens de protection des troupeaux. Budget prévu : 2,5 millions d’euros.

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