"Le silence mystique des forêts de sapins" : Polar Park, nouvelle série d'Arte, l'histoire d'un coup de coeur artistique pour le Haut-Doubs

Tournée dans le Haut-Doubs, la série Polar Park sera diffusée sur la plateforme d'Arte à partir du 25 octobre et sur la chaîne franco-allemande les 2 et 9 novembre. L'occasion pour son créateur, Gérald Hustache-Mathieu, de livrer les secrets de sa glaçante comédie noire.

Une comédie noire dans le froid du Haut-Doubs. Voilà un bref aperçu de Polar Park, série de six épisodes qui sera diffusée sur la plateforme Arte.tv à partir du 25 octobre et à la télévision les 2 et 9 novembre, mettant en scène une investigation aussi macabre que loufoque à Mouthe, commune doubiste reconnue comme étant la ville la plus froide de France (−36,7 degrés enregistrés en janvier 1968).

Pour mener l'enquête autour d'une série de meurtres spectaculaires, un romancier en panne d'inspiration, David Rousseau (Jean-Paul Rouve) fait équipe avec le lieutenant Louvetot (Guillaume Gouix), un gendarme dévoué à la tâche. Un panorama glaçant qui avait déjà été porté sur grand écran par Gérald Hustache-Mathieu en 2011, dans Poupoupidou. Douze ans plus tard, le réalisateur confie à France 3 Franche-Comté toute sa passion pour cette histoire singulière, à quelques kilomètres de la frontière suisse.

Comment définiriez-vous Polar Park, un thriller, une série policière ou une comédie noire ?

J’aime bien comédie noire ! Ça se rapproche du polar, mais l’expression traduit mieux l’équilibre entre les différents tons de la série. Certes, il y a une intrigue policière assumée avec des meurtres aussi beaux qu’effrayants, mais il y a évidemment un ton décalé allant du burlesque au second degré. Le mélange de genres rend toujours les choses plus originales.

Vous avez donc eu de nombreuses sources d'inspiration ?

J’ai un goût très éclectique et cela correspond à la vie. Le cinéma de genre a découpé la vie en tranches pour donner des repères, alors qu'au fond, la vie est un mélange de genres. Même si mes films paraissent loin de la réalité, je trouve qu’ils disent quelque chose de plus vrai que le réel.

Pour en revenir concrètement aux références, on peut voir dans Polar Park des références au Fargo des frères Coen mais aussi à des films de Claude Chabrol, des adaptations de Stephen King, ou même du Fellini ou du Almodovar. La fiction fait tout autant partie de ma vie que mon autobiographie. Donc les œuvres de fiction se retrouvent naturellement dans mes films. J'aimerais bien que les jeunes téléspectateurs remarquent ces influences, s’y intéressent et se disent "Tiens, je vais aller voir Fargo ou Twin Peaks".

D’où vous est venue l’idée d’une intrigue se déroulant à Mouthe ?

C'est un reportage que j'avais vu dans les années 1990 et ce que je ne m'explique pas bien, c’est que l’expression "village le plus froid de France" prête à sourire. Ce n’est pas comme dire le village le plus pluvieux ou le plus aride. Il y a dans cette idée de la petite Sibérie quelque chose de cocasse.

Pour construire ma vision de Mouthe, on a tourné à Chaux-Neuve, aux Fourgs, à Morteau… Ces communes ont en commun d’être collées à la frontière suisse et de correspondre à la chaîne du Jura, avec son paysage montagneux et ses sapins qu’il n’y a pas dix kilomètres plus loin.

Cette petite bande a donc créé un endroit dans lequel je trouve l’atmosphère singulière. Quand j'ai cherché des décors, je n’arrivais jamais à m'éloigner de cet endroit parce qu'il est caractéristique d'un mélange d'un froid sibérien, scandinave ou islandais. J'adore aussi l'idée d'un espace vide, car dans les paysages nus, on retrouve l'idée de la scène de théâtre, où il y a la terre, le ciel et les personnages.

Quand je fais des images, c'est une forme de poésie et ça marche d’autant plus dans ces paysages de froid et de neige. Artistiquement parlant, le noir et le blanc m’offrent alors une forme d'esthétique déjà prête au tournage.

En 2011, vous réalisiez Poupoupidou avec le même duo d’acteurs, une enquête et la ville de Mouthe. Vous pensiez alors déjà à Polar Park ?

Après avoir vu ce fameux reportage dans les années 1990, je me suis imaginé faire un polar à Mouthe. Quand j’étais allé sur place, l’ambiance sourde et le silence mystique des forêts de sapins m’avaient tout de suite saisi. J’avais tout de suite envie d’en faire une série, mais le problème, c'est qu’à l’époque, seuls les Américains pouvaient faire Twin Peaks quand on se contentait d'unitaires policiers en France. C’est finalement Jean-Paul Rouve sur le tournage du film en 2010 qui m’a convaincu de transposer Poupoupidou en série. J’ai alors pensé à Seven de David Fincher et donc à un serial killer, ce qui appelle à plusieurs meurtres, donc plusieurs épisodes. J’aime bien creuser au même endroit, car ça m’oblige bizarrement à me renouveler sans cesse.

L’autre déclencheur, c’est que la singularité de mes films et de mes projets s’est confrontée à une période moins florissante du cinéma au niveau des moyens investis. Pour se rassurer, les producteurs ont privilégié les têtes d’affiche ou les films de genre bien marqués, et surtout pas mes mélanges où le spectateur est dérouté. En revanche, je savais qu’il y avait une prime à l'originalité en série au vu de la grande production actuelle. Ça ne m’a pas empêché de faire Polar Park avec l’exigence d’un film de cinéma. Même si c’était plus difficile en termes de temps et d'argent, j’ai pu profiter à fond du "cliffhanger" caractéristique de la série. Je trouve aussi que ce format nous permet de nous inviter dans le salon des gens et d’avoir un rapport plus intime avec eux. C’est vraiment un art jubilatoire et qui s’adresse à tous les publics, de 9 à 99 ans (rires).

Comment avez-vous constitué votre casting ?

J’ai vite pensé à Jean-Paul Rouve quand je cherchais qui pouvait jouer David Rousseau à l'époque du film. Je n’imaginais pas alors à quel point c'était un génie de tous les humours. Et puis il a une faille et fragilité qui le rendent aussi grand que Michel Serrault.

Guillaume Gouix c’est pareil car juste en voyant deux photos de lui, j’ai toute de suite vu mon Louvetot, avec d’un côté sa gravité cartésienne et de l’autre sa sensibilité. Il y a toujours une forme de magie quand je rencontre mes comédiens et mes techniciens. J'ai l'impression petit à petit de constituer ma petite troupe qui se marre à l’avance de voir ce que je leur prépare.

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