Alors que la proposition de loi relative à la sécurité globale prévoit d'autoriser les policiers et les gendarmes à porter leurs armes hors service, les salles de concert, de spectacle et les festivals alertent: "aucune arme" n'a sa place dans les établissements culturels selon eux.
"On ne peut pas laisser passer. Que des personnes se trimballent avec des armes à feu dans des événements festifs, ça nous paraît très dangereux".
Sébastien Piganiol, le directeur du festival de la Paille de Métabief dans le Haut-Doubs, est comme beaucoup de ses collègues: très remontés contre la proposition de loi relative à la sécurité globale, qui dans son article 25 autorise qu' "un fonctionnaire de la police nationale ou un militaire de la gendarmerie nationale porte son arme hors service", y compris dans les ERP, les établissements recevant du public.
La présence d’armes au sein d’ERP et donc de lieux culturels serait facilitée voire banalisée, et nous y voyons un grave danger.
Dans un communiqué conjoint, dix syndicats et fédérations d'acteurs culturels estiment qu’ "introduire des armes dans un espace festif est extrêmement dangereux. Une arme qui serait mise à découvert par inadvertance pourrait avoir des conséquences dramatiques."
"Nos équipes et nos agents de sécurité privés ne sont absolument pas en mesure de contrôler la validité d’une carte de police, possiblement falsifiable. Rien de plus simple, dès lors, pour qui souhaiterait commettre une tuerie de masse", alertent également les organisateurs de concert, qui depuis plusieurs années ont considérablement étoffé le volet sécuritaire de leurs événements.
"A la Paille, depuis 2018, il y a l'Opération sentinelle, rappelle ainsi Sébastien Piganiol. Les militaires sont armés, mais ils restent à l’extérieur. Ils ne rentrent jamais à l’intérieur du site."
"12.000 personnes, quand ça saute, ça se bouscule… Si une arme tombe à terre, vous voyez comment ça peut se passer ? craint le directeur de la Paille. Vraiment, c’est un article qu’on ne peut accepter".
Adoptée le 24 novembre 2020 par l'Assemblée nationale, la proposition de loi relative à la sécurité globale doit être discutée au Sénat en séance publique du 16 au 18 mars 2021.