Prix de l'énergie : comment les déchets ménagers sont devenus stratégiques pour le chauffage urbain

À Pontarlier dans le Doubs, des travaux d’extension et de renouvellement du réseau de chaleur sont en cours. Générée par l’incinération des déchets ménagers des habitants du Haut-Doubs, l'eau chaude parcourt un réseau passé de 7 à 20km depuis 1989 qui fournit aujourd'hui de nombreux bâtiments. Compétitif, le coût de la chaleur ainsi produite a même convaincu une copropriété de renoncer à sa chaudière au bois.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ils ont sauté le pas avant même le début de la crise énergétique que nous connaissons en cet été 2022. Les habitants d’une copropriété de Pontarlier (Doubs) ont décidé de renoncer à leur chaudière à granulés de bois il y a un an pour une autre énergie locale : le réseau de chaleur, une énergie produite par l’établissement public Préval Haut-Doubs, chargé du traitement et de la valorisation des déchets du Haut-Doubs depuis 1989.

En cause, le coût de la chaudière et de sa maintenance, selon Jean-Luc Felice, gestionnaire de la copropriété : « On faisait 8 500 euros de dépense de chauffage pour cet immeuble, aujourd’hui je pense qu’on va être à 10 000 euros avec Préval, moins 3 000 d’entretien, donc on est déjà bien gagnants. » Le chauffage et l’eau chaude sanitaire des 24 appartements sont ainsi assurés par le réseau de chaleur de la ville. L’eau bouillante arrive par tuyaux au sous-sol de la copropriété, qui n’a plus à assumer de maintenance puisqu’une seule  chaudière » alimente la ville, elle est située au Valopôle à l’est de Pontarlier. On la remarque depuis la RN 57 par sa cheminée rouge et blanche.

5 bâtiments publics reliés au réseau dans le centre-ville de Pontarlier

La chaleur est produite par l’incinération des déchets ménagers collectés à Pontarlier et dans 7 communautés de communes, puis injectée dans un réseau de chaleur urbain (RCU), qui a vu le jour en 1989 et représente aujourd’hui 20km de canalisations sur la commune pontissalienne.

Le réseau, en extension depuis 2015, a franchi un cap important puisqu’il est désormais entré au centre-ville de Pontarlier, une opération qui n’est pas passée inaperçue pour les habitants cet été. Les travaux, qui se poursuivent tout le mois de septembre, visent à raccorder de nouveaux bâtiments, ainsi qu’à sécuriser les canalisations existantes contre les fuites.

Le fait de pouvoir avoir une énergie locale, dite de récupération, qui ne subit pas les pressions extérieures, c’est important.

Claude Gindre, Président de Préval Haut-Doubs

5 bâtiments publics, ainsi que la piscine municipale, vont ainsi être très prochainement alimentés par le RCU : la mairie, le théâtre, le musée, la médiathèque et la sous-préfecture. Auparavant chauffés au gaz, ces lieux pourront donc s’affranchir des énergies fossiles, une volonté affichée de la municipalité et de Préval : « Le fait de pouvoir avoir une énergie locale, dite de récupération, qui ne subit pas les pressions extérieures, c’est important, estime Claude Gindre, président de l’établissement public. Nos déchets nous sont propres, donc jamais personne ne viendra nous empêcher de les collecter, et puis ne pas être dépendant d'une énergie fossile, aujourd’hui l’actualité nous montre que c’est important aussi. »

37 000 tonnes incinérées chaque année

Sur le territoire couvert par Préval Haut-Doubs, les 142 800 habitants produisent en moyenne chacun 598 kg par an, ce qui inclut les déchets déposés en bac de recyclage, les déchetteries, les textiles ou encore le verre. 40% de ces déchets sont ainsi brûlés à l’Unité de Valorisation Energétique, exploitée par Suez depuis 1989. 92% de la chaleur produite est issue de l’incinération des déchets, le gaz permettant d’assurer la production des 8% restants. L’eau, portée à 109 °C, est injectée dans le réseau de chaleur urbain, puis distribuée à 75 points de livraison.

À l’heure actuelle, la production d’eau chaude étant supérieure aux besoins, Préval Haut-Doubs entend poursuivre le développement du réseau, pour atteindre une centaine d’abonnés en 2030. Autre investissement prévu, la modernisation des filtres des cheminées de l’incinérateur, impératifs pour contenir la toxicité des fumées, nocives pour la santé et l’environnement.

Le traitement des déchets, un enjeu capital

Selon les statistiques de l’Ademe, en 2018, les ménages français produisaient 580 kg de déchets par habitant et par an, soit environ 11% des 342 millions de tonnes produites à l’échelle nationale. Si la majorité est issue de la construction (70%) ou des entreprises (18,5%), les déchets ménagers demeurent un volume important de recyclage et de traitement.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information