La Bourgogne-Franche-Comté subit une sécheresse hivernale. Le débit des rivières est bas pour un mois de février. Pour l’instant, le niveau des nappes phréatiques dans notre région est encore normal mais il faudra un printemps pluvieux pour assurer nos ressources en eau.
Faut-il s’inquiéter du faible niveau d’eau dans les rivières ? « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’instant mais il faudra de la pluie au printemps sinon cela deviendra inquiétant » résume Erwan Le Barbu, hydrogéologue à la DREAL (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), le service de l’Etat chargé en autre de la surveillance de la ressource en eau.
Pas de record mais il faut être vigilant
Les spécialistes ont l’habitude de se référer à des points particuliers d’observation pour estimer si la situation devient critique.
Prenons trois sites emblématiques. La Saône à la station Lechatelet située au Sud de Dijon. Actuellement, à la mi-février, son débit est de 70 m3/s soit beaucoup moins que ce que l’on peut attendre de cette rivière en hiver. D’après les observations de Erwann Le Barbu, un débit normal pour cette saison est d’environ 120 m3/s.
Pour le Doubs, les promeneurs du centre-ville de Besançon ont pu observer le niveau assez bas de la rivière. Son débit est actuellement de 40m3/s. A cet endroit, la valeur médiane est plutôt de 46 m3/s. L’écart n’est pas phénoménal mais mérite une certaine vigilance.
Enfin, si l’on observe les données de Ville-du-Pont pour le Doubs au défilé d’Entre-Roches, c’est déjà plus spectaculaire mais c’est un phénomène qui s’explique.
A cet endroit, les eaux s’infiltrent dans le sous-sol calcaire pour aller alimenter une autre rivière, la Loue. Depuis plusieurs années, ce secteur est régulièrement à sec. Sur le schéma publié par la DREAL, on voit bien que le débit du Doubs, à cet endroit et à partir du 11 février, est inférieur au débit moyen qui indique un état de sécheresse. Nous sommes bien en train de vivre une sécheresse hivernale
Pas de pluie d’ici la fin du mois
C’est l’absence de précipitations suffisantes depuis le début de l’année qui nous permet de dire qu’il y a une sécheresse. Ilyes Ghouil, le créateur du site Météo Franc-comtoise, rappelle que cela fait 26 jours qu'il n'a pas plu. Et, les précipitations ne sont pas attendues avant la fin du mois.
Ce soleil qui réjouit tant les vacanciers devra s’effacer pour laisser place à des journées de pluie si on ne veut pas se retrouver avec des situations critiques comme des approvisionnements de communes du Haut-Doubs par des citernes.
Des nappes de taille modeste
En France, le BRGM (Le Bureau de recherches géologiques et minières) estimait qu’en janvier 2023, « la recharge des nappes phréatiques reste peu intense. Plus des trois-quarts des nappes demeurent sous les normales mensuelles. Les niveaux sont nettement inférieurs à ceux de décembre 2021 ».
La particularité de la Bourgogne-Franche-Comté est de « vivre avec les pluies de l’année » explique Erwan Le Barbu. « Il faut qu’il pleuve régulièrement pour que les nappes se rechargent ». Dans notre région, les nappes sont de taille modeste, « elles sont actuellement à des niveaux à peine inférieurs à la normale ». Qui dit taille modeste, dit peu de stock d’où le besoin de pluie régulièrement.
Il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir pour l’instant selon le spécialiste de la DREAL mais, c’est sûr, il faudra un printemps pluvieux pour passer un été serein.